L’économie russe s’est contractée pour le deuxième trimestre consécutif en raison de la réponse occidentale à l’invasion de l’Ukraine par des sanctions, qui ont contribué à plonger Moscou dans la récession. Le PIB de la Russie a baissé de 4% en glissement annuel au cours des trois mois d’octobre, selon les données préliminaires publiées par le service statistique fédéral Rosstat il y a quelques jours.

Cette contraction fait suite aux importantes restrictions américaines et européennes décidées à l’encontre des secteurs énergétique et financier de la Russie, y compris le gel de la moitié des 640 milliards de dollars de réserves de change de la banque centrale. Toutefois, un regard trop centré uniquement sur Moscou et les conséquences internes des sanctions sur le système économique du pays serait réducteur, selon les experts. Nous savons déjà que la crise énergétique déclenchée par la nouvelle de la guerre de Poutine en Ukraine fait mal au monde, l’Europe en tête.

La Russie en récession peut déclencher un effet boomerang sur les États-Unis, la Chine, l’UE et la France elle-même qui n’est guère rassurant : pourquoi Moscou peut-il entraîner toutes les puissances dans un gouffre économique ?

La Russie est déjà en récession

Neuf mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, son économie est entrée en récession, selon les statistiques gouvernementales publiées il y a quelques jours. La production nationale a baissé pendant deux trimestres consécutifs. Au cours de la période juillet-septembre, le PIB a chuté de 4 % par rapport à la période correspondante de l’année précédente. Les activités de gros, de détail, d’expédition et de fabrication se sont contractées au cours de cette période, tandis que la construction et l’agriculture ont progressé. Cette baisse a suivi un autre coup de frein, de 4,1%, en avril-juin.

Bien que les conditions économiques aient été évaluées comme s’étant détériorées en septembre, laissant présager une période d’aggravation, la Russie n’a pas été aussi accablée qu’on l’imaginait.

Le FMI a prédit en avril que le PIB de la nation de Poutine chuterait de 8,5 %, ce qui ne s’est pas réalisé. La hausse des prix de l’énergie a permis d’augmenter les recettes budgétaires de la Russie, dont la moitié provient du pétrole et du gaz (300 milliards de recettes en carburant). La baisse des ventes à l’exportation, suite à la rupture des liens commerciaux avec les alliés de l’Ukraine, a également contribué à renforcer le rouble.

Consensus Economics, une société qui établit la moyenne des principales prévisions, estime que l’économie russe se contractera de 4,6 % cette année. Ce chiffre a été revu à la hausse par rapport à la baisse de 10 % estimée en avril. Certes, les problèmes de la Russie restent nombreux et graves. Un millier d’entreprises occidentales ont fui le pays, qui pourrait se retrouver sans composants essentiels pour ses industries et de plus en plus isolé des marchés financiers. Sans compter que la main-d’œuvre elle-même est en pénurie après que des dizaines de milliers de citoyens se sont enrôlés ou ont fui.

La récession russe, cependant, entraînera le monde vers le changement et la contraction, comme c’est déjà le cas. En fait, les sanctions et le choix de l’isolement de Moscou révolutionnent les prévisions d’avenir, et des États-Unis à l’Europe en passant par la Chine, les estimations sont mauvaises.

Le monde entier touché à cause de la Russie

L’analyse est réalisée par les experts d’Ispi et est très claire et utile pour comprendre comment la question russe, ses sanctions et sa récession sont liées aux économies mondiales. L’Institut parle, en effet, d’un effet boomerang résultant de la guerre commerciale déclenchée contre Poutine.

…La Russie a déjà perdu 6 % de son PIB par rapport aux prévisions d’avant la crise, et d’ici 2024, l’économie du pays pourrait être encore plus petite qu’aujourd’hui (-11 %). Un signe que les plus grands effets de la guerre et des sanctions ne seront visibles que dans les années à venir“, explique Ispi.

Des effets qui se manifesteront également pour d’autres nations. En développant les données du FMI, il apparaît que, par rapport aux estimations d’avant la crise, les prévisions de croissance en 2022 et accumulées en 2022-2024 se détérioreront pour tous. A noter que seule l’Arabie Saoudite, fortement dépendante du pétrole, est vue en croissance. Les États-Unis se retiennent peut-être plus que l’Allemagne.