La semaine qui vient de s’écouler a laissé quelques traces pertinentes sur le chemin encore cahoteux de la reprise, parmi les risques potentiels et les obstacles réels à la tentative de reprise après la pandémie et malgré les guerres et les tensions géopolitiques en cours. En cinq points, quelle est l’orientation de l’économie mondiale pour 2024 ?

1. Les banques centrales

Les principales banques centrales du monde ne doivent pas baisser la garde dans la lutte contre l’inflation, car il est trop tôt pour dire si les fortes hausses des taux d’intérêt ont permis de contenir les pressions sur les prix, a déclaré l’OCDE.

Tout en reconnaissant que l’inflation globale diminuera plus rapidement dans la plupart des économies qu’on ne l’avait estimé précédemment, l’organisation a mis en garde contre les menaces qui subsistent et qui peuvent faire grimper les prix. C’est précisément le grand dilemme auquel sont actuellement confrontées les banques centrales : commencer à réduire les taux pour soutenir un peu plus la faible reprise ou faire preuve de prudence face à une inflation qui n’a pas encore atteint les 2 % ?  La question reste en suspens alors que les tensions géopolitiques suscitent des alarmes inflationnistes.

La banque centrale australienne a laissé les taux d’intérêt à leur plus haut niveau depuis 12 ans et a indiqué qu’un nouveau resserrement restait possible. L’Inde a maintenu ses taux stables, tout en menant une politique agressive. La Thaïlande, l’Islande, la Serbie, l’Ouganda, la Pologne et le Mexique ont également laissé leurs taux inchangés.

Le Kenya a augmenté ses taux plus que prévu et le Nigeria a augmenté les taux d’intérêt sur la dette à court terme. La République tchèque et le Pérou ont réduit leurs taux.

2. Le chaos en mer Rouge

Les principales compagnies maritimes avertissent que la situation sécuritaire en mer Rouge continue de se détériorer, malgré les efforts occidentaux pour limiter les attaques des rebelles houthis du Yémen. La perception du risque par les compagnies maritimes est importante car c’est elle qui déterminera le retour des navires dans la région. Tous les armateurs ont déclaré qu’ils continueraient à redéployer leurs navires jusqu’à ce qu’il soit possible de naviguer en toute sécurité en mer Rouge.

3. Déflation en Chine

Les prix à la consommation en Chine ont baissé de 0,8 % le mois dernier, soit le niveau le plus élevé depuis la crise financière mondiale, ce qui met la pression sur le gouvernement pour qu’il intensifie son soutien à une reprise économique chancelante qui ébranle les marchés. L’indice des prix à la production a baissé de 2,5 %, marquant 16 mois consécutifs de déflation des coûts de production.

4. L’économie américaine

Selon de nouvelles données publiées vendredi, l’inflation américaine à la fin de l’année dernière était à peu près la même que celle initialement annoncée, après incorporation des révisions annuelles. Cette révision sans surprise soulagera les responsables de la Réserve fédérale, qui cherchent des preuves supplémentaires que les pressions sur les prix diminuent sensiblement avant de commencer à réduire les taux d’intérêt.

L’année dernière, le déficit commercial des États-Unis s’est réduit pour la première fois depuis 2009, la valeur des biens importés ayant diminué et l’excédent des services ayant augmenté. Le déficit commercial du pays avec la Chine a chuté de 27 % l’année dernière, pour atteindre 279,4 milliards de dollars non ajustés, soit le plus faible niveau depuis 2010.

Les ménages américains se sont davantage endettés à la fin de l’année dernière, et certains de ces prêts sont de plus en plus souvent en défaut de paiement, selon les données de la Banque fédérale de réserve de New York. Bien que les taux de défaillance globaux aux États-Unis restent inférieurs aux niveaux d’avant la crise, ceux des cartes de crédit et des prêts automobiles sont désormais plus élevés.

5. L’Allemagne et l’Europe en crise profonde

La production industrielle allemande a poursuivi sa chute pour le septième mois consécutif en décembre, soulignant la fragilité de la plus grande économie d’Europe. Le niveau global de la production est désormais le plus bas depuis juin 2020 et, si l’on exclut le choc de la pandémie, la dernière fois qu’il a été aussi faible, c’était en 2010.

Les économies européennes sont en mauvaise posture selon une enquête d’experts qui a révélé des risques élevés de récession en raison des conflits géopolitiques et de l’augmentation des coûts de l’énergie. Dans la zone euro, c’est en Allemagne et aux Pays-Bas que la probabilité d’une baisse de la production pendant deux trimestres consécutifs d’ici à la fin de l’année est la plus élevée.