La démission silencieuse n’a rien à voir avec la grande démission ; autre phénomène qui concerne, là encore, bon nombre de salariés en cette année 2022. Si la grande démission consiste en le fait de quitter sciemment un emploi pour en trouver un autre qui offre de meilleures conditions de travail et un meilleur salaire ; voire changer de voie tout simplement, la démission silencieuse se caractérise autrement.

En quoi consiste la démission silencieuse ?

Elle fait parler d’elle de plus en plus sur les réseaux sociaux car les français communiquent entre eux sur cette nouvelle façon de travailler qu’ils sont en train d’adopter massivement, sans doute au grand damne de leur employeur. Cela consiste tout simplement à ne plus être en quête de performances, d’arrêter de faire des heures supplémentaires dans l’espoir (parfois vain) d’être reconnu ou valorisé par une hausse salariale. La personne qui pratique la démission silencieuse se tient strictement à ce que contient son contrat de travail, ni plus ni moins, quitte même à se restreindre au maximum, niveau effort.

Pourquoi une telle pratique ? Si 520 000 personnes ont démissionné de leur emploi pendant le premier trimestre de cette année, tout le monde n’a pas l’opportunité de faire la même chose. Pourtant l’envie est là, mais il y a la maison à rembourser et les études des enfants à payer, entre autres raisons. Le constat étant pourtant le même : les français se sentant de plus en plus mal dans le monde du travail, ils prennent la décision de faire le strict minimum ; soit ce qu’il faut pour ne pas se faire licencier.

Il n’est donc plus question d’emporter du travail chez soi pour boucler un dossier urgent, de poster des messages professionnels sur les réseaux sociaux quand on a entendu une information susceptible d’intéresser ses collègues et son patron, en début de soirée : on se borne à faire ses 35 heures, sans faire de vagues.

Démission silencieuse : les causes et ceux que cela touche

Est-ce que ce phénomène, là encore, est imputable à la crise du Covid-19 ? Oui, indiscutablement. Pendant deux années, les français ont été mis à rude épreuve, tant dans leur vie personnelle que professionnelle avec l’épidémie. Pour certains, cela a été un électrochoc, surtout quand l’essor du télétravail a flouté la ligne qui sépare vie de famille et vie professionnelle.

Beaucoup de personnes se sont rendu compte qu’elles ne voyaient pas leurs enfants grandir, qu’elles n’avaient pas de temps pour elles et se contentaient de travailler pour finalement pas grand-chose. Rien d’épanouissant en tout cas, puisque pour les français, le travail est synonyme de stress. Alors, la nouvelle mentalité pourrait s’exprimer de cette façon ; comme le souligne le coach en carrières Karine Triouillier « Non au stress, oui à la santé mentale ».

Mais est-ce que cela touche tout le monde ? 16% des salariés avouent avoir une santé mentale dégradée par le travail. Mais ce sont surtout les moins de 30 ans qui sont impactés car ils répondent par la positive à 23%. Est-ce qu’il faut pour autant avoir une analyse limitée de la situation et dire que les jeunes de moins de 30 sont issus d’une génération qui ne veut pas travailler ? Cela serait trop simpliste.

Au contraire, ils sont avides de sens, car beaucoup travaillent pour « l’impact positif sur la société et/ou la planète » de leur mission. Pour se rendre compte, au final, au bout de quelques temps que rien ne correspond à leurs aspirations profondes. Tous ne réagissent pas de la même manière, car il y a quand même 23% d’entre eux qui avouent avoir candidaté pour le niveau de rémunération proposé. Mais combien de temps ce critère aura de l’importance s’ils se rendent chaque jour au travail en trainant les pieds ?

En tout cas, la démission silencieuse ; qui est donc bien loin du « travailler plus pour gagner plus » ; n’est pas un phénomène à sous-estimer et prouve encore une fois à quel point le monde du travail dans sa globalité est en train d’opérer une mutation de fond.