S’il est bien une réforme qui alarme les français, c’est celle de l’assurance chômage. Une étude démontre que les règles d’indemnisation qui sont instaurées ont une incidence certaine sur les comportements des demandeurs d’emploi à plusieurs niveaux.

Comment réagissent les demandeurs d’emploi quand ils arrivent en fin de droits ?

Ce sont deux professeurs universitaires (l’une travaillant dans l’Université de Pennsylvanie et l’autre à Copenhague) qui livrent une étude sur les comportements des demandeurs d’emploi français. Le panel est assez représentatif (500 000 personnes qui ont été inscrites au Pôle Emploi entre 2013 et 2017).

Pour que l’étude soit menée dans les bonnes conditions et qu’aucun résultat ne puisse être faussé, ces deux professeurs avaient en leur possession des informations relatives aux périodes d’emploi des personnes concernées, leur indemnisation et même les candidatures qu’elles pouvaient réaliser en ligne.

Que ressort-il de cette étude au niveau comportemental ? En premier lieu, alors que la recherche d’emploi et les candidatures spontanées effectuées sur Internet sont linéaires pendant toute la durée de l’indemnisation, elles sont fortement en recrudescence, lors du dernier trimestre d’indemnisation (50% plus intenses).

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Les exigences salariales varient selon la période d’indemnisation

Autre chose remarquée et qui est commune à toutes les personnes demandeurs d’emploi faisant partie de l’étude : les exigences salariales auxquelles prétendent les candidats, quand ils postulent. Dans les premiers temps de l’indemnisation (en se fondant donc sur les offres auxquelles ils candidatent), les exigences salariales sont assez fortes et d’autant plus si la période d’indemnisation est longue.

Pourtant, alors que la période d’indemnisation arrive à son terme, les exigences salariales sont revues à la baisse. Une baisse de 4% est constatée au niveau du salaire mensuel et les demandeurs d’emploi dans le dernier trimestre le descendent encore d’1%, pour pouvoir continuer à percevoir un revenu, quand leurs droits seront épuisés. D’autres études de ce type ont déjà été menées sur le public français et l’assurance chômage mais presque toujours par des professionnels européens et étrangers. Pourquoi cela reste-t-il embryonnaire au niveau de la France, alors qu’elle est la principale concernée par cette réforme ?

Pourtant, en ayant accès à tous ces éléments, les partenaires sociaux mais aussi les personnes en charge de la gestion de l’assurance-chômage auraient eu des clés pour proposer une réforme qui tienne compte de ces facteurs.

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Que faut-il penser de cette étude sur les DE français ?

L’analyse qui est faite par ces deux chercheurs est qu’une indemnisation plus généreuse va, de fait, accroître la durée du chômage, mais qu’à la fin, les demandeurs d’emploi vont accepter des emplois moins qualitatifs et moins payés.

Peut-on avancer une analyse moins cérébrale et plus pragmatique ? Est-il déraisonnable de penser que pendant la première phase d’indemnisation, les demandeurs d’emploi, forts de leur expérience et de leurs compétences professionnelles pensent qu’ils vont rapidement trouver un emploi, d’où leurs prétentions salariales ? Mais que, au fil des mois, constatant que leurs démarches ne portent pas leurs fruits, ils en viennent à souhaiter uniquement payer leur loyer et leurs factures en acceptant des emplois plus éloignés d’eux et en perdant un peu de leur estime de soi ? Cela irait dans le sens des freins évoqués par certains DE (demandeur d’emploi) il y a quelques semaines…