Alors que Wall Street bat tous les records et que l’Europe observe avec inquiétude les initiatives de Trump, un autre monde évolue en coulisses : celui des marchés émergents. Souvent peu explorés et méconnus, nombre d’entre eux donnent entière satisfaction à ceux qui ont décidé d’y investir. Un cas qui a fait parler de lui est celui de la bourse israélienne qui, en plein conflit au Moyen-Orient dont elle est l’un des principaux protagonistes, a atteint en juillet son plus haut niveau historique.

L’indice boursier de Tel Aviv (qui, techniquement, n’est pas classé comme marché émergent) est composé d’un duopole presque parfait entre les banques et les valeurs technologiques (principalement la cybersécurité), mais il n’est pas accessible aux investisseurs particuliers via les ETF. Une opportunité dont bénéficient en revanche les investisseurs américains.

Un univers à découvrir

Cependant, pour ceux qui souhaitent tenter leur chance avec des indices alternatifs à ceux traditionnels en utilisant des fonds passifs, les opportunités ne manquent pas : les investisseurs européens ont en effet à leur disposition des ETF UCITS sur pas moins de 15 pays classés comme émergents selon le fournisseur d’indices MSCI.

Le tableau ci-dessous les classe en fonction de leur performance depuis le début de l’année, en tenant compte pour chaque marché de l’ETF le plus important en termes d’actifs sous gestion. Un indice diversifié sur les marchés émergents et un indice sur les actions mondiales ont été utilisés comme références. Tous les rendements sont exprimés en euros et la devise des fonds est également indiquée, qui est le dollar américain dans tous les cas sauf un.

ETF ISIN Dimensions (en millions d’euros) Ter (%) Devise Performance 2025 (%) Performance sur 3 ans (%) Performance sur 5 ans (%)

Grèce*

 

Amundi MSCI Greece Dist

 

FR0010405431

 

222

 

0,45

 

EUR

 

42,9 %

 

174,9 %

 

239,4 %

Pologne*

iShares MSCI Poland (Acc)

IE00B4M7GH52
231
0,74

USD

34,3 %

121,6 %

82 %

Corée du Sud

 

Franklin FTSE Korea

 

IE00BHZRR030

839

0,09

 

USD

26,7 %

18,1 %

33,0 %

Mexique

 

Xtrackers MSCI Mexico

 

LU0476289466

437

0,65

USD

15,6 %

24,4 %

107,8 %

Afrique du Sud

 

iShares MSCI South Africa

 

IE00B52XQP83

115

0,65

USD

14,9 %

31,6 %

59,3 %

Brésil

 

iShares MSCI Brazil (DE) (Acc)

 

DE000A0Q4R85

2,207

Ter (%)

0,31

USD

10,1 %

15,1 %

25,4 %

Chine

iShares MSCI China UCITS ETF (Acc)

IE00BJ5JPG56

2 821

0,28

USD

7,7 %

4,5 %

-14,4 %

ÉMERGENTS

iShares Core MSCI Emerging Markets IMI

 

IE00BKM4GZ66

22 455

0,18

USD

4,1 %

22,1 %

34,6 %

Taïwan

iShares MSCI Taiwan

IE00B0M63623

443

0,74

USD

0,9 %

48,1 %

104,9 %

ACTIONS MONDIALES

iShares Core MSCI World (Acc)

IE00B4L5Y983

94,141

0,2

USD

-1,5 %

43 %

87,6 %

Philippines*

Xtrackers MSCI Philippines

LU0592215403

27

0,65

 

USD

-4,7 %

0 %

8,5 %

Inde

iShares MSCI India (Acc)

ISIN

IE00BZCQB185

4 773

0,65

USD

-6,6 %

27,7 %

107 %

Malaisie*

Xtrackers MSCI Malaysia

LU0514694370

27

0,5

USD

-12,1 %

6,5 %

3,8 %

Arabie saoudite

 

iShares MSCI Saudi Arabia Capped (Acc)

IE00BYYR0489

329

0,6

USD

-14,5 %

-14,2 %

52,8 %

Indonésie

HSBC MSCI Indonesia

IE00B46G8275

163

0,5

USD

-14,5 %

-17,4 %

8,1 %

Turquie

iShares MSCI Turkey

IE00B1FZS574

99

0,74

USD

-15,2 %

82,6 %

51,9 %

Thaïlande*

Xtrackers MSCI Thailand

LU0514694701

83

0,5

USD

-17,7 %

-16,3 %

-8,5 %

Cela signifie qu’un investisseur souhaitant s’approcher de ces marchés doit tenir compte d’un double risque de change : celui entre la devise locale et le dollar, puis celui entre l’euro et la devise américaine. Morale : il ne s’agit certainement pas d’investissements faciles, et par conséquent, un pari sur l’un de ces indices ne devrait jamais représenter une part trop importante du portefeuille global.

