L’inflation vient d’accélérer une nouvelle fois en France pour atteindre le chiffre de 1,4% sur un an en mai. Sur un mois, les prix ont augmenté de 0,3% pour les consommateurs, après une hausse en avril de 0,1%. L’inflation est également dans le collimateur de l’analyse et de la spéculation : les experts de la Deutsche Bank parlent d’une bombe à retardement pour la hausse des prix.

Inflation : une bombe prête à exploser, les raisons

Dans une prévision qui s’écarte largement du consensus des politiciens et de Wall Street, la Deutsche Bank a lancé un avertissement sévère en Europe. Se concentrer sur les mesures de relance et écarter les craintes d’inflation s’avérera une erreur, sinon à court terme, du moins en 2023 et au-delà.

L’analyse pointe principalement du doigt la Réserve fédérale et sa politique consistant à accepter la hausse des prix sans intervenir dans l’intérêt d’une reprise complète et inclusive. Les analystes de la Deutsche Bank estiment que la décision de ne pas assouplir les mesures de soutien jusqu’à ce que l’inflation affiche une hausse soutenue et durable aura des effets désastreux. En bref, l’inflation d’aujourd’hui n’est pas seulement transitoire et elle tire la sonnette d’alarme.

L’économiste en chef de Deutsche, David Folkerts-Landau, n’a pas mâché ses mots pour prédire que le report des interventions des banques centrales “pourrait créer une récession importante et déclencher une chaîne de détresse financière dans le monde entier, en particulier dans les marchés émergents“. Intervenir avant qu’il ne soit trop tard, telle est la suggestion. Si le fait que la Fed considère les inégalités sociales et du travail comme des objectifs de croissance réelle est louable, négliger le front des prix pourrait être une erreur.

Prix et taux : scénario des années 1970 ?

L’équipe de la Deutsche Bank a déclaré que l’inflation à venir pourrait ressembler à l’expérience des années 1970, une décennie au cours de laquelle l’inflation a atteint en moyenne près de 7 %, avec des taux à deux chiffres à certains moments. La hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, ainsi que la fin du contrôle des prix, ont contribué à cette flambée à cette époque.

Le président de la Fed de l’époque, Paul Volcker, a mené les efforts pour juguler l’inflation, mais il a dû recourir à des hausses spectaculaires des taux d’intérêt qui ont déclenché une récession. L’équipe de Deutsche craint qu’un tel scénario ne se reproduise. Et avec des taux soudainement plus élevés et un monde post-Covid très endetté, la bombe pourrait exploser.