
1. Les marchés des changes sont dans le faux lorsqu’ils ignorent les flux de capitaux
Le marché des changes répète la même erreur commise au début de l’année 2025. À l’époque, le consensus prévoyait une légère baisse de l’indice du dollar, de l’ordre de 3 à 5 %. En réalité, le dollar a enregistré sa plus forte baisse depuis 1973, perdant 12 % par rapport à l’euro. La leçon est claire : les flux de capitaux et la dynamique ont une incidence beaucoup plus importante sur les fluctuations monétaires que les fondamentaux macroéconomiques, les balances commerciales, la géopolitique ou même les écarts de taux.
2. Le mouvement observé en début d’année s’est inversé
La faiblesse du dollar au cours des premiers mois de l’année ne s’explique pas uniquement par le protectionnisme américain, elle a également été alimentée par des ventes massives d’actions américaines, en particulier par les hedge funds, qui dictent souvent les tendances des marchés mondiaux, observe les experts.
Dans le même temps, après une année 2024 particulièrement positive pour les valeurs technologiques américaines, de nombreux investisseurs ont pris leurs bénéfices et transféré une partie de leurs capitaux vers les actions européennes, jugées plus avantageuses, profitant d’une dynamique favorable soutenue par l’annonce de la relance budgétaire allemande et l’espoir, qui s’est avéré excessif, d’une résolution rapide du conflit en Ukraine. Cette rotation est désormais en train de s’inverser.
3. Les marchés boursiers américains redeviennent attractifs
Alors que les perspectives de croissance de l’Europe restent plus faibles que celles des États-Unis, les capitaux quittent progressivement les marchés européens pour revenir vers les actions américaines. Après la correction de novembre, de nombreuses grandes sociétés technologiques ont retrouvé des valorisations intéressantes.
Exemple Meta : avec un ratio cours/bénéfice d’environ 23, le titre représente à nouveau une opportunité d’achat intéressante pour de nombreux investisseurs. Si ces flux devaient se renforcer, ils pourraient soutenir le dollar au cours de l’année 2026.
4. Les baisses de taux de la Fed favorisent le dollar
Le cycle de baisse des taux de la Réserve fédérale devrait réduire l’attractivité des rendements des fonds monétaires tant aux États-Unis qu’en Europe. En conséquence, une partie des centaines de milliards actuellement immobilisés dans les fonds monétaires pourrait être réinvestie sur les marchés boursiers, notamment aux États-Unis. Ce mouvement de capitaux favoriserait également un dollar plus fort.
5. Les mauvaises nouvelles concernant le dollar déjà intégrées dans les prix
Enfin, la plupart des facteurs négatifs qui pèsent sur le dollar semblent déjà pleinement intégrés dans les valorisations actuelles, et c’est peut-être là le point le plus important. Le remplacement éventuel de Jerome Powell par un président de la Fed plus aligné sur la Maison Blanche, les tensions sur le marché américain du crédit privé et le ralentissement du marché du travail : tous ces éléments sont déjà bien connus des investisseurs et largement intégrés dans les valorisations.
La surévaluation structurelle du dollar, estimée entre 10 % et 15 %, est également largement reconnue. Cependant, une devise peut rester chère pendant de très longues périodes tant que la demande pour les actifs libellés dans cette devise reste élevée, comme c’est le cas pour le dollar. C’est pourquoi le consensus du marché doit être pris avec prudence.
« Un scénario alternatif plausible est un retour du taux de change vers la zone 1,12-1,13 à moyen terme, avec des implications concrètes pour les stratégies de couverture. L’histoire récente nous enseigne que, sur les marchés des devises, le consensus s’avère souvent erroné » conclu Nathan, expert pour Netpublic.fr.



