L’agence de notation Fitch a abaissé la note souveraine de la France à A+ avec une perspective stable, critiquant le pays pour son instabilité politique persistante et ses incertitudes budgétaires qui entravent l’assainissement de ses finances publiques, gravement compromises.

aplus fitch

« La chute du gouvernement lors d’un vote de confiance illustre la fragmentation et la polarisation croissante de la politique intérieure », a écrit Fitch. « Cette instabilité affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre un assainissement budgétaire significatif », a ajouté l’agence américaine, estimant improbable que le déficit public puisse descendre en dessous de 3 % du PIB d’ici 2029, comme le souhaite le gouvernement sortant.

Le ministre français sortant de l’Économie, Éric Lombard, « prend acte » de la décision de l’agence Fitch de baisser la note de la France, décision motivée par la situation des finances publiques et l’incertitude politique malgré la solidité de l’économie française. Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, a déjà entamé des consultations avec les forces politiques représentées au Parlement en vue de l’adoption d’un budget pour la nation, afin de poursuivre les efforts d’assainissement de nos finances publiques, a indiqué le ministère de l’Économie.

Quel scénario pour la France ?

La dégradation de la note de la dette souveraine française par l’agence de notation Fitch intervient à un moment où les taux d’intérêt sur les emprunts du pays ont déjà augmenté, les marchés financiers pénalisant depuis plusieurs semaines l’impasse budgétaire du pays. La France prévoit un déficit public de 5,4 % du PIB en 2025, bien au-dessus de la limite de 3 % fixée par les règles budgétaires européennes, et sa dette dépasse 3 300 milliards d’euros, soit près de 114 % du PIB.

Des agences telles que Fitch, Moody’s et S&P classent la qualité de crédit des gouvernements, c’est-à-dire leur capacité à rembourser leur dette, de AAA (la note la plus élevée) à D (défaillance). Un gouvernement bénéficiant d’une bonne notation s’endette à moindre coût. Une dégradation, en revanche, transmet le message qu’un investissement est devenu plus risqué, ce qui peut inciter les investisseurs à rechercher une meilleure contrepartie à qui prêter de l’argent, augmentant ainsi le coût du financement.

En France, l’Agence France Trésor (AFT) gère la dette publique et lève des fonds en émettant régulièrement des titres de créance appelés bons du Trésor. Les emprunts à long terme sont appelés OAT (Obligations Assimilables du Trésor) et les obligations à court terme BTF (bons du Trésor).

Lors de la dernière adjudication début septembre, l’AFT a émis 11 milliards d’euros de dette, dont 1,8 milliard à trente ans, à un taux de 4,43 %, le plus élevé depuis 2008, alors que l’AFT avait prévu un taux de 3,75 %. C’est le remboursement de ces intérêts qui constitue la charge de la dette. Il représente aujourd’hui environ 55 milliards d’euros et menace de devenir la dépense publique la plus importante après l’éducation nationale.

Une fois émises, les obligations circulent librement sur le marché obligataire, où elles sont constamment achetées et vendues. C’est ce marché secondaire qui reflète la confiance des investisseurs en temps réel à travers les coûts de financement de la France : si la demande est forte, les taux baissent ; si elle s’épuise, ils augmentent. C’est sur ce marché que le rendement du titre français à dix ans a récemment dépassé celui d’autres pays de l’Union européenne, comme l’Italie pour la première fois depuis le début des années 2000, les investisseurs ayant déjà pris en compte l’incertitude politique et budgétaire de la France.