Si l’on remonte, ne serait-ce que trois ans en arrière, la phrase répétée par tous aurait sans doute été : « tout pour trouver un emploi ». Passées les deux années de Covid-19 et l’électrochoc qu’il a été sur certains d’entre eux, ce sont désormais les patrons qui disent « tout pour trouver des candidats ». En ce mois de mai 2023, nombre d’entre eux ont revu leurs prétentions à la baisse concernant les recrutements selon une étude. Est-ce que cela marque l’avènement d’une nouvelle ère et à quels profils cela va profiter ?

Force de persuasion et motivation : les nouveaux critères de sélection ?

Pendant des décennies, le conseil a été le suivant : ne jamais mentir sur son CV et sa lettre de motivation, pour décrocher un emploi. La ruse finit toujours par être dévoilée, laissant l’employé face à ses mensonges et susceptible de perdre son emploi, licencié pour faute grave, parfois, si son incompétence lui a fait commettre des erreurs importantes. Rien ne sert d’embellir une expérience, car des questions poussées lors de l’entretien peuvent mettre face à des contradictions ou des lacunes.

Mettre dans son CV les expériences extra-professionnelles. Ne surtout plus les mettre. Les mettre à nouveau, car elles sont l’expression de nos soft-skills ; ces compétences innées tant recherchées par les employeurs. Pour les candidats à l’emploi, la recherche n’était en tout cas pas synonyme de long fleuve tranquille et il fallait s’adapter aux tendances.

Depuis le Covid-19, les mentalités ont changé. Des études démontrent que généralement les français ont l’intention de faire leur travail, mais sans pourtant en faire trop. Plus d’heures supplémentaires, dans l’optique d’une augmentation qui parfois (souvent) ne vient pas. Ils ont envie de profiter de leur temps, de leurs proches, de leur vie. Le travail n’est plus une fin en soi. De leur côté, les employeurs sont ; et ils l’avouent bien volontiers ; dans une démarche de séduction envers les personnes qui postulent chez eux. Elles sont de plus en plus difficiles à convaincre et un salaire décent ne suffit pas à les faire postuler.

Face à des annonces qui restent sans réponse pendant des mois, alors que les conditions de travail leur semblent correctes, ils changent leur fusil d’épaule et le disent : les critères de recrutement sont revus à la baisse. Oubliées les formations initiales sans lesquelles il était auparavant impossible de postuler. Fini, les expériences professionnelles réussies. Même si une personne ment lors de son entretien d’embauche mais se montre suffisamment convaincante quant à sa motivation et son envie de travailler, elle aurait, selon cette étude qui relaie les propos des entrepreneurs, toutes les chances d’être retenue…Ce constat est partagé par 54% des recruteurs interrogés.

Bienvenue aux profils atypiques sur le marché de l’emploi

Quand on cherche un emploi, la méthode semble simple : on postule à une offre qui répond à son profil en joignant un CV et une lettre de motivation. La France depuis peu, utilise la méthode anglo-saxonne. Certains secteurs en tension comme l’hôtellerie restauration ne s’embêtent plus à demander ces documents. Ceux qui arrivent et qui veulent travailler sont embauchés.

C’est assurément une bonne nouvelle pour celles et ceux qui pendant des années se sont fait rejeter à cause de leur nombre d’années d’études insuffisant, qui n’ont pas forcément les compétences métier comme on dit ; mais qui en entretien vont exprimer leur volonté d’apprendre sur le tas ou de participer à des sessions de formations.

Une nouvelle chance s’offre aux personnes qui n’étaient pas portées sur l’apprentissage des langues étrangères au collège et au lycée. Alors que le sacro-saint anglais faisait partie des incontournables, cela n’est plus une obligation de parler la langue de Shakespeare ou autres quand on veut trouver du travail (pour 22% des employeurs). Les termes sont utilisés à dessein et expriment sans doute le désarroi des chefs d’entreprise face à leurs difficultés à recruter : ils invitent les profils atypiques à postuler.

Bienvenue donc aux jeunes sans véritable expérience mais qui ont la gagne et l’ambition chevillée au corps, aux seniors comme on dit, que leur âge faisait grimacer. Les employeurs sont ouverts à tout, pourvu qu’ils trouvent rapidement des personnes prêtes à travailler et à faire tourner leur entreprise.

Plus la peine, donc, derrière son écran d’ordinateur, de se brider, quand on voit une annonce de poste qui nous plait même si on sait qu’on ne correspond pas tout à fait à la description (même s’il faut rester raisonnable dans ses prétentions).

“Qui ne tente rien n’a rien”. Cette phrase populaire n’a jamais été aussi vraie dans le monde du travail. C’est sans doute le moment de saisir des opportunités et de renouer pour de bon avec l’emploi salarié.