
Focus sur le taux neutre
« La décision d’aujourd’hui a été prise à la quasi-unanimité, un seul gouverneur n’a pas soutenu la décision », a ensuite précisé la présidente du conseil d’administration. Malgré cela, Mme Lagarde n’a pas confirmé la crainte d’une baisse des taux et a précisé que le conseil d’administration « n’avait pas discuté du taux neutre ».
« Je pense que nous savons tous très bien que, à mesure que nous nous approchons de cette zone, nous devons être particulièrement vigilants. Nous devons avoir confiance dans notre détermination à maintenir une politique monétaire adaptée à notre objectif à moyen terme de 2 %. Mais nous n’avons pas discuté du taux neutre. Or, le taux neutre repose sur l’absence de chocs. Un grand équilibre, aucun choc. À l’heure actuelle, nous sommes confrontés à une incertitude importante », a-t-elle expliqué.
Inflation : les objectifs fixés ont été atteints
Selon la présidente, la zone euro « est désormais en bonne position en matière d’inflation », mais il faudra « faire face à la situation d’incertitude exceptionnelle sur la base des données disponibles réunion après réunion ». Mme Lagarde a souligné qu’il était impossible de connaître l’issue des négociations commerciales et que, dans le même temps, les prévisions concernant l’évolution de l’indice des prix à la consommation étaient plus incertaines que d’habitude.
« Nous avions parlé de direction à suivre lorsque nous étions loin de l’objectif à moyen terme. Cela n’a plus beaucoup de sens d’en parler maintenant que nous sommes proches de l’objectif, avec une inflation attendue à 2 % en 2025 », a-t-elle ensuite précisé. Enfin, en ce qui concerne les informations parues dans la presse concernant le départ de la présidente Lagarde de la présidence de la BCE, la numéro un a démenti les rumeurs. « Je suis pleinement déterminée à mener à bien mon mandat à la tête du conseil d’administration », a déclaré la présidente.
La réaction des marchés
Les marchés boursiers européens ont brusquement changé de cap après les déclarations de la présidente de la BCE. Les places financières du continent, qui étaient optimistes après la huitième baisse des taux directeurs, perdent désormais du terrain : Milan -0,17 %, Francfort -0,12 %, Amsterdam -0,3 % et Londres -0,1 %, tandis que Madrid oscille autour de zéro. « Les marchés espéraient, à notre avis de manière assez irrationnelle, une issue encore plus accommodante, ce qui a entraîné une baisse des rendements et un renforcement de l’euro, bien que soutenu également par des données américaines plus faibles », expliquent les analystes de RBC BlueBay.
« Pour l’instant, la BCE peut affirmer avoir réussi un atterrissage en douceur pour l’Europe et le dernier kilomètre semble avoir été parcouru. La politique budgétaire et le risque, y compris celui lié au commerce, devraient être plus équilibrés à l’avenir ».