Alors que 2024 commence dans une atmosphère morose, les français ne souhaitent pas abandonner leur envie d’être propriétaires. Faire construire semble une solution intéressante quand on souhaite bénéficier des dernières normes en termes, notamment de confort thermiques ; car cela aura une incidence sur le montant des futures factures énergétiques. Beaucoup de personnes ont aussi compris qu’acheter dans l’ancien supposait de faire des travaux parfois longs et coûteux. Mais est-il tout simplement possible de faire construire cette année ?

Les augmentations de prix des matériaux rendent l’accès à la construction difficile

L’inflation n’a pas seulement touché les produits alimentaires, les énergies et le prix à la pompe. Cela se ressent dès lors que l’on entreprend des travaux quels qu’ils soient et encore plus quand on envisage de faire construire. C’est ce qui ressort d’une analyse menée auprès des ménages qui ont décidé de faire construire par le Ministère de la Transition Ecologique.

Si l’inflation est en cause, l’application de la RE2020 ; obligatoire pour tous les nouveaux bâtiments ; n’a pas amélioré la situation. Après une première hausse de 4,2% en 2021, l’année en a enregistré une nouvelle qui s’ajoute à la première de 9,1% pour une maison de 121 m². Le coût total alors était alors estimé à presque 210 000 euros.

C’est sans compter le prix des matériaux qui se sont envolés. + 41,1% : c’est la hausse des ossatures et des charpentes métalliques. Les personnes qui souhaitaient installer des baies en aluminium pour gagner en luminosité sans la contrainte de l’entretien ont dû faire face à des prix augmentés de plus de 31% en moyenne.

Pendant l’année 2023, même si on a assisté à une amélioration du phénomène, les conséquences étaient déjà bien palpables dans le domaine de la construction.

Des taux d’intérêt qui plombent l’accès aux prêts immobiliers

Où trouver ces 210 000 euros évoqués dans le paragraphe précédent ? Souvent en passant par un prêt immobilier. Or l’augmentation, là encore, des taux d’intérêt (4,35% pour un prêt sur 20 ans et 4,47% pour 25 ans) et les conditions d’octroi qui se sont durcies empêchent la plupart des dossiers de passer.

En un an (janvier 2022-janvier 2023), on a assisté à un effondrement de 23,25% des crédits immobiliers accordés.

Si on peut se réjouir que 137 000 projets de construction aient vu le jour après un accord de prêt, il faut relativiser. Pour 28% d’entre eux, les ménages n’avaient pas à acheter le terrain, dont ils avaient hérité ou qui avaient fait l’objet d’une donation. En ajoutant ce coût, est-ce que le prêt aurait été accordé ? Le montage financier aurait sans doute fait tiquer les conseillers bancaires de plus en plus frileux et soucieux de suivre à la lettre les recommandations du HCSF. Car le prix des terrains ont aussi augmenté avec une hausse moyenne de 5,5%.

En 2022, il fallait donc payer 293 400 euros pour être les heureux propriétaires d’une construction neuve. Qui peut être certain de passer en banque pour demander une telle somme ? Les prévisions sont sombres pour 2024 et certains professionnels n’hésitent pas à avancer que l’on pourrait connaitre une crise équivalente à celle connue dans les années 90.

Autre point négatif à ajouter à ce portrait déjà peu optimiste : il n’est plus possible de prétendre à un Prêt à Taux Zéro pour les constructions individuelles ; ce qui ferme d’autres portes.