Brown-out : de quoi parle-t-on ?
Plus fréquent sans doute depuis l’épidémie de Covid-19, le brown-out se caractérise par un sentiment de perte de sens dans sa vie professionnelle. Loin d’être anodine, cette impression peut empêcher le salarié d’être performant, jouer sur sa motivation mais aussi sur sa santé mentale. Ce n’est pas à confondre avec le burn-out ou encore le bore-out.
Dans le premier cas, on parle de burn-out pour décrire un épuisement émotionnel et physique causé par une surcharge de travail. Dans le deuxième, le bore-out cause un ennui dû à des tâches inintéressantes ou répétitives dans le cadre du travail, ce qui crée une routine qui ne présente pas d’intérêt pour le salarié. « To bore » en anglais signifie s’ennuyer.
Les symptômes du brown-out
Si certains symptômes peuvent être physiques, la plupart seront psychologiques ou émotionnels. L’épuisement professionnel et le manque de sens peuvent induire une baisse d’énergie au moment de réaliser ses tâches professionnelles. Distraite, la personne atteinte d’un brown-out manquera de concentration, parce que tâches lui apparaissent inutiles.
Les projets et les discussions professionnels semblent sans intérêt, ce qui pousse la personne à se sentir démotivée et désengagée. Une personne peut ressentir une angoisse diffuse à l’idée de faire son travail, même si elle n’est pas surchargée, tout comme elle peut perdre patience rapidement, voire avoir des sautes d’humeur qui la rendent irritable.
Est-ce qu’un brown-out peut dégénérer en problème psychosocial ? C’est une évidence. Il a été prouvé que les troubles anxieux, la dépression et autres problèmes psychologiques sont induits par le stress, le manque de soutien social ou encore la perte de sens ; qui est la cause du brown-out.
Les 10 symptômes du brown-out en bref
- une perte de sens de son travail ;
- l’impression de ne pas se sentir inutile ;
- douter de sa capacité à réaliser une mission ;
- une démotivation qui ne s’atténue pas ;
- un manque d’énergie au travail ;
- une indifférence quant à son avenir professionnel ;
- une fatigue et un épuisement persistant :
- le besoin de s’isoler fréquemment ;
- une perte de patience rapide et une irritabilité ;
- la perte de l’envie de se lever pour aller travailler.
Souffrance au travail ou brown-out : les causes
Plusieurs causes ont été identifiées. Elles peuvent être connexes, pour certaines d’entre elles. Une personne peut ressentir que son emploi ne présente pas d’intérêt ou que ses tâches sont sans impact. Malgré tous ses efforts, la hiérarchie ou même ses collègues peuvent ne pas reconnaitre son travail et elle souffre d’un manque de reconnaissance.
Des processus trop complexes, des niveaux de validation sans fin peuvent être la cause d’un brown-out, ce qui révèle un dysfonctionnement structurel. Le résultat, et donc le travail effectué, ne peut pas être qualitatif à cause de règles trop strictes, ce qui peut être très stressant.
Constater tous les jours une dichotomie entre ses valeurs personnelles (par exemple pour la préservation de l’environnement) et celles de l’entreprise qui a une empreinte carbone importante du point de vue de son activité et ne met pas d’actions en place pour la diminuer est une raison pour certaines personnes de déclencher un brown-out.
Emettre des idées, faire preuve d’initiative et constater que l’on n’est pas entendu ou que cela n’est pas valorisé peut impacter une personne psychologiquement.
De même que comprendre qu’elle ne peut pas évoluer professionnellement, qu’elle ne pourra jamais développer de nouvelles compétences peut être minant pour le moral.
Quelles sont les solutions pour sortir d’un brown-out ?
Il est possible de sortir d’un brown-out, mais si une personne peut souhaiter guérir, elle ne peut pas le faire seule, puisque son sentiment est lié à son activité professionnelle. Son employeur a aussi un rôle à jouer, de manière préventive (idéalement) ou curative. Si l’on doit rester à ce poste et dans cette entreprise, il faut tenter de voir un lien entre les tâches usuelles et leur finalité, même s’il faut aller au-delà de la structure elle-même, ce qui demande un travail sur soi : qu’est-ce que le travail apporte aux clients ou encore à la société de manière large ? Cela permet de retrouver un sens.
Responsabilités supplémentaires, défis à relever, nouvelles compétences à acquérir : si l’on a identifié ce qui nous manque pour retrouver le goût du travail, il est important de s’en ouvrir à sa hiérarchie et pour cela demander un entretien avec son employeur ou son supérieur. Un bon manager est à l’écoute de ses salariés et peut mettre des actions en place pour favoriser le bien-être au travail.
Cela peut être l’occasion de redéfinir ses objectifs professionnels, en changeant de service ou en optant pour une reconversion professionnelle pourquoi pas, quitte à suivre pour cela une formation. La mobilité interne est un excellent moyen de vaincre le brown-out si c’est le manque d’évolution qui le cause.
Maintenant, cette solution ne peut s’appliquer que si l’employé souhaite rester dans la même structure. S’il s’aperçoit qu’elle ne correspond pas à ce qu’il souhaite faire, que sa hiérarchie est sourde à son mal-être, il existe toujours une alternative en la reconversion professionnelle. Pour arriver à cela, on peut par exemple faire un bilan de compétences, se réorienter pour changer de métier (PTP pour projet de transition professionnelle) par le biais du CPF (Compte Personnel de Formation).
Cela doit pourtant être bien réfléchi car si certaines personnes assument pleinement ce changement, quitte même à gagner moins pour une meilleure qualité de vie, d’autres regrettent leur vie d’avant. C’est donc une décision à mûrir et à ne pas prendre sur un coup de tête. Car il ne faut pas oublier qu’au-delà de l’aspect professionnel, le brown-out peut-être le symptôme d’un manque de repos, de temps pour soi, d’un stress trop intense. Il faut donc bien identifier la ou les causes.
Professionnels : les pistes à suivre pour éviter le brown-out chez ses salariés
Agir quand un salarié est victime d’un brown-out en écoutant ses aspirations et en tentant d’y apporter des réponses devrait être une chose qui va de soi. Cependant, mieux vaut toujours faire des actes préventifs. Clarifier les missions et les objectifs à atteindre (et qu’ils soient réalistes !), reconnaitre les efforts et le verbaliser y compris devant le reste de l’équipe, éliminer les démarches administratives et les règles trop contraignantes sont des éléments à mettre en place pour qu’aucun salarié ne trouve son travail inutile et vide de sens.
Mais il est également important d’offrir des opportunités de formation continue pour favoriser l’évolution de carrière et organiser des rencontres avec ses salariés en plus du bilan annuel si on en sent l’utilité (pourquoi ne pas le proposer et voir comment cela est accepté ?). Permettre l’autonomie, mais aussi la prise de décision, encourager l’initiative lors de nouveaux projets en mettant en place les moyens pour que cela voie le jour sont des actions préventives pour éviter l’apparition de cas de brown-out dans son entreprise mais aussi motiver les équipes qui se sentent valorisées en tant qu’individus et feront preuve de davantage de motivation.
Même si le chef d’entreprise peut y voir le moyen de limiter le risque de turn-over, d’arrêt de travail, de pertes financières pour cause de manque de personnel, il peut aussi être pour la culture du bien-être au travail. C’est en effet ce genre de critères qui peuvent attirer de nouveaux talents dans la structure au détriment d’autres entreprises concurrentes faisant moins attention au mieux-être de leurs collaborateurs. Une autre façon de se démarquer et d’ajouter une action à sa stratégie RSE ?