
« J’ai eu une discussion productive avec l’ambassadeur Greer en marge de la réunion des ministres du Commerce de l’OCDE », a écrit M. Sefcovic sur Twitter. « Nous avançons dans la bonne direction, à un rythme soutenu, et nous restons en contact étroit pour maintenir la dynamique. »
Pour le commissaire, « un résultat positif est possible. Ce qui me rend optimiste, ce sont les progrès réalisés : je sais d’où nous partons, je connais les positions initiales et je constate que les discussions sont aujourd’hui très concrètes. Nous parlons de secteurs et de domaines spécifiques, ainsi que d’une possible zone d’atterrissage pour l’accord. Cela me rend optimiste ».
Les détails des discussions entre l’UE et les États-Unis
« Les États-Unis ont publié un rapport économique début 2025 dans lequel ils analysent les barrières commerciales perçues avec tous leurs partenaires, y compris l’UE. Il comporte des chapitres spécifiques sur les droits de douane et l’accès au marché. C’est la base de notre première discussion : clarifier et expliquer comment fonctionne le système européen, où nous pouvons être flexibles et où nous ne le pouvons pas », a déclaré M. Sefcovic lors d’un point presse après sa rencontre avec M. Greer.
Une autre partie des négociations porte sur « les investissements et les acquisitions publiques, afin de comprendre comment tout cela influence le déficit commercial des États-Unis envers l’UE ». D’une manière générale, ajoute le commissaire, « il existe des questions horizontales sur lesquelles nous pouvons faire beaucoup ensemble, notamment les semi-conducteurs, l’IA, la sécurité énergétique, une approche commune sur les minéraux critiques, la production d’acier et l’automobile ».
Les droits de douane sur l’acier et l’aluminium doublent
La rencontre avec les États-Unis intervient le jour où les droits de douane sur l’acier et l’aluminium doublent, passant de 25 % à 50 %. « Nous en avons discuté avec Greer et je lui ai expliqué que nous regrettons beaucoup cette décision, car elle ne facilite pas les négociations, surtout maintenant que nous faisons des progrès », commente Sefcovic.
« Ces 50 % sont vraiment une surprise pour nous, car il était clair dès le début que l’UE ne représentait pas un réel problème pour les États-Unis dans ce secteur. Nous exportons un peu plus de 4 millions de tonnes d’acier hautement spécialisé, nécessaire à l’industrie américaine pour des productions spécifiques, et nous sommes confrontés au même défi mondial de surcapacité. J’ai toujours appelé à ne pas nous nuire mutuellement, mais à travailler ensemble pour faire face à ce problème mondial »
Il fait principalement référence à la Chine, qui inonde les marchés mondiaux avec son acier à bas prix. C’est pourquoi M. Sefcovic a également profité du sommet de l’OCDE pour rencontrer le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao. Les deux hommes politiques ont discuté de la manière de « rééquilibrer les échanges et les investissements et d’uniformiser les conditions de concurrence » en vue du sommet de juillet à Pékin.
Les revirements de Trump
Ces derniers jours, Trump avait également augmenté les droits de douane réciproques contre l’UE, les faisant passer de 20 à 50 %. Cette mesure visait à faire pression sur Bruxelles et à l’inciter à accélérer les négociations jugées « décevantes ». Cette fois encore, le président américain a suspendu les hausses jusqu’au 9 juillet grâce à échange téléphonique avec la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Les deux dirigeants ont convenu d’un changement de cap qui semble avoir accéléré les négociations.
Toutefois, une série de questions restent en suspens. L’UE continue de miser sur la suppression des droits de douane des deux côtés de l’Atlantique et a proposé d’augmenter ses achats de gaz naturel liquéfié et de produits agricoles américains (comme le soja) afin d’équilibrer les échanges et de réduire l’excédent commercial en faveur des Européens.
Mais les États-Unis souhaiteraient également obtenir des concessions unilatérales. Trump considère la TVA européenne comme un droit indirect et réclame depuis longtemps des règles moins restrictives pour les géants de la technologie. Autre point controversé, les normes sanitaires qui freinent l’entrée de plusieurs produits américains en Europe. Sur ces points, l’UE ne semble toutefois pas disposée à céder, car il s’agit de règles visant à protéger la concurrence et la santé des consommateurs.
Une aide inattendue pour l’UE
Il ne sera pas facile de trouver un accord, c’est pourquoi la Commission poursuit ses travaux sur la deuxième liste de contre-droits de douane, prêts à être appliqués en cas d’échec des négociations. Pour sortir de l’impasse, l’UE semblait disposée à accepter que les droits de douane américains ne soient pas supprimés, mais maintenus à 10 %.
Puis, la Cour internationale du commerce des États-Unis a annulé les droits de douane de Trump, qui a immédiatement fait appel. Les juges de deuxième instance ont suspendu la décision de première instance avant d’examiner le fond de l’affaire. L’UE attend avec impatience l’issue de cette affaire judiciaire, qui pourrait se transformer en une aide inattendue dans la guerre commerciale avec les États-Unis.