Quand on parle de secteurs en tension, la banque est rarement évoquée et pourtant. On assiste aujourd’hui à une pénurie massive de conseillers et les raisons à cela sont parfois étonnantes. Explications.

Un secteur qui embauche massivement : la banque

Cela pourrait rassurer quand on est jeune et que l’on cherche un emploi pérenne. La banque ou plutôt les banques recrutent et ce, massivement. L’année dernière, ce sont plus de 40 000 personnes qui ont ainsi pu trouver un emploi. Il n’empêche que le secteur connait une pénurie et des difficultés de recrutement sans précédent. La banque a beau être un des acteurs majeurs du marché de l’emploi et être qualifiée d’un des plus gros employeurs du secteur privé, on assiste depuis quelques années maintenant à une désaffection du métier. Pourquoi ? Plusieurs raisons sont évoquées pour répondre à cette question.

En premier lieu, beaucoup de banquiers partent à la retraite. Le secteur de la banque emploie généralement en CDI et il y a encore quelques décennies, le métier faisait rêver. C’était un emploi sûr, pérenne, dans lequel on pouvait envisager de faire toute sa carrière, ce que beaucoup de personnes ont fait. Le problème, c’est qu’entre temps, les pratiques ont évolué et les mentalités aussi. Les personnes qui partent à la retraite ne sont pas si facilement remplacées. Il y a donc des postes vacants.

Pourquoi y a-t-il une pénurie de conseillers dans les établissements bancaires ?

Sans que cela soit véritablement étonnant, la crise sanitaire du Covid-19 a créé également un effet de bascule. Tout commence quand un virus inconnu déferle sur le monde et contraint les différents gouvernements à établir un confinement, ce qui suppose une fermeture des établissements physiques ; et donc les banques. Pourtant, malgré tout cela, la banque (tout comme l’assurance) doit fonctionner. Les clients ne peuvent plus venir chercher de l’argent, peu de services sont encore dématérialisés et les conseillers doivent s’adapter à ce changement très rapidement. Trop rapidement, pour certains.

Ils se rendent compte en outre que leur métier n’est pas épargné, en cas de crise et qu’il est possible que tout s’arrête en un instant. Les démissions, dans le secteur bancaire sont nombreuses d’autant que la dématérialisation ou transformation digitale a un impact sur le métier. Alors que les banques étaient des établissements séculaires, avec un mode de fonctionnement immuable depuis des décennies, les banques en ligne sont venues jouer les trouble-fête et par la suite, les néo banques.

D’abord sceptiques, les clients ont fini par se laisser séduire, voire, les préférer. Moins de frais, des horaires élargis qui correspondent plus à leur emploi du temps : bref des atouts indéniables, même si tout n’est pas parfait. La dématérialisation de certains actes a eu un effet sur les services. Certains actes peuvent se faire de manière automatique. Des postes ont été supprimés et en peu de temps, certaines agences ont également fermé.

Les évolutions en interne ne font plus rêver et beaucoup aspirent désormais à des emplois plus sécurisants, même si les conseillers avaient signé un contrat en CDI. 39% des conseillers ainsi en poste ont préféré démissionner ou abandonné leur poste en 2018.

C’était donc avant la crise du Covid-19. On comprend que le mal-être et le malaise sont plus anciens et plus profonds et que la crise épidémique a été ; comme pour beaucoup de secteurs ; la goutte d’eau. Les départs sont plus massifs chez les personnes de moins de 40 qui constituaient à eux seuls la moitié des départs durant cette même année.

Pourtant, malgré ce désamour, le secteur bancaire reste dynamique et représente 1,7% de l’emploi salarié privé. Les avantages ne manquent pas : bonne rémunération et surtout hausse rapide des salaires, si l’on sait évoluer en interne, primes d’intéressement, 13ème mois, 27 jours de congés payés, 16 jours de RTT, sans compter les jours de fractionnement et certains jours en plus en fonction de l’ancienneté, possibilité de télétravail : le métier de conseiller n’a pas que des inconvénients. A soupeser, quand on s’interroge sur son avenir professionnel…