
Chiffres et perspectives des entreprises quantiques
Rigetti, par exemple, affiche une capitalisation boursière de 8,3 milliards de dollars avec seulement 21,9 millions de revenus prévus en 2026 (contre 8,1 millions attendus en 2025) et encore une perte nette de 74 millions en raison d’investissements massifs dans la recherche et le développement. Pourtant, des géants tels qu’IBM, Google et JP Morgan ont flairé l’opportunité, tout comme Donald Trump. L’administration du président américain est en pourparlers avec plusieurs entreprises de calcul quantique afin d’acquérir des participations en échange de financements fédéraux. Xanadu Quantum Technologies et Infleqtion seront bientôt cotées au Nasdaq dans le cadre d’une opération Spac.
La crainte d’une bulle de l’IA
La crainte d’un éclatement de la bulle de l’IA s’est accrue. Sam Altman, PDG d’OpenAI, et Jeff Bezos, numéro un d’Amazon, ont récemment été rejoints par deux poids lourds de la finance, Morgan Stanley et Goldman Sachs, qui prévoient une correction de 10 à 20 % pour les marchés boursiers, et par le célèbre investisseur Michael Burry, qui a misé sur l’éclatement de la bulle avec deux positions courtes : l’une sur la société leader dans le domaine des logiciels analytiques, Palantir, l’autre sur le fleuron de l’intelligence artificielle, Nvidia.
La crainte des excès est réelle et contagieuse. Peut-elle mettre fin à l’euphorie pour le quantum ? Milano Finanza en a discuté avec Anthony Ginsberg, PDG de GinsGlobal Index Funds et partenaire historique de HANetf avec lequel il a coté l’ETF Itek, axé sur les mégatendances technologiques.
Il y a un mois, la méthodologie d’indexation de l’instrument a été mise à jour afin d’inclure le calcul quantique et la technologie de défense parmi les nouveaux sous-thèmes d’investissement, chacun avec une pondération de 10 % dans le fonds. Ils s’ajoutent aux huit autres déjà existants : blockchain, cloud computing, cybersécurité, voitures du futur, génomique, IA et robotique, médias sociaux et divertissement numérique.
Le calcul quantique, une priorité stratégique
Le calcul quantique est considéré, y compris par l’administration américaine, comme une priorité stratégique, au même titre que l’intelligence artificielle.
« La Chine et le Japon ont historiquement investi davantage que les États-Unis dans ce secteur et l’Amérique accélère désormais ses dépenses pour combler son retard », souligne M. Ginsberg.
« Cela confirme que cette technologie est considérée comme stratégiquement cruciale : les ordinateurs quantiques peuvent en effet être jusqu’à 25 000 fois plus rapides qu’un ordinateur traditionnel. Même si nous n’en sommes encore qu’à un stade précoce, le lien et l’interconnexion entre l’IA et le quantique sont de plus en plus évidents ».
Comment choisir au mieux les leaders du secteur ?
Seules cinq sociétés sur quinze répondent toutefois aux critères minimaux choisis par M. Ginsberg en termes de taille et de rentabilité. Il s’agit de D-Wave, IonQ, Quantum Computing, Rigetti et la holding suisse Sealsq Corp, qui opère dans le secteur des semi-conducteurs. Cela signifie qu’au lieu des 150 participations théoriques, le fonds compte aujourd’hui 140 titres pondérés de manière égale. Chaque thème est en effet pondéré de manière égale et, même au sein de chacun d’entre eux (cybersécurité, cloud ou IA), explique l’expert, chaque société, même s’il s’agit d’un géant comme Palantir ou Amazon, a le même poids que les autres. Mais elles doivent d’abord passer le processus de sélection : celui-ci est basé sur des règles précises et s’appuie sur un indice développé en collaboration avec l’allemand Qontigo Stoxx Selective.
Les critères minimaux comprennent une capitalisation boursière d’au moins 200 millions de dollars, une rentabilité avérée, sauf pour les entreprises quantiques, qui en sont encore à leurs débuts, et une liquidité suffisante pour garantir une négociation adéquate (au moins 2 millions de dollars de volume moyen par jour).
En outre, « nous observons attentivement la manière dont ces entreprises réaffectent leurs ressources et leurs investissements dans les secteurs émergents, car cela est souvent un signe avant-coureur de nouvelles tendances », explique M. Ginsberg. L’objectif est d’identifier les thèmes structurels appelés à perdurer sur le long terme, et non les modes passagères. « La santé et la finance seront probablement les premiers bénéficiaires concrets du calcul quantique.
Dans le domaine de la santé, le calcul quantique pourra considérablement accélérer la recherche et le développement de nouveaux médicaments, en réduisant les délais et les coûts d’expérimentation. De nombreux experts estiment qu’il permettra de simuler des molécules et des processus biologiques avec une précision aujourd’hui impossible pour les ordinateurs traditionnels », ajoute le PDG de GinsGlobal Index Funds. Dans le secteur financier, les premiers tests concrets ont déjà été réalisés.
IBM, en collaboration avec HSBC, a expérimenté l’utilisation du calcul quantique dans la gestion d’un portefeuille de 5 000 obligations : le résultat a montré une réduction des coûts de 30 %, grâce à une plus grande rapidité de calcul et à une amélioration de l’exécution des prix. « Nous en sommes encore à un stade précoce, mais les perspectives sont extraordinaires. La défense, quant à elle, reconnaît la portée stratégique de cette technologie, même si les applications opérationnelles ne sont pas encore tout à fait définies », précise M. Ginsberg, suggérant dans le domaine quantique IonQ et Rigetti : ils pourraient conclure des accords ou des partenariats avec le gouvernement américain. « Même s’ils ne deviendront pas immédiatement très rentables, nous pensons que les contrats publics les mettront sur des bases plus solides ».
Dans le domaine de la cybersécurité, Palo Alto Networks connaît une forte croissance grâce à l’intégration du cloud. Palantir est un autre exemple, à la croisée de l’IA, de la défense et des logiciels pour drones :
« C’est l’une de nos positions les plus coûteuses, mais nous pensons que l’augmentation des contrats gouvernementaux justifie son poids dans le portefeuille ».