L’attrait d’Athènes

Ce qui saute immédiatement aux yeux, c’est que le meilleur indice absolu est celui de la bourse d’Athènes : 42,9 % en 2025, 175 % sur un horizon de trois ans, 239 % sur une perspective quinquennale. Même s’il convient de préciser que la bourse grecque aura encore un long chemin à parcourir pour retrouver son niveau d’avant la grande crise financière, à l’issue de laquelle elle avait également perdu son statut de marché développé (jamais récupéré).

Selon MSCI, les fondamentaux montrent que la bourse d’Athènes est encore fortement décotée par rapport à un indice émergent diversifié : le ratio cours/bénéfices attendus à 12 mois est inférieur à 9, contre 12,7 pour l’indice de référence généraliste. De plus, un ETF sur la Grèce a tous ses sous-jacents en euros, ce qui annule le risque de change. Mais attention au poids des secteurs dans le portefeuille : en achetant l’indice d’Athènes, on s’expose en grande partie (près des deux tiers du total) au seul secteur bancaire.

De Varsovie à Séoul

En général, un indice diversifié sur les marchés émergents est plus déséquilibré qu’un panier mondial généraliste sur le secteur financier : 22 % du portefeuille contre 14,5 %. Alors que la technologie, qui pèse environ 26 % dans le MSCI World, tombe à 21 % parmi les émergents. Cependant, il existe également des indices dans lesquels la finance dépasse la moitié du total.

Outre la Grèce, le deuxième indice en termes de performance en 2025, celui de la Pologne (+34 % de rendement pour le seul ETF dédié), est exposé à 51 % au secteur bancaire. Mais parmi les principales participations figure également Cd Projekt : une entreprise connue des amateurs de jeux vidéo pour les titres de la saga fantastique The Witcher, qui a récemment été reconnue par Bloomberg comme le titre le plus cher de tout l’indice Stoxx 600.

Plus à l’est se trouve le troisième meilleur marché émergent en termes de rendement depuis le début de l’année : la Corée du Sud (+26,7 %, le plus grand ETF géographique), où l’indice Kospi a récemment atteint son plus haut niveau depuis trois ans, favorisé également par l’arrivée massive d’investisseurs étrangers. Même si les analystes de Bloomberg ont constaté ces derniers jours une forte augmentation des positions courtes sur l’indice. Également en baisse (coté à moins de 10 fois les bénéfices attendus, selon Msci), le Kospi est exposé à la technologie à hauteur de 40 % du total. Mais là aussi, il existe un important déficit de diversification : le géant Samsung représente à lui seul plus d’un cinquième du panier total.

L’Inde est-elle trop chère ?

Depuis le début de l’année, et toujours en tenant compte de la performance en euros, sept indices nationaux parviennent à battre le panier diversifié des marchés émergents (+4,1 %).

Outre les trois déjà cités, il s’agit du Mexique (+15,6 %), de l’Afrique du Sud (+24,4 %), du Brésil (+10,1 %) et du Msci China (+7,7 %), l’indice qui comprend à la fois les sociétés nationales du Dragon et celles cotées à Hong Kong et sur d’autres places boursières internationales. En comparaison avec le marché boursier mondial, Taïwan parvient également à s’imposer : +0,9 % contre -1,5 %. Sur cinq ans, seules quatre zones géographiques émergentes ont pris le dessus sur les marchés mondiaux. Il s’agit de la Grèce, du Mexique (+108 %), de Taïwan (+105 %) et de l’Inde (+107 %).

Le marché de Mumbai a été le grand protagoniste des marchés émergents ces dernières années. Les fonds internationaux l’ont souvent considéré comme une nouvelle Chine alors que Pékin était en pleine crise en raison de l’effondrement du secteur immobilier. Mais aujourd’hui, il ralentit (-6,6 % depuis le début de l’année) et montre des signes de surévaluation : le ratio cours/bénéfices attendus est de près de 23, soit plus du double de l’indice des marchés émergents en dollars.

SOS Asie du Sud-Est

Qui se trouve en bas du classement ? C’est l’Asie du Sud-Est qui ressort le plus affaibli. Un ETF sur l’indice Msci Thailand a perdu près de 18 % depuis le début de l’année, il est également en baisse sur trois et cinq ans et est surévalué par rapport au panier des marchés émergents en dollars (ratio cours/bénéfice attendu de 13,4 contre 12,7). La raison réside dans la forte dépendance au commerce extérieur de ces pays et, plus généralement, de ceux de la région, qui comptent parmi les victimes les plus illustres de la « guerre des droits de douane » déclenchée par Donald Trump.

C’est là que réside la plus grande complexité des marchés émergents : de grandes opportunités, mais aussi des risques structurels assez difficiles à gérer. Il convient donc de les traiter avec prudence.