À l’approche des rapports trimestriels, les banques européennes sont sous les feux de la rampe et les analystes se demandent si l’augmentation des bénéfices et le boom des paiements aux actionnaires vont se poursuivre. La hausse des taux d’intérêt, qui a fait grimper les bénéfices en flèche, s’atténue maintenant, avant les premières réductions du coût de l’argent, et les faibles perspectives économiques de la zone euro pourraient avoir un impact sur les comptes des banques.

L’indice bancaire STOXX Europe 600 a atteint ce mois-ci son plus haut niveau depuis la mi-2018, grâce à un rebond de la rentabilité avec des taux plus élevés, des paiements records aux actionnaires et de faibles provisions pour créances douteuses. Cependant, si les dirigeants des banques ont jusqu’à présent bénéficié de ces bonnes performances, les investisseurs craignent que la situation ne change.

Les risques pour les banques européennes augmentent dans un environnement en mutation, certaines banques ayant déjà été averties par les autorités – comme en Allemagne – de défaillances potentielles de prêts et de la nécessité d’augmenter les provisions.

Banques européennes, les comptes ne s’additionnent pas ?

Dans une analyse précédant les rapports trimestriels des banques européennes en cette dernière semaine de janvier, Reuters a mis en garde contre ce qui pourrait bientôt arriver aux comptes des grandes banques européennes. Les sociétés bancaires, qui tirent l’essentiel de leurs revenus de la différence entre les revenus des prêts et le coût des dépôts, ont le plus bénéficié de la hausse des taux, mais des banques plus importantes et plus diversifiées, telles que Deutsche et BNP Paribas, ont également enregistré des bénéfices dans cet environnement.

Toutefois, l’ambiance est actuellement plus nerveuse. Les investisseurs ont été rapidement réveillés par la légère baisse du revenu net d’intérêts (RNI) du quatrième trimestre de la banque espagnole Bankinter la semaine dernière. Ce résultat a fait chuter ses actions de 6 % et a entraîné les actions de ses concurrents dans leur chute.

Les analystes de JP Morgan préviennent que la baisse des taux entraînera un “cycle de dégradations” dans l’ensemble du secteur. Après une augmentation des revenus nets d’intérêts (RNI) estimée à 22 % en 2023, la banque s’attend à ce que les banques européennes affichent une croissance limitée des RNI cette année et une croissance nulle des bénéfices.

Les 2 risques pour les banques en Europe

Les investisseurs ont braqué les projecteurs sur la qualité des prêts des banques européennes, qui se détériore en raison des taux d’intérêt record. La flambée des coûts de financement ne s’est pas encore traduite concrètement dans les portefeuilles de prêts non performants des banques et l’on craint que d’autres défaillances ne surviennent dans le courant de l’année. Jusqu’à présent, selon l’analyse, le seul véritable stress s’est manifesté dans le secteur de l’immobilier commercial, en particulier en Suède et en Allemagne.

Toutefois, selon les évaluations d’Algebris, l’assainissement des créances douteuses au cours des dernières années a été si important en Europe du Sud, et la demande de nouveaux prêts si faible, que les créances douteuses resteront peu nombreuses.

Toutefois, le deuxième risque auquel sont confrontées les banques en Europe est lié aux faibles prévisions de croissance économique qui, selon les prévisions, freineront la demande de prêts dans l’ensemble de l’Union.

Taux de la BCE bloqués à 4,50 % : quel impact ?

Il n’y a aucun signe d’une vague de défaillances, mais les entreprises sont réticentes à investir. Le retard d’investissement dans l’économie allemande s’accroît chaque jour. 2024 pourrait donc être une année très différente des précédentes pour les organismes de crédit en Europe. En raison de l’assouplissement de la politique des taux d’intérêt de la BCE et d’une économie plus faible qu’ailleurs, les banques pourraient voir leurs bilans se réduire.