
La réputation de l’or en tant que « valeur refuge » a été menacée la semaine dernière par l’annonce, puis retirée, du président américain de vouloir imposer un droit de douane de 39 % sur les importations de lingots en provenance de Suisse. Une correction temporaire du prix du métal précieux a toutefois été suivie d’une reprise qui l’a ramené à plus de 3 350 dollars l’once.
Perspectives pour le prix de l’or
Dans un contexte de marchés financiers secoués par les tensions géopolitiques et sensibles aux déclarations de Trump, la tendance haussière de l’or est-elle toujours solide ? Et quel niveau pourrait-il atteindre dans les prochains mois ? Selon Christopher Louney, analyste chez Rbc Capital Markets, le potentiel de hausse provient non seulement des anticipations de baisse des taux américains, mais aussi des craintes de stagflation et des inquiétudes concernant l’indépendance de la FED, tandis que les flux d’investissements vers les ETP (Exchange Traded Funds) restent solides en août.
Le prix de l’or est également soutenu par la demande des banques centrales, qui reste « très élevée, après le record des trois dernières années », selon Stefano Gianti, analyste chez Swissquote. Plus précisément, depuis 2020, les banques centrales ont accumulé plus de 3 000 tonnes d’or. Une tendance structurelle qui, selon J.P. Morgan, se poursuivra cette année et l’année prochaine.
Toutefois, en matière de prix, Laura Cooper, responsable macro-crédit et stratège en investissement mondial chez Nuveen, a un objectif précis en tête, celui de 3 700 dollars l’once en 2026.
« La combinaison de l’assouplissement monétaire, de la faiblesse persistante du dollar et de la forte accumulation par les banques centrales indique une tendance à la hausse des prix. Si l’inflation s’avérait persistante, cela renforcerait encore le rôle de l’or comme couverture » selon Laura Cooper
Parmi les risques à la baisse figurent en revanche un rebond du dollar et une attitude plus restrictive de la Fed, ou encore un apaisement significatif des tensions géopolitiques, autant de facteurs qui pourraient entraîner une période de consolidation ou de recul. Les experts de Gamma Capital Markets sont également optimistes quant aux perspectives du métal jaune. A court terme, le prix de l’or devrait se maintenir dans une fourchette de 3 600 à 3 700 dollars l’once.
Au cours des 12 prochains mois, il pourrait toutefois atteindre 5 000 dollars l’once si l’instabilité géopolitique, le risque d’inflation élevée et la forte demande des investisseurs institutionnels, y compris les États et les banques centrales, persistent.
Les autres métaux précieux
Outre l’or, d’autres métaux précieux peuvent constituer une alternative intéressante pour ceux qui souhaitent profiter de la hausse attendue des prix. Il convient notamment de surveiller de près l’argent et le palladium. Depuis plusieurs années, la demande industrielle d’argent est en forte croissance, tirée par les composants pour panneaux photovoltaïques, mais aussi pour les voitures électriques.
Contrairement à l’or, le prix du métal gris « n’a pas encore atteint son niveau historique, qui se situe autour de 50 dollars l’once, soit environ 30 % de plus que les valeurs actuelles ».
Vient ensuite le platine, qui a connu une forte hausse au début de l’année 2025, repassant au-dessus de la barre des 1 500 dollars l’once. Il a ensuite connu un revers, avec une baisse de 10 %, et son prix semble bien se maintenir entre 1 300 et 1 350 dollars l’once.
« Sur le plan fondamental, la situation semble intéressante et ceux qui attendaient pourraient maintenant vouloir se lancer », déclare l’analyste de Swissquote. Pour la stratège de Nuveen, l’argent présente également un bon potentiel. Sa double identité de métal précieux et industriel signifie qu’il « pourrait bénéficier de la demande de valeurs refuges tout en profitant de toute reprise des investissements, compte tenu de son utilisation dans l’électronique, l’intelligence artificielle, la défense et les technologies vertes ».
Le platine pourrait quant à lui afficher une relative vigueur si le secteur automobile venait à s’améliorer. Cela dit, il faut garder à l’esprit que ces deux métaux sont plus cycliques que l’or et pourraient sous-performer si la croissance mondiale venait à ralentir de manière significative.
Les choix des gérants de fonds
Selon la dernière enquête menée par Bank of America auprès des gérants de fonds, seuls 9 % des investisseurs sont exposés aux cryptomonnaies, tandis que 48 % détiennent des positions en or. Dans quelle mesure ces pourcentages pourraient-ils évoluer à l’avenir ? Selon l’analyste de Gamma Capital Markets, les investisseurs continueront probablement à privilégier l’or (qui a augmenté de 36 % en un an) par rapport aux cryptomonnaies (+105 % au cours des 12 derniers mois).
Le métal jaune reste en effet « la valeur refuge par excellence, appréciée pour protéger le capital en période de volatilité des marchés, de tensions géopolitiques ou d’inflation élevée, et conserve une place stable dans les portefeuilles institutionnels ». Les cryptomonnaies restent en revanche des instruments hautement spéculatifs, caractérisés par une forte volatilité et dépourvus d’une histoire consolidée en tant qu’instrument de protection du capital.