
Il y a moins d’un mois, après la fin impitoyable du gouvernement Bayrou, qui a été destitué par l’Assemblée nationale française, Sébastien Lecornu a été nommé Premier ministre du pays par le président français Emmanuel Macron, dans le but de former un gouvernement capable avant tout d’adopter la loi de finances pour 2026. Sébastien Lecornu n’a manifestement pas supporté la tension politique qui continue de monter dans son pays, au point de décider de jeter l’éponge avant même de commencer à diriger une France de plus en plus en déroute.
Ainsi, comme l’indique un communiqué de l’Élysée, aujourd’hui, ce lundi 6 octobre 2025, M. Lecornu a présenté sa démission au président français Emmanuel Macron, qui l’a acceptée. Son départ soudain ébranle encore davantage le pouvoir de Macron, dont l’héritage politique compte pour l’instant trois gouvernements minoritaires, c’est-à-dire trois gouvernements nés déjà morts, assiégés par l’extrême droite de Marine Le Pen et l’extrême gauche de Jean Luc Mélenchon, et tous trois ayant échoué.
Une démission qui intervient moins de 24h après la présentation du gouvernement
Comme le rapporte l’agence France Presse, nommé le 9 septembre, Sébastien Lecornu a été attaqué ces dernières heures par ses opposants et par la droite après avoir présenté dimanche soir une partie de son gouvernement, et en vue de la déclaration de politique générale à l’Assemblée, initialement prévue pour demain, mardi 7 octobre.
« Les conditions n’étaient plus remplies pour que je puisse exercer mes fonctions et permettre au gouvernement d’aller devant l’Assemblée nationale demain. Pour trois raisons. La première, c’est que ces formations politiques ont fait mine, parfois, de ne pas voir le changement, la rupture profonde, de ne pas se servir de l’article 49.3. Il n’y avait plus de prétexte pour que les parlementaires refusent de faire leur métier », a regretté Sébastien Lecornu.
Les ventes sur les OAT se déclenchent immédiatement
Les ventes sur les OAT, c’est-à-dire les titres d’État français, sont inévitables, les rendements à dix ans progressant de 6 points de base immédiatement après l’annonce, pour atteindre 3,57 %.
Les désinvestissements touchent également les autres obligations de la zone euro, celles des BTP augmentant de 3 points de base, à 3,54 %, un niveau toutefois inférieur à celui des rendements français, ce qui confirme que le spread Italie-France à 10 ans, c’est-à-dire le spread BTP-OAT, est négatif : un phénomène qui s’est déjà produit à plusieurs reprises après sa disparition historique, survenue immédiatement après la chute du gouvernement Bayrou.
Le différentiel montre clairement que, pour la communauté des investisseurs, les OAT sont plus risquées que les BTP. Les rendements des Bunds allemands restent pour l’instant stables, à 2,70 %. En revanche, les rendements de l’Espagne (3,25 %), des Pays-Bas (2,86 %), du Portugal (3,10 %) et de la Grèce (3,38 %) sont en hausse.
Les OAT prennent un risque important, alors que plusieurs investisseurs du monde entier ont déjà décidé de se distancier des actifs français, en particulier des titres d’État, craignant l’incapacité de tout gouvernement à assainir les comptes publics du pays, confronté à un ratio déficit/PIB (données 2024) de 5,8 % et à une dette/PIB qui, toujours l’année dernière, s’élevait à 113 %.
Il convient également de rappeler que, ces dernières semaines, en pleine saison des notations, Fitch a annoncé la dégradation de la note des obligations OAT, tandis que l’autre agence de notation Scope Ratings a lancé un avertissement clair. Ce qui choque tout le monde, c’est la décision de M. Lecornu de démissionner moins de 24 heures après l’annonce de la formation de son gouvernement.
Hier soir, dimanche 4 octobre 2025, la nouvelle de la formation de son exécutif est en effet arrivée de Paris, sanctionnée par la nomination par le président français Emmanuel Macron de 18 ministres, dont 12 qui faisaient partie de l’équipe de François Bayrou. Parmi les nouveautés, on note la nomination d’un autre fidèle de Macron, Roland Lescure, au ministère de l’Économie, et le retour de Bruno Le Maire au ministère des Armées.