En marge de la guerre en Ukraine et de la forte baisse des flux de gaz russe vers l’Europe, il y a un monde désormais stressé par une demande énergétique prise en étau entre la relance de la consommation et les besoins à satisfaire. En outre, la sécheresse endémique exerce une pression sur l’agriculture, qui est de plus en plus en crise et incapable de nourrir la planète. Les prévisions ne peuvent donc qu’empirer, notamment pour l’approvisionnement en énergie et en céréales, matières premières vitales.

La crise énergétique pourrait s’aggraver : les raisons

Le monde n’a jamais été témoin d’une crise énergétique aussi profonde et complexe“, a déclaré le directeur exécutif de l’AIE lors d’un forum mondial sur l’énergie à Sydney mardi. Selon M. Birol, nous n’avons peut-être pas encore vu le pire.

L’ensemble du système énergétique est en ébullition depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février, alors premier exportateur de pétrole et de gaz naturel et acteur majeur du secteur des matières premières. La flambée des prix fait grimper le coût du remplissage des réservoirs de gaz, du chauffage des habitations et de l’alimentation de l’industrie dans le monde entier, ce qui accroît les pressions inflationnistes et conduit à des manifestations spectaculaires, de l’Afrique au Sri Lanka.

Cet hiver en Europe va être très, très difficile“, a déclaré M. Birol. “C’est une préoccupation majeure et cela pourrait avoir de sérieuses implications pour l’économie mondiale“.

Paix et sécurité riment avec énergies renouvelables et transition verte selon le chef de l’AIE. Cependant, ces mêmes routes semblent pleines d’embûches et de retards.

Urgence sécheresse et blé : une combinaison dangereuse

La crise climatique à laquelle nous assistons, avec une sécheresse record, frappe durement l’agriculture, ce qui explique que la situation mondiale risque de s’aggraver encore. La chaleur, la sécheresse et les tempêtes ont réduit la récolte de blé en France, principal exportateur de l’UE, ce qui met à mal l’offre mondiale.

La production de blé du pays diminuera d’environ 7 % pour atteindre 32,9 millions de tonnes cette année, soit moins que la moyenne sur cinq ans, a indiqué mardi le ministère de l’agriculture dans ses premières prévisions pour la saison. L’un des printemps les plus secs et les plus chauds jamais enregistrés en France a endommagé les cultures pendant une période de développement cruciale.

Cela risque de réduire l’excédent de blé disponible pour les expéditions à l’étranger, vers lequel de nombreux importateurs pourraient se tourner. L’invasion de la Russie a entravé les récoltes et les exportations de l’Ukraine, le pays du grenier à blé, limitant ainsi l’approvisionnement mondial. Bien que les prix à terme du blé de référence aient baissé par rapport au record atteint en mars, ils restent historiquement élevés.

Les exportations de blé de l’UE devraient augmenter à la suite de la guerre, les acheteurs cherchant des alternatives aux approvisionnements ukrainiens. Le bloc estime que les expéditions de blé tendre au cours de la saison qui a débuté ce mois-ci augmenteront de 27 % pour atteindre 38 millions de tonnes, ce qui réduira les stocks de la région.

En mai, les températures ont été les plus élevées jamais enregistrées en France et les précipitations ont été extrêmement faibles, comme dans de nombreuses autres nations européennes. Le pays est maintenant en proie à une nouvelle vague de chaleur, et si celle-ci peut accélérer la récolte du blé, elle risque d’endommager les cultures pour les récoltes ultérieures comme le maïs.