
Une remontée sans fin
Les prix du métal jaune ont augmenté de près de 40 % cette année, après un bond de 27 % en 2024, soutenus par un dollar faible (l’indice de la devise américaine est proche de son plus bas niveau depuis cinq mois), par les achats massifs des banques centrales, par une politique monétaire accommodante, par l’incertitude géopolitique mondiale et par les craintes concernant l’impact des droits de douane imposés par le président américain Donald Trump sur l’économie mondiale.
Dans ce contexte, la volatilité à un mois de l’or a augmenté ces dernières semaines, entraînant une hausse des primes sur les options.
« Des prix plus élevés pour les options ne signifient pas que la dynamique va se poursuivre », a déclaré Ahmad Assiri, expert chez Pepperstone.
Toutefois, si la reprise dépassait les attentes des opérateurs sur les options, ceux-ci seraient contraints d’acheter l’actif sous-jacent, ce qui soutiendrait davantage le lingot, a-t-il ajouté.
« Les optimistes ont été galvanisés par les anticipations du marché concernant les baisses de taux de la Fed, propulsant l’or vers de nouveaux sommets historiques. La faiblesse du dollar et les achats des banques centrales ont également ouvert la voie à un objectif de 3 600 dollars », a prédit Han Tan, analyste chez Nemo.money.
Les marchés monétaires ont déjà anticipé une baisse du coût de l’argent de 25 points de base lors de la prochaine réunion de la Fed les 16 et 17 septembre, tandis que les probabilités d’une réduction plus importante de 50 points de base ont atteint près de 12 %, selon l’outil FedWatch du CME. Dans le même temps, certains traders n’excluent pas une nouvelle baisse des taux d’ici la fin de l’année.
Cela fait suite aux données publiées vendredi 5 septembre, qui ont montré un net ralentissement de la croissance de l’emploi aux États-Unis en août. Les investisseurs attendent désormais les données sur les prix à la production aux États-Unis ce mercredi 10 septembre et celles sur les prix à la consommation jeudi, pour obtenir de nouveaux indices sur les baisses de taux.
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La demande d’investissement dépasse celle des bijoux
Dans le même temps, note Gabriel Debach, analyste de marché chez eToro, la production minière est limitée, stable et inélastique au prix. C’est pourquoi les cycles de l’or ne se terminent pas par une nouvelle offre qui inonde le marché, mais seulement lorsque la conviction des acheteurs s’affaiblit. « Et c’est précisément cette conviction qui est déterminante : la perception du risque et de la crédibilité des politiques monétaires, plus que les gisements, détermine la part de la richesse mondiale qui est transférée vers le métal jaune », précise M. Debach.
Au cours des deux premiers trimestres de 2025, la demande d’investissement a atteint 43 % du total, dépassant celle des bijoux, qui a chuté à 33 %. « Mais le chiffre le plus éloquent provient des réserves officielles : après avoir dépassé l’euro, l’or a également dépassé les bons du Trésor américain. Aujourd’hui, il pèse plus lourd que les titres d’État américains dans les bilans des banques centrales. Un dépassement qui vaut mieux que mille mots : la radiographie de la nouvelle géographie de la confiance », explique Debach, de plus en plus convaincu que les matières premières sont devenues un « levier politique ».
La Chine contrôle plus de 90 % du raffinage des terres rares, les États-Unis s’apprêtent à fournir plus d’un tiers du gaz naturel liquéfié mondial d’ici 2030, tandis que l’OPEP+ redevient l’arbitre du pétrole.
« Ce n’est plus l’offre ou la demande au sens classique qui détermine les prix, mais le contrôle des chaînes d’approvisionnement stratégiques. Dans ce contexte, croire que le potentiel de gain est terminé simplement parce que les prix ont déjà augmenté revient à se focaliser sur le détail au détriment de la situation globale », conclut M. Debach.