
Inflation dans la zone euro, ce qui ressort de la lecture finale des données d’avril
L’indicateur final, communiqué par Eurostat, vient d’être annoncé et confirme les chiffres publiés dans les données préliminaires d’avril. La tendance de l’inflation sous-jacente, c’est-à-dire l’inflation hors composantes les plus volatiles que sont les prix des denrées alimentaires et de l’énergie, a également été confirmée, avec une hausse de 2,7 % en glissement annuel en avril, contre +2,5 % en mars.
Les données relatives à l’inflation dans la zone euro ont été publiées quelques heures après les déclarations du faucon du Conseil des gouverneurs de la BCE, à savoir le gouverneur de la banque centrale belge, Pierre Wunsch, qui, dans une interview accordée au Financial Times en vue de la prochaine réunion de l’institution, prévue le 5 juin 2025, a admis que « si vous regardez l’économie, aux chocs auxquels nous sommes confrontés et à l’incertitude qui pèse sur la croissance », il apparaît qu’un contexte pourrait justifier des baisses des taux de dépôt à un niveau « légèrement inférieur à 2 % ».
Il convient de noter que le taux de dépôt dans la zone euro est actuellement de 2,25 %, après la septième baisse en moins d’un an décidée par la BCE lors de sa dernière réunion du 17 avril dernier.
C’est donc le faucon Wunsch lui-même qui a relancé l’option selon laquelle la Banque Centrale Européenne, malgré les appels de plus en plus bellicistes de ces dernières semaines, notamment les nouvelles prévisions de Goldman Sachs, pourrait finalement envisager de ramener les taux d’intérêt sous la barre des 2 %. Pour l’instant, selon les données de Reuters rapportées par le Financial Times, les marchés prévoient que la BCE réduira ses taux de 25 points de base en juin, puis à nouveau au second semestre, pour ramener les taux de dépôt, en particulier, à 1,75 %.
Certains économistes, souligne toutefois le quotidien financier, affirment que l’Eurotower sera ensuite contrainte de relever à nouveau ses taux en 2026. Commentant les perspectives de taux évaluées par les marchés, M. Wunsch a déclaré au FT qu’il n’était pas « surpris » par ces prévisions, soulignant que « vers la fin de 2025, nous pourrions être modérément favorables » à des baisses qui ramèneraient le coût de l’argent dans la zone euro sous la barre des 2 %.
Il s’agit d’un revirement majeur de la part du représentant hawkish de la BCE qui, en février dernier, avait déclaré au quotidien londonien que la banque centrale ne devait pas se diriger vers le seuil de 2 % des taux en pilote automatique, « comme un somnambule et sans réfléchir ».
Les droits de douane de Trump ont provoqué un choc négatif à court terme
Il semble évident que même pour M. Wunsch, il y aurait place pour une série de coupes qui feraient passer les taux d’intérêt de la zone euro sous la barre des 2 %, en raison, selon lui, de l’annonce des droits de douane réciproques par le président américain Donald Trump qui, à son avis, a créé un « risque clair de baisse de l’inflation » dans la zone euro, tout en augmentant les menaces qui pèsent sur la croissance du PIB.
Il est donc probable, selon le banquier central, qu’à court terme, un choc négatif se produise pour l’économie de la zone euro, suivi d’un « choc positif en 2026 et 2027 » qui pourrait ensuite conduire Lagarde à relever les taux dès l’année prochaine, selon certains économistes.
Ce choc positif résulterait plus précisément des nouveaux plans de l’Allemagne dirigée par le chancelier Friedrich Merz, qui prévoit des dépenses financées par des emprunts pouvant atteindre 1 000 milliards d’euros afin de renforcer à la fois les infrastructures et l’armée. Des dépenses qui, selon M. Wunsch, ne parviendront toutefois pas à compenser les pressions déflationnistes auxquelles l’économie de la zone euro sera soumise en raison des droits de douane imposés par Trump, du moins à court terme, en raison également du renforcement de l’euro par rapport au dollar et de l’avalanche d’exportations chinoises qui déferleront sur le marché européen.
Par conséquent, si, d’une part, le gouverneur belge a déclaré lui-même qu’il ne « priait » pas pour que la BCE réduise les taux d’intérêt à moins de 2 %, il est tout aussi vrai, selon ses propres termes, qu’il est « ouvert à cette possibilité », car « les politiques budgétaires prennent du temps avant de soutenir » l’économie.
En résumé, la vérité est que le bazooka fiscal allemand annoncé par Berlin n’aura pas d’effet immédiat sur la croissance du PIB de la zone euro (et donc sur l’inflation dans la zone). Le Fonds monétaire international (FMI) lui-même, qui a donné un conseil précis à l’Eurotower, devrait désormais se faire une raison.
Où les prix augmentent le plus (et le moins) en Europe ?
Pour en revenir aux données publiées ce lundi 19 mai sur l’inflation dans la zone euro, Eurostat a annoncé que, dans l’ensemble de l’Union européenne, le taux d’inflation annuel s’est établi à 2,4 % en avril, en baisse par rapport à 2,5 % en mars et à 2,6 % à la même période en 2024. La tendance à la hausse des prix a été plus faible en France (0,9 %), à Chypre (1,4 %) et au Danemark (1,5 %).
L’inflation a en revanche été plus forte, sur une base annuelle, en Roumanie (4,9 %), en Estonie (4 %) et en Hongrie (4,2 %). Sur une base mensuelle, donc par rapport au mois de mars 2025, l’inflation annuelle a globalement baissé dans 13 États membres, restant stable dans trois États et augmentant dans 11 autres.
Eurostat a expliqué que l’inflation des services qui a pesé pour 1,80 point de pourcentage (pp), suivie par l’inflation des prix des produits alimentaires, de l’alcool et du tabac (+0,57 pp) et des prix des biens industriels non énergétiques (+0,15 pp) a eu la plus forte incidence sur cette tendance. En revanche, la composante des prix de l’énergie (-0,35 pp) a eu un impact négatif sur l’inflation.
Les données qui viennent d’être publiées sur l’inflation dans la zone euro constituent une pièce cruciale du puzzle que Christine Lagarde est en train d’interpréter pour comprendre ce qu’il convient de faire lors de la prochaine réunion du 5 juin, ainsi que les autres indicateurs macroéconomiques qui ont été publiés récemment.