Ce phénomène n’est certes pas nouveau et vient initialement des Etats-Unis (né dans les années 90 et arrivé en France dix ans plus tard). Les mompreneurs sont des femmes qui décident de créer une entreprise ou de s’inscrire en tant qu’indépendantes avec pour objectif de concilier plus facilement vie professionnelle et personnelle. Le Covid-19 a accentué le mouvement. Pour autant, est-ce qu’au final, toutes les femmes s’y retrouvent ?

Pourquoi faire le choix d’être mompreneur (ou mompreneuse) ?

Pour certaines femmes, c’est une évidence. La naissance de leur enfant est un électrochoc et elles ne s’imaginent plus travailler comme avant. Elles veulent voir grandir et évoluer leur bébé. Pour d’autres, le déclic se fait plus tard, comme on a pu le voir parfois après les épisodes de confinement. Les parents ont eu l’impression de ne pas avoir accompagné leurs enfants, de les découvrir, parfois, lors de cette restriction où ils ont passé 24h par jour avec eux, 7 jours sur 7. Avant, ils les voyaient quelques heures, matin et soir, avant et après le travail, et les week-ends.

D’autres n’ont pas vraiment le choix. Dans certaines professions avec des horaires décalés, il est difficile de trouver un moyen de garde. Les parents qui ne se sont pas renseignés en amont, se retrouvent avec un ou des enfants impossibles à faire garder et doivent trouver une solution.

Le profil des mompreneuses est généralement celui de femmes qui ont passé la trentaine et abordent la quarantaine et qui ont des enfants en bas-âge. Souvent, quand elles avaient un emploi salarié, c’était un poste à responsabilité, ce qui supposait beaucoup d’heures en dehors de la maison et peu de temps à consacrer à leurs enfants.

Très impliquées néanmoins dans leur rôle de parent, elles avaient tendance à culpabiliser de ne pas faire partie de ces mamans qui attendent leur enfant à la sortie de l’école, qui ne peuvent pas les accompagner à pied le matin ou encore faire des sorties, voire les chercher le midi pour leur éviter la cantine. En réfléchissant, elles se disent qu’en étant à leur compte, elles auront plus de temps pour leur progéniture. Est-ce vraiment le cas ?

Mompreneur : la réalité derrière le mythe

Choisir son emploi du temps, comme tout chef d’entreprise et donc, pouvoir consacrer plus de temps à ses proches, voilà le crédo des femmes qui décident de se mettre à leur compte. Mais qu’en est-il en réalité ? Même si cela n’est pas représentatif de toutes les situations, on peut dire que globalement, les mamans entrepreneuses travaillent plus que lorsqu’elles avaient un emploi salarié, sans compter qu’elles s’acquittent toujours des tâches domestiques et qu’elles gagnent moins.

Certaines se rendent compte qu’elles ont besoin de l’émulation des autres pour se challenger et peuvent rapidement se sentir dépassées. Elles n’arrivent pas à se motiver à travailler. Un tableau que l’on pourrait qualifier de sombre. Pourtant, beaucoup d’entre elles ; si elles ressentent parfois de l’angoisse, quand elles ne gagnent pas beaucoup ; ne regrettent pas leur décision.

Des mamans témoignent qu’elles ont parfois triplé leur temps de travail pour 1 000 euros de salaire net en moins par mois. Pourtant, elles ont la liberté, si elles le souhaitent d’aller chercher les enfants à l’école, de faire leurs courses en évitant la cohue du week-end, de travailler le week-end ou la nuit si elles le souhaitent quand la maisonnée dort.

Pour arriver à tout concilier, il est important d’être rigoureuse et ordonnée. Il n’est pas rare que ces mamans ; fières de leur emploi du temps libre ; soient obligées de tenir un planning au cordeau pour n’oublier aucun rendez-vous professionnel mais aussi pour se rappeler d’aller rechercher la petite dernière à son cours de danse du mercredi.

Idéal, le statut de mompreneuse ? Non, certainement pas. Il est évident qu’aucun emploi ne l’est non plus. Il faut simplement se poser les bonnes questions et savoir de quoi on est capables avant de se lancer.

C’est la peur d’être une « mère indigne » qui pousse beaucoup de ces mamans à se lancer. N’est-ce pas l’image que leur renvoie la société où une personne est toujours tenue de donner le meilleur d’elle-même dans tous les domaines ? Si c’était cela qu’il fallait changer ? Car beaucoup de femmes l’avouent : elles trouvent injuste que la société, au final, leur demande encore, en 2023, de choisir entre une carrière professionnelle et l’envie de maternité.