La proposition du premier ministre François Bayrou, concernant la suppression de deux jours fériés a déclenché un débat national. Présentée dans le cadre d’un plan d’économie exceptionnel pour 2026, cette mesure vise à répondre à l’urgence de réduire le déficit public et à stimuler la croissance économique. Si la comparaison avec la journée de solidarité instaurée après la canicule de 2003 revient souvent, plusieurs distinctions majeures séparent ces deux dispositifs. Décryptage.

jour ferié

Proposition de François Bayrou : mesures et objectifs

Avec cette réforme, François Bayrou propose de travailler deux jours fériés supplémentaires chaque année. Ce projet s’inscrit parmi d’autres leviers budgétaires censés générer près de 44 milliards d’euros d’économies sur le budget 2026, un chiffre inédit pour les finances publiques françaises. Pour aller plus loin sur le sujet des économies budgétaires proposer par François Bayrou, consultez notre article sur le gel des pensions de retraites en 2026.

Selon le gouvernement, allonger le nombre de jours travaillés permettrait non seulement de soutenir la croissance, mais aussi de booster la productivité nationale. L’objectif affiché est clair : augmenter le volume de travail annuel pour contribuer à la réduction du déficit, sans distinction de secteur d’activité.

Deux fours féries supprimés : le principe de fonctionnement envisagé

Contrairement à des réformes plus ciblées, il s’agirait ici d’une suppression sèche de deux jours fériés : ces journées deviendraient des jours ouvrés pour tous, sans compensation financière supplémentaire pour les salariés. Les employeurs bénéficieraient ainsi d’un accroissement automatique d’heures de travail, tandis que la consommation nationale pourrait être modérément impactée par ce changement de calendrier.

L’enjeu, selon Matignon, consiste à mutualiser l’effort tout en évitant une complexité administrative supplémentaire.

Le choix exact des jours concernés reste débattu, mais certaines dates comme le lundi de Pâques ou le 8 mai sont régulièrement citées. Ce sujet anime autant les partenaires sociaux que les représentants syndicaux et patronaux chargés de négocier les évolutions du calendrier.

Comparaison avec la journée de solidarité du lundi de Pentecôte

La référence à la journée de solidarité instaurée en 2004 est fréquente. À l’époque, le lundi de Pentecôte avait été transformé en journée travaillée non rémunérée pour financer la dépendance des personnes âgées. Pourtant, les modalités de la nouvelle mesure diffèrent sensiblement.

En 2004, l’employé travaille un jour de plus sans être payé davantage, mais l’employeur verse une contribution spécifique dédiée à l’autonomie. Rapidement, une certaine souplesse a permis aux entreprises de choisir la date retenue pour cet effort collectif, même si le lundi de Pentecôte restait symbolique dans beaucoup de cas.

  • Journée de solidarité (depuis 2004) :
    • Jour travaillé en plus sans augmentation de salaire
    • Employeur verse une contribution supplémentaire fléchée vers la dépendance
    • Date variable selon les accords d’entreprise
  • Suppression projetée de deux jours fériés (2026) :
    • Deux jours initialement fériés deviennent obligatoirement travaillés
    • Aucune contribution spéciale, objectif centré sur les économies budgétaires
    • Dates imposées uniformément au niveau national

Tandis que la journée de solidarité reposait sur un principe de financement social dédié, la nouvelle proposition privilégie avant tout la performance macro-économique et la réduction du déficit, sans affectation précise des fonds récoltés.

Réactions et interrogations autour du projet gouvernemental

Depuis l’annonce, la suppression de deux jours fériés suscite de vives réactions. Les syndicats dénoncent un recul social majeur, soulignant l’impact sur la qualité de vie et l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Sur le plan politique, certains membres de la majorité saluent la clarté du message envoyé, tandis que l’opposition plaide pour d’autres solutions, comme la lutte contre la fraude fiscale ou l’augmentation des recettes.

Du côté des employeurs, certains voient dans cette mesure une opportunité pour renforcer la compétitivité face à des voisins européens ayant moins de jours chômés. Toutefois, la question de l’organisation du temps de travail et de la gestion des heures supplémentaires demeure un enjeu central.

Des incertitudes persistent quant à l’application concrète dans des secteurs spécifiques. Les acteurs du tourisme, de la culture ou de la santé redoutent des effets secondaires, notamment si les nouveaux jours travaillés tombent pendant des périodes traditionnellement très fréquentées. La question du maintien des services publics essentiels fait également débat.

Des adaptations locales ou sectorielles pourraient émerger, selon l’évolution des négociations sociales et de la jurisprudence sur la gestion du temps de travail et la rémunération.