Dans les nouvelles du jour, UBS a accepté de racheter son rival Credit Suisse pour 3 milliards de francs suisses (3,2 milliards de dollars) le dimanche 19 mars, les régulateurs suisses jouant un rôle clé dans l’opération en cherchant à endiguer la contagion qui menace le système bancaire mondial. Les valeurs bancaires ont toutefois chuté ce lundi, après que le soulagement initial suscité par le sauvetage historique par le gouvernement ait cédé la place à de nouvelles inquiétudes concernant les risques de la dette à haut rendement émise par les grandes banques. Le sentiment est à la nervosité et à la prudence, les investisseurs surveillant de près l’évolution de la situation bancaire mondiale. Les marchés restent toutefois sous pression.

Sauvetage du Credit Suisse : ce que vous devez savoir

Dans le cadre d’un accord conclu avec les autorités de régulation suisses, le groupe UBS paiera 3 milliards de francs suisses (3,23 milliards d’euros) pour le Credit Suisse Group et assumera jusqu’à 5,4 milliards de dollars de pertes.

Avec l’acquisition de Credit Suisse par UBS, une solution a été trouvée pour assurer la stabilité financière et protéger l’économie suisse dans cette situation exceptionnelle“, peut-on lire dans un communiqué de la Banque nationale suisse, qui précise que la banque centrale a collaboré avec le gouvernement suisse et l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers pour mener à bien la fusion des deux plus grandes banques du pays. Selon les termes de l’accord, les actionnaires du Credit Suisse recevront 1 action UBS pour 22,48 actions Credit Suisse détenues.

Cette acquisition est intéressante pour les actionnaires d’UBS mais, soyons clairs, pour le Credit Suisse, il s’agit d’un sauvetage d’urgence. Nous avons structuré une transaction qui préservera la valeur laissée dans l’entreprise en limitant notre exposition à la baisse“, a déclaré Colm Kelleher, président du conseil d’administration d’UBS, dans une note rapportée par CNBC.

La Banque nationale suisse a promis un prêt pouvant atteindre 100 milliards de francs suisses (108 milliards de dollars) pour soutenir le rachat. Le gouvernement suisse a également accordé une garantie pour assumer des pertes allant jusqu’à 9 milliards de francs suisses sur certains actifs dépassant un seuil prédéterminé “afin de réduire tout risque pour UBS”, selon une déclaration séparée du gouvernement.

L’accord avec UBS a été conclu avant la réouverture des marchés lundi, après que les actions de Credit Suisse ont enregistré leur pire chute hebdomadaire depuis le début de la pandémie. Les pertes ont été enregistrées malgré un nouveau prêt de 50 milliards de francs suisses accordé la semaine dernière par la banque centrale suisse pour tenter d’enrayer la chute et de rétablir la confiance dans la banque.

17 milliards de dollars d’obligations anéantis : les marchés s’effondrent

Alors que ces développements semblaient renforcer la confiance des investisseurs dans les premiers échanges asiatiques, le beau temps s’est rapidement estompé lorsque l’attention s’est portée sur l’impact massif que certains détenteurs d’obligations du Crédit Suisse allaient subir dans le cadre du rachat de l’UBS. Dans le cadre de l’accord, le régulateur suisse a décidé que les obligations supplémentaires de niveau 1 (ou obligations AT1) de Credit Suisse, d’une valeur notionnelle de 17 milliards de dollars, seraient évaluées à zéro, frappant ainsi certains des détenteurs de dettes qui pensaient être mieux protégés dans le cadre de l’accord de reprise annoncé dimanche.

Les inquiétudes concernant les conséquences pour les détenteurs d’obligations AT1 émises par d’autres banques se sont ajoutées à l’anxiété persistante concernant un certain nombre d’autres risques, notamment la contagion, la fragilité des banques régionales américaines et l’aléa moral. Ces gestionnaires de fonds devraient être éliminés, ce qui pourrait entraîner le marché du financement bancaire, d’une valeur de 275 milliards de dollars, dans une spirale infernale, tout en menaçant les responsables politiques européens en mode crise d’un retour de bâton.

Les actions de HSBC ont chuté de 7,1 % à Hong Kong, celles de Standard Chartered de 7,7 % et celles de Bank of East Asia de 4 %. Certaines obligations bancaires destinées à absorber les pertes en cas de faillite d’une banque ont fortement chuté. “Il doit être clair qu’après plus d’une semaine de panique bancaire et deux interventions organisées par les autorités, ce problème ne disparaît pas. Au contraire, il s’est mondialisé“, a déclaré Mike O’Rourke, stratège en chef du marché chez Jones Trading.