Travailler à la chaine, sans se poser de questions, uniquement pour obtenir un salaire afin de régler ses factures ; soit la définition du fordisme ; semble sur le point de s’éteindre pour de bon. Alors que les entreprises rencontrent de plus en plus de difficultés lors des recrutements ; que ce soit dans des secteurs en tension ou non ; certaines ont perçu le changement et tentent de s’adapter et d’autres non.

Le sens au travail : une priorité désormais pour les français

Repenser le travail. C’est ce qui résulte de la pandémie et plus particulièrement des périodes de confinement. Mais repenser l’emploi, le travail, c’est aussi repenser un certain rapport à l’argent puisque nous sommes dépendants du salaire que nous percevons pour répondre à nos charges et à nos envies. Selon certains experts, cela ne serait plus un moteur pour de nombreux français et l’inflation est moins importante que la volonté de ressentir un bien-être, surtout dans sa sphère familiale.

Si certains français abandonnent leur poste pour se mettre au vert ou envisagent une reconversion dans un secteur qui leur donne l’impression d’être utiles, il ne faut pas oublier que de nombreuses personnes font grève, actuellement, pour une revalorisation de leur salaire. Mais les sociologues interrogés sur la question pensent que cela n’intéresse plus la majorité des français.

Selon un sondage, ramener de l’argent à la maison est la première motivation des français. Mais alors qu’avant, c’était pour subvenir à ses besoins (payer le loyer et les charges fixes…), nous serions plus désormais dans la volonté de nous offrir des loisirs et du bon temps ; bref, de profiter plus facilement de la vie.

Le confinement nous a permis de revoir notre conception du temps ; qui tient largement sa place dans le modèle du fordisme. Selon certains sociologues, le rapport au travail et au temps n’est pas le seul domaine qui a été bouleversé. Des personnes ont redécouvert leurs enfants ; pour le meilleur et pour le pire. D’autres, leur conjoint. Parce que le 24h sur 24 a été une épreuve pour certains d’entre eux, un couple sur 15 s’est dissous; suite à cet enfermement involontaire.

26 millions de salariés et des postes qui restent vacants

On assiste, selon les sociologues à un énorme paradoxe. La part des salariés en France n’a jamais été aussi élevée (26 millions). Dans le même temps, on assiste à une pénurie de main d’œuvre dans de nombreux secteurs d’activités. Bien entendu, on peut pointer du doigt la pénibilité, les salaires qui ne sont pas assez élevés, le manque de reconnaissance et tout cela importe.

Mais les français veulent désormais travailler quand ils le souhaitent. Cela est facilité par la mise en place du télétravail. Pour être plus souvent avec leurs enfants (ou avec eux-mêmes), certaines personnes ont instauré une nouvelle façon de travailler. Parfois en faisant leurs heures la nuit.

Un des grands changements consiste donc à reprendre la maitrise de leur temps libre, pour ne pas être esclaves (ou aliénés, selon le terme consacré), de leur travail, en choisissant leur emploi du temps. Selon les sociologues interrogés, il est possible que dans un avenir à court terme, il faille s’interroger sur l’opportunité de mettre en place des semaines de 4 jours de travail ; comme cela peut déjà se voir ailleurs. Cela se voit plus facilement chez les salariés plus jeunes. Pour les professionnels qui entendent leurs questions, cela peut être vu comme une volonté de ne pas travailler quand on leur demande quand la journée de travail se finit. C’est en fait une génération en quête de sens qui n’entend pas se définir par le travail.

Mais cette tendance ne touche pas que les plus jeunes. On constate une inversion des valeurs. Il y a encore une quinzaine d’années, les salariés préféraient gagner plus, quitte à ce que cela rogne sur leur temps libre. Désormais c’est l’inverse, pour 62% d’entre eux. C’est donc très net et cela constitue une véritable révolution.