
Il s’agit de développer un modèle économique capable de conjuguer au mieux croissance, innovation et durabilité, en utilisant de manière responsable les ressources océaniques. Dans un monde où plus de 70 % de la surface est recouverte d’eau et où des milliards de personnes dépendent de la mer pour leur subsistance, construire une économie basée sur la santé des océans s’avère être un véritable impératif.
Mais que signifie réellement « économie bleue » ? Quelles sont ses origines, ses objectifs et ses applications concrètes ? Plongeons dans la nouvelle tendance qui pourrait bien bousculer notre monde d’ici les dix prochaines années.
Qu’est-ce que l’économie bleue ?
L’économie bleue, également connue sous le nom de « blue economy », est un modèle économique qui promeut l’utilisation durable des océans, des mers et des ressources côtières. Comme indiqué sur le site de Wikipedia, le terme « économie bleue » désigne un :
« concept économique relatif à des activités économiques dans les milieux aquatiques marins voire continentaux. Sa définition et son domaine d’application précis varient selon les organisations ou les chercheurs ».
L’objectif est de générer de la croissance économique et des emplois, tout en garantissant la santé des écosystèmes marins. Il ne s’agit pas seulement de protéger l’environnement, mais aussi de prêter attention à la relation entre le développement économique et l’environnement marin, en introduisant des pratiques innovantes dans les secteurs de la pêche, du tourisme, de la construction navale, des énergies marines renouvelables et de la biotechnologie.
En pratique, il s’agit de mettre en œuvre une approche visant à équilibrer les besoins humains et la capacité de régénération des écosystèmes océaniques, en évitant la surexploitation des ressources naturelles. Il s’agit, en substance, d’une extension du concept d’économie durable, mais appliqué au monde marin.
Brève histoire de l’économie bleue : de sa naissance aux réglementations actuelles
Le concept moderne d’économie bleue a été introduit en 2010 par l’économiste belge Gunter Pauli dans son livre « Blue Economy : 10 ans, 100 innovations, 100 millions d’emplois ». Ses racines remontent cependant à bien plus loin, aux années 90, comme une sorte d’évolution du concept d’économie verte.
En effet, les concepts et les activités qui relèvent aujourd’hui de la définition de l’économie bleue étaient déjà présents au cours de cette décennie, même s’ils n’étaient pas regroupés sous cette appellation spécifique. À cet égard, il est intéressant de noter que, compte tenu de son importance, l’économie bleue est devenue au fil des ans une partie intégrante des politiques internationales.
En particulier, l’Union européenne a lancé en 2012 la Stratégie pour une croissance bleue, appelée Blue Growth Strategy. Elle a ainsi mis l’accent sur l’innovation et le développement durable dans les secteurs maritimes. Au niveau mondial, on peut également citer l’objectif 14 de l’Agenda 2030 des Nations unies, qui promeut la conservation et l’utilisation durable des océans, des mers et des ressources marines. En outre, ces dernières années, des réglementations de plus en plus strictes ont été introduites afin de protéger le patrimoine marin, notamment des réglementations sur la pêche, les plastiques à usage unique et la gestion des déchets marins.
Objectifs de l’économie bleue
Les objectifs de l’économie bleue sont nombreux et variés, parmi lesquels figurent la construction d’une économie durable, l’innovation technologique et la protection de la biodiversité marine. Plus précisément, l’économie bleue vise à développer un modèle de croissance intégré, capable de concilier développement économique, inclusion sociale et protection de l’environnement, en accordant une attention particulière aux écosystèmes marins et côtiers. Voici quelques-uns des points principaux.
- Promouvoir une croissance économique durable dans les secteurs liés à la mer. L’un des principaux objectifs de l’économie bleue est de favoriser une croissance économique qui ne compromette pas la santé des écosystèmes marins. Concrètement, il s’agit de stimuler le développement dans des secteurs traditionnels tels que la pêche, le transport maritime et le tourisme côtier, mais aussi dans des domaines émergents tels que la bioéconomie marine, l’énergie offshore et la robotique sous-marine, tout en garantissant une utilisation responsable des ressources naturelles.
- Créer des emplois. Selon les estimations de l’OCDE, l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques, l’économie bleue pourrait générer plus de 40 millions d’emplois dans le monde d’ici 2030. En effet, l’expansion des activités maritimes durables peut offrir des opportunités d’emploi durables, en particulier dans les zones côtières souvent marginalisées, contribuant ainsi à réduire les inégalités et à renforcer les économies locales.
- Protéger les écosystèmes marins, améliorer la biodiversité et réduire la pollution. Un principe fondamental de l’économie bleue est la protection de l’écosystème marin. Cela comprend la conservation des habitats côtiers, tels que les récifs coralliens, la lutte contre la surpêche, la lutte contre la pollution plastique et l’amélioration de la qualité de l’eau. La préservation de la biodiversité marine n’est pas seulement un impératif éthique, mais aussi une condition préalable essentielle à la résilience économique à long terme.
- Favoriser la transition énergétique grâce aux ressources marines. L’économie bleue vise un système énergétique plus propre, en investissant dans les sources d’énergie renouvelables marines, telles que l’énergie éolienne offshore, le mouvement des vagues, les courants marins et l’énergie thermique des océans. Ces technologies, encore en phase d’expansion, représentent une alternative concrète aux combustibles fossiles et peuvent contribuer de manière significative à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
- Soutenir la recherche, l’innovation et la numérisation. L’innovation technologique est un élément transversal qui soutient l’ensemble de l’économie bleue. Investir dans la recherche scientifique et les technologies numériques, telles que les capteurs sous-marins, l’intelligence artificielle appliquée à la surveillance environnementale et les drones marins, permet de développer des solutions intelligentes et à faible impact, essentielles pour la surveillance et la gestion durable des activités maritimes.
Tous ces objectifs, comme on peut facilement le deviner, convergent vers un modèle d’économie circulaire qui valorise les ressources marines sans compromettre leur avenir. L’économie bleue représente donc non seulement un défi, mais aussi une opportunité concrète de repenser notre relation avec la mer de manière durable, équitable et innovante.
Exemples concrets d’économie bleue
Il existe déjà plusieurs exemples vertueux d’économie bleue dans le monde, parmi lesquels on peut citer les suivants.
- La Norvège a développé un système d’aquaculture durable basé sur les technologies numériques et l’IApour surveiller la santé, l’alimentation et l’impact environnemental des poissons d’élevage.
- Pays-Bas, où l’on investit depuis des années dans des solutions d’ingénierie côtière durable, telles que des digues naturelles et des barrières qui protègent contre les tempêtes sans nuire à l’écosystème.
- Kenya, où des projets de reboisement marin sont en cours depuis des années avec la plantation de mangroves, qui absorbent le CO₂, protègent les côtes et offrent un habitat à la faune locale.
- En France, plusieurs ports, comme celui de Livourne, ont lancé des programmes d’économie circulaire pour la récupération des déchets et la production d’énergie à partir de sources marines renouvelables.
Comme on peut le constater, les initiatives s’inscrivant dans le cadre de l’économie bleue sont nombreuses. Toutes ont pour objectif d’apporter une réponse concrète à la crise climatique et à la nécessité d’un modèle économique plus juste et plus durable. Il s’agit d’un mode de fonctionnement qui doit nous impliquer tous, afin de protéger l’écosystème marin et, par conséquent, de garantir un avenir durable pour les générations futures.