La réunion du FOMC, le bras politique monétaire de la Fed, approche, et les prévisions des experts sur l’évolution des taux américains vont toutes dans le même sens. La Réserve fédérale dirigée par Jerome Powell réduira les taux des fonds fédéraux pour la première fois en 2025, après avoir refusé de bouger depuis fin décembre 2024, soit depuis le début du second mandat de Donald Trump aux États-Unis. C’est ce qui ressort des paris des marchés et des avis des experts.

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Lors de sa dernière réunion avant la pause estivale, la Fed a laissé ses taux inchangés dans une fourchette comprise entre 4,25 % et 4,5 %, pour la cinquième fois consécutive depuis le début de l’année 2025.

Powell s’apprête à réduire les taux, mais pas à cause des menaces de Trump

Powell ne réduira toutefois certainement pas les taux pour faire taire les invectives et les menaces de Trump qui, jusqu’à présent, n’ont eu aucun effet sur la détermination du banquier central à prendre un peu de temps avant d’évaluer la marche à suivre, en raison de l’incertitude représentée par les droits de douane.

Selon les marchés et les économistes, la première baisse de taux de cette année, qui portera la signature de Powell, n’aura pas lieu parce que le président de la Banque centrale américaine, épuisé par les pressions constantes de la Maison Blanche, décidera de se plier aux diktats de ceux qui le surnomment depuis des mois « Mr. Too Late », mais parce que les dernières données macroéconomiques ont apparemment rendu nécessaire de relancer le cycle d’assouplissement de la politique monétaire américaine, que la Fed avait interrompu en décembre 2024.

Parmi ces données, les plus préoccupantes sont celles provenant du marché du travail, et ce à plusieurs reprises. Il convient de souligner les chiffres contenus dans les données connues sous le nom de Non Farm Payrolls (NFP), c’est-à-dire celles relatives au nombre d’emplois créés aux États-Unis, en l’occurrence au mois d’août, qui ont confirmé à Powell en premier lieu l’érosion de l’emploi aux États-Unis, avec une création d’emplois nettement décevante et un taux de chômage en hausse.

D’autres informations négatives provenant du marché de l’emploi ont été fournies par la révision des NFP pour l’année se terminant en mars de cette année, ce qui a encore renforcé l’inquiétude de Powell, déjà présente depuis un certain temps.

L’inflation reste un point noir

Tous les planètes sont-elles alignées pour une baisse des taux d’intérêt ? Pas toutes, en réalité, car ce qui a contrarié Trump, qui demande depuis des mois au président de la Fed Jerome Powell de baisser les taux, c’est la publication jeudi dernier des derniers chiffres clés avant le Fed Day : ceux de l’inflation américaine mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC).

En août, l’indice a encore accéléré par rapport au mois précédent, sur une base annuelle, augmentant de 2,9 %, contre +2,7 % précédemment, et conformément aux attentes.

Sur une base mensuelle, l’inflation globale a augmenté de 0,4 %, soit plus que les +0,3 % estimés par le consensus. L’IPC de base, c’est-à-dire l’inflation corrigée des composantes les plus volatiles que sont les prix de l’énergie et des denrées alimentaires, a augmenté de 3,1 %, comme prévu, sur une base annuelle, et de 0,3 % sur une base mensuelle, ce qui est également conforme aux prévisions.

L’inflation globale aux États-Unis s’est donc accélérée, dans le sillage de l’effet haussier que l’imposition de droits de douane par Trump a eu sur les prix payés par les consommateurs : ce n’est certainement pas une bonne nouvelle, surtout si l’on se souvient que depuis le début de 2021, la Fed n’a pas été en mesure de ramener l’inflation à l’objectif fixé de 2 %.

Cependant, il est également vrai que, selon certains experts, Powell pourrait décider de fermer les yeux, à ce stade, face à la solidité et à la persistance des pressions sur les prix, car la priorité serait désormais avant tout le marché du travail.

Il convient en effet de rappeler que la Fed a un double mandat : assurer la stabilité des prix, mais aussi le plein emploi. Il convient également de rappeler que, lors du symposium de Jackson Hole le mois dernier, c’est M. Powell lui-même qui a déclaré que la situation économique était telle qu’elle « justifiait un ajustement de notre position sur les taux » et que « les risques de baisse de l’emploi augmentaient ».

« Si ces risques devaient se concrétiser, ils pourraient le faire très rapidement sous la forme d’une augmentation significative des licenciements et d’une hausse du chômage », a ajouté Powell.

Powell va-t-il recourir à une baisse de taux conséquente ?

Il ne manque donc pas d’économistes, peu nombreux en réalité, qui estiment que lors du prochain Fed Day, mercredi 17 septembre, la Banque centrale américaine pourrait même réitérer ce qu’elle a fait lors de la réunion de septembre 2024, lorsqu’elle a lancé le cycle de baisses en réduisant les taux d’un demi-point de pourcentage.

La division recherche de la Société Générale croit en cette possibilité et estime que le coût de l’argent sera réduit de 50 points de base lors du Fed Day de demain. Elle explique son point de vue par le fait que, même s’il y a encore des raisons de craindre la persistance de l’inflation, la politique modérément restrictive de la Fed serait désormais excessive.

SocGen n’est pas la seule à prévoir pratiquement un bazooka de la Fed sur les taux, car les analystes de Standard Chartered n’excluent pas a priori une baisse maximale de 50 points de base. Le consensus des économistes et des marchés est plus modéré, tablant plutôt sur une baisse des taux de 25 points de base. La probabilité d’une réduction de 50 points de base est, en général, pour le moins faible, telle qu’elle est calculée par les marchés, à peine 4 %.