
Si, depuis le début de l’année, le billet vert avait perdu 12 à 13 points de pourcentage face à l’euro et au franc suisse, avec un indice dollar en baisse d’environ 10 points de pourcentage, confirmant d’importantes ventes contre la devise américaine, y compris de la part des investisseurs institutionnels, à la suite de la conclusion de l’accord sur les droits de douane entre les États-Unis et l’Union européenne, le vent a tourné, avec la clôture d’une partie des positions courtes (c’est-à-dire baissières).
Les principales raisons qui ont poussé l’euro à inverser la tendance sont liées à la déception suscitée par l’accord UE-États-Unis, qui a été défavorable au Vieux Continent. « L’accord sur les droits de douane a favorisé le sentiment envers les États-Unis, améliorant les perspectives d’exportation pour les entreprises américaines. L’Europe, en revanche, continue de montrer des signes de stagnation économique, en particulier en Allemagne », explique Bertrand Dupont, analyste en chef.
A lire également : Pourquoi l’euro ne pourra pas remplacer pas le dollar ?
Les perspectives
À quoi faut-il s’attendre ? La baisse de l’euro est-elle temporaire ou durable ? Selon Carlo de Luca, responsable de la gestion d’actifs chez Gamma Capital Markets, la monnaie unique est destinée à s’affaiblir à nouveau à court terme, principalement en raison des conséquences des droits de douane qui pourraient influencer négativement le sentiment en Europe, actuellement considérée comme le maillon faible, car elle sort mal des accords conclus.
Toutefois, au cours des trois prochains mois, on s’attend à une reprise de l’euro vers 1,20. « Je pense que la faiblesse de l’euro est un mouvement temporaire, notamment parce que l’administration Trump a déclaré vouloir un dollar faible afin de payer moins d’intérêts sur l’énorme dette américaine et de favoriser les exportations. En Europe, au contraire, nous paierions doublement. C’est pourquoi nous misons davantage sur les États-Unis que sur l’Europe ».
En résumé, selon le directeur de Gamma Capital, le taux de change pourrait rester autour de 1,14 jusqu’en septembre, puis remonter à 1,18-1,20 d’ici la fin de l’année.
Le poids de Francfort
Dans ce scénario, la BCE continue de jouer un rôle clé. Francfort cherche en effet à maintenir les taux bas afin de ne pas freiner l’économie du Vieux Continent. Dans le même temps, cependant, compte tenu des droits de douane, les taux ne doivent pas être trop bas au risque de favoriser une hausse de l’inflation.
Pour l’instant, il est franchement difficile de prévoir où se situera l’euro dans les prochains mois, mais je pense que les valeurs actuelles par rapport au dollar sont plus réalistes que la fourchette 1,18-1,20, même en tenant compte des taux américains plus élevés. En résumé, la fourchette de 1,14-1,15 pour l’euro/dollar pourrait être une valeur équitable pour le moment, avec la possibilité que le billet vert gagne encore quelques dizaines de pips (pourcentage en point, c’est-à-dire la variation du quatrième décimal du taux de change, ndlr).
En ce qui concerne les perspectives à six mois, il pourrait même y avoir un retour vers 1,16-1,17 dollars pour 1 euro si la BCE parvient à éviter une récession et si le dollar s’affaiblit en raison des baisses de taux de la Fed ou de l’instabilité politique aux États-Unis. Un euro plus faible favorise les exportations et compense les droits de douane, en particulier pour l’indice allemand Dax et les titres fortement exposés à l’international. L’économie européenne devra toutefois être soutenue par une reprise de la demande intérieure, sans quoi l’effet positif sur les marchés sera limité dans le temps.