
Cependant, c’est précisément le défi commercial à coups de droits de douane qui a déclenché une série de réactions, d’événements et de nouvelles situations géopolitiques plutôt risquées, allant de la dynamique incertaine de la croissance mondiale – considérée comme en baisse par les principales institutions internationales – aux anticipations croissantes d’inflation, en passant par les tensions exacerbées entre les États-Unis et la Chine, avec des répercussions sur les matières premières.
Le chaos économique a éclaté. Pour comprendre certaines de ces nouvelles dynamiques, voici 4 facteurs à prendre en compte qui seront au centre de l’actualité des marchés la semaine prochaine.
1. Trump et les fluctuations des droits de douane
La forte volatilité qui a secoué les marchés en avril et tout au long du mois de mai s’est atténuée, les investisseurs s’étant habitués à l’approche fluctuante de Trump sur tout, des droits de douane aux relations personnelles : le dernier exemple en date est sa dispute avec l’ancien patron de DOGE et PDG de Tesla, Elon Musk.
L’indice VIX, indicateur de la « peur à Wall Street », est repassé sous la barre des 20, considérée par beaucoup comme un seuil critique. Depuis que Trump est devenu le 47e président des États-Unis le 20 janvier, l’indice a dépassé les 20 à 47 reprises. Au cours des cinq mois précédents, il avait dépassé ce niveau 18 fois.
Au cours du dernier mois, le VIX n’a dépassé la barre des 20 que sept jours, contre tous les jours depuis le 2 avril, « jour de la libération », jusqu’au début du mois de mai. Trump serait-il en train de perdre son rôle de déstabilisateur des marchés ?
2. Des terres de plus en plus rares
Le différend commercial entre Washington et Pékin a remis sur le tapis une question épineuse : celle des terres rares. La Chine contrôle totalement l’approvisionnement mondial en terres rares, des éléments essentiels dans presque tous les appareils high-tech en circulation, des voitures aux missiles de croisière. Lorsque la Chine interrompt son approvisionnement, l’impact se fait sentir partout.
L’industrie automobile est la première touchée et à tirer la sonnette d’alarme : Suzuki a suspendu la production de la Swift, quelques semaines après que Ford ait fait de même pour son SUV Explorer. Les constructeurs automobiles allemands sont en ébullition, car le blocage des exportations de ces matières premières depuis la Chine met à rude épreuve une production déjà affaiblie par d’autres facteurs.
La Maison Blanche a vivement critiqué Pékin pour avoir renié les accords tarifaires conclus à Genève le mois dernier, mais la Chine riposte en attaquant violemment les États-Unis pour la révocation des visas étudiants et les restrictions sur les puces de pointe. Les données commerciales chinoises publiées lundi clarifieront les enjeux, tandis que les données sur l’inflation publiées le même jour montreront si les efforts de Pékin pour stimuler la demande intérieure portent leurs fruits.
3. Commerce européen et droits de douane
Les données commerciales d’avril pour l’Union européenne, qui seront publiées le 13 juin, pourraient donner une idée assez précise de la situation actuelle au moment où les droits de douane intermittents de Trump ont commencé à s’appliquer.
L’UE est dans le collimateur du président américain. Le magnat a déclaré à plusieurs reprises que le seul objectif de l’Union était de « profiter » de l’Amérique, affirmant que son pays affichait un déficit commercial de 200 milliards de dollars avec l’Union rien qu’en marchandises, ce qui fait de l’UE son deuxième partenaire commercial en termes de biens après la Chine.
Les ventes d’automobiles, d’acier, de produits pharmaceutiques, de produits de luxe et de vêtements, entre autres, dans l’UE représentent un marché considérable. Le 23 mai, Trump a déclaré qu’il imposerait des droits de douane de 50 % sur toutes les importations en provenance de l’UE, avant de faire marche arrière deux jours plus tard, reportant les droits de douane d’un mois après un « appel très aimable » de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. L’UE marche sur des œufs.
4. L’inflation repart-elle à la hausse ?
Les investisseurs espèrent que la hausse éventuelle de l’indice des prix à la consommation américain mercredi prochain ne sera pas aussi grave que prévu, compte tenu des tactiques commerciales irrégulières de Trump. Les données récentes montrent que l’inflation est en baisse et se rapproche de l’objectif de 2 % fixé par la Réserve fédérale . Toutefois, les pressions sur les prix dans les secteurs manufacturier et des services s’intensifient.
Un bon indicateur des prévisions d’inflation à long terme des marchés ne montre qu’une inquiétude modérée. Le dernier Beige Book de la Fed a montré que l’activité économique s’affaiblit, tandis que les coûts et les prix augmentent dans différentes régions : une combinaison que les décideurs politiques ne veulent pas voir.