À l’occasion de la Journée internationale de la femme, nous sommes, cette année, analytiques et pragmatiques. Nous laissons parler les données et les statistiques, qui ont l’enviable capacité de tout dire sans paroles. La condition des femmes, en France et dans le monde, est critique et douloureuse. Chaque jour, les femmes sont confrontées à la violence, à la discrimination et à l’injustice. Les statistiques suivantes ont le grand mérite de mettre en évidence les luttes que le monde entier, et pas seulement les femmes, est appelé à mener.

L’égalité des sexes n’existe pas et les inégalités mesurées en chiffres, en données, en statistiques montrent qu’il y a des urgences sociales, économiques, culturelles qui ne peuvent plus être reportées. Pour les femmes et pour le bien-être de tous.

1. L’Europe sans l’égalité

Premier regard sur l’état d’évolution de l’égalité entre les femmes et les hommes en Europe. L’indice d’égalité des sexes 2023 de l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes montre qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. L’indice est basé sur les performances des pays de l’UE dans six catégories : travail, argent, éducation, temps, pouvoir et santé.

Des facteurs tels que la violence à l’égard des femmes sont également pris en compte. La Suède est en tête du classement de l’égalité des sexes, devant les Pays-Bas et le Danemark. La valeur de l’indice pour l’ensemble de l’Union montre la lenteur des progrès. Alors que l’indice d’égalité des sexes de 2015 s’élevait à 64,4 points, huit rapports plus tard, il n’a progressé que de 5,8 points.

Avec un score de 75,7 points, la France occupe la 6ème place dans l’UE en matière d’indice d’égalité de genre. Le score de la France est supérieur de 5,5 points à celui de l’UE dans son ensemble.

2. Les femmes et le travail en France

Dans son étude sur le monde du travail, l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes a mis en évidence, dans ses données collectées pour 2023, que les femmes ne bénéficient toujours pas de l’égalité dans la manière dont elles sont incluses dans le monde du travail.

La France a subit un recul important dans le domaine du travail. Elle se retrouve en 19e position du classement avec quatre places perdues. L’étude explique ce déclassement par les avancées rapides des autres états membres dans le domaine de l’emploi. La France obtient un score de 73,2 points dans ce domaine

3. Les femmes et le salaire en France

Selon l’observatoire de l’Inps, en 2022, les femmes gagnaient 8 000 euros bruts de moins que les hommes dans le secteur privé.

Selon l’enquête d’Odm Consulting, la société de conseil en RH de Gi Group Holding, au cours des neuf premiers mois de 2023, l’écart salarial entre les hommes et les femmes (c’est-à-dire la différence entre le salaire brut des hommes et des femmes) s’est élevé à 10,7 %, comme l’année précédente. L’écart existe donc et il est persistant.

En conséquence, c’est l’indépendance économique des femmes qui en pâtit, alors qu’elle est loin d’être acquise pour une personne sur deux âgée de 15 à 64 ans.

4. Les femmes et la ségrégation professionnelle

Il est intéressant de lire les données sur les secteurs dans lesquels les femmes sont le plus employées. En effet, on peut y lire une véritable ségrégation des femmes. Selon la classification internationale type des professions, au troisième trimestre 2023 dans l’UE, les femmes constitueront l’écrasante majorité des personnes employées dans des professions spécifiques :

  • assistants d’enseignement : 92,6 % ;
  • secrétaires : 89,3 % ;
  • enseignants du primaire et de la petite enfance : 88,2% ;
  • infirmières et sages-femmes : 87,5% ;
  • aides ménagères, hôtelières et de bureau : 86,5%.

Derrière ces chiffres se cachent des préjugés culturels qui considèrent que les femmes sont uniquement aptes à assumer des rôles liés à la prise en charge, à l’enseignement, aux soins et à l’assistance (l’image stéréotypée et obsolète de la femme au foyer et de l’institutrice). Ce n’est pas une coïncidence si l’on parle aujourd’hui d’une urgence liée à la sous-représentation significative des femmes dans les études et domaines dits STEM (Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques).

5. Les femmes et les activités en dehors du travail

Que font les femmes lorsqu’elles ne travaillent pas ? Les disparités et les préjugés sont également révélés dans la réponse à cette question. Le temps passé en dehors du travail mesure les inégalités entre les sexes dans la répartition du temps consacré aux soins, au travail domestique et aux activités sociales. L’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes 2023 a montré que :

  • Les personnes qui s’occupent et éduquent leurs enfants ou petits-enfants, les personnes âgées ou les personnes handicapées, tous les jours : 34% de femmes, 25% d’hommes ;
  • Les personnes qui cuisinent et/ou font des travaux ménagers tous les jours : 72% de femmes, 34% d’hommes ;
  • Les travailleurs impliqués dans des activités sportives, culturelles ou récréatives en dehors du domicile, au moins quotidiennement ou plusieurs fois par semaine : 28% de femmes, 34% d’hommes ;
  • Travailleurs impliqués dans des activités bénévoles ou caritatives, au moins une fois par mois : 11 % de femmes, 13 % d’hommes.

L’égalité entre les femmes et les hommes est donc l’un des acquis non résolus de notre époque. Dans tous les domaines, le monde féminin est pénalisé par les stéréotypes, l’ignorance, la régression sociale, politique et culturelle.