L’OCDE a publié ses Perspectives Économiques, qui montrent que l’économie mondiale, qui a très bien résisté cette année, devrait s’essouffler en 2024 sous la pression des guerres en cours, d’une inflation toujours élevée et de taux d’intérêt qui continueront à restreindre l’accès au crédit. L’Organisation de coopération et de développement économiques, dont le siège est à Paris, a estimé que la croissance internationale ralentirait à 2,7 % en 2024, par rapport au rythme de 2,9 % prévu cette année. Il s’agirait de la reprise la plus lente depuis l’année de la pandémie en 2020.

Dans ce contexte, toutes les grandes puissances mondiales seront confrontées à des défis et à des risques l’année prochaine. Pour les États-Unis, la Chine et l’Europe, on s’attend à des périodes d’ombre et de lumière. Les grandes puissances mondiales vacillent dans un contexte mondial encore plein d’incertitudes.

Chine, États-Unis, Europe : estimations économiques de l’OCDE pour 2024

Les deux plus grandes économies du monde, les États-Unis et la Chine, ralentiront l’année prochaine. L’économie américaine ne devrait croître que de 1,5 % en 2024, contre 2,4 % en 2023. Les hausses de taux d’intérêt de la Réserve fédérale – 11 depuis mars 2022 – continueront à freiner la croissance. En outre, même si le risque d’un atterrissage brutal aux États-Unis et ailleurs s’est atténué, l’OCDE indique qu’une récession n’est pas exclue, compte tenu de la crise des marchés du logement, de la hausse potentielle des prix du pétrole et du ralentissement du crédit.

Les taux plus élevés de la Fed, en particulier, ont rendu les prêts beaucoup plus chers pour les consommateurs et les entreprises. Dans cette dynamique, l’inflation s’est toutefois ralentie par rapport au pic de quatre décennies atteint en 2022. L’OCDE prévoit que l’inflation américaine passera de 3,9 % cette année à 2,8 % en 2024 et à 2,2 % en 2025, soit juste au-dessus du niveau cible de 2 %.

L’économie chinoise, touchée par une crise immobilière majeure, une hausse du chômage et un ralentissement des exportations, devrait croître de 4,7 % en 2024, contre 5,2 % cette année.

La croissance de la consommation en Chine “devrait rester modérée en raison d’une augmentation de l’épargne de précaution, de perspectives plus sombres en matière de création d’emplois et d’une incertitude accrue“, a déclaré l’OCDE.

Les 20 pays qui partagent l’Euro contribuent probablement aussi au ralentissement mondial. La zone euro a été touchée par la hausse des taux d’intérêt et la flambée des prix de l’énergie qui a suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’OCDE prévoit que la croissance collective de la région sera de 0,9 % l’année prochaine : c’est faible, mais cela représente tout de même une amélioration par rapport à la croissance prévue de 0,6 % en 2023.

Risques pour l’économie mondiale selon l’OCDE

L’OCDE a prévenu que les perspectives de l’économie mondiale restaient assombries par une croissance mondiale toujours atone, une politique monétaire nécessairement encore restrictive, des échanges commerciaux faibles et une baisse de la confiance des entreprises et des consommateurs. Les défis ne manquent pas non plus. Le secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, a lancé un avertissement :

À long terme, nos projections montrent une augmentation significative de la dette publique, en partie à cause d’un nouveau ralentissement de la croissance. Pour assurer une croissance plus forte, nous devons stimuler la concurrence, l’investissement et les compétences et améliorer la coopération multilatérale pour relever des défis communs, tels que la revitalisation des flux commerciaux mondiaux et l’adoption d’une action transformatrice face au changement climatique“.

En outre, l’OCDE a averti que l’économie mondiale est confrontée à de nouveaux risques liés à la montée des tensions géopolitiques résultant de la guerre entre Israël et le Hamas, “en particulier si le conflit devait s’étendre”. “Cela pourrait entraîner des perturbations significatives sur les marchés de l’énergie et les principales routes commerciales”, a-t-il ajouté.

Les deux prochaines années restent donc très incertaines et trop de variables imprévisibles risquent de se transformer en mauvaises surprises. La dynamique géopolitique et l’augmentation du fardeau de la dette sont des signaux d’alarme à ne pas sous-estimer.