Le texte sur l’euro numérique de l’eurodéputé allemand Stefan Berger comportait de nombreux points critiques et était plus conflictuel que celui de la Commission Européenne. Il n’est donc pas surprenant que ce rapport n’ait pas été voté par la commission économique du Parlement européen et qu’il n’ait pas été présenté en séance plénière. Le sujet est donc reporté à la prochaine législature.

L’euro numérique n’est pas seulement une question technique, qui relève de la responsabilité de la BCE. Le sujet devra également bénéficier d’un soutien politique fort de la part des législateurs européens. Mais dans ce sens, il est important que ces derniers mois, les gouvernements aient pris conscience de la nécessité de lancer la CBDC (Central Bank Digital Currency), comme l’a déclaré hier à Abi Piero Cipollone, membre du directoire de la BCE.

Des enjeux importants pour l’Europe

Les raisons sont nombreuses : l’enjeu n’est pas seulement la commodité pour les citoyens de payer dans toute la zone euro, mais aussi la nécessité d’intervenir dans un domaine stratégique, où le rôle des opérateurs non européens est aujourd’hui pertinent. Pour l’avenir, les risques sont encore plus grands si l’on considère le poids des bigtechs, qui ne sont certainement pas intéressées par les problèmes de concurrence ou de stabilité financière dans la zone euro.

Les gouvernements ont compris que l’euro numérique sera aussi l’occasion de défendre la souveraineté monétaire de la zone. Il reste maintenant à régler les (nombreux) détails du projet. Certains pays pourraient réclamer des solutions spécifiques. Mais il est impossible d’imaginer qu’aucun terrain d’entente ne sera trouvé au sein du prochain Parlement européen, compte tenu des enjeux pour l’Europe.