En un an seulement, le nombre des DE (demandeurs d’emploi) dans la tranche des 18-25 ans a considérablement baissé (-22.8%). Un pourcentage éloquent que beaucoup qualifient d’historique puisqu’on n’avait pas assisté à ce phénomène depuis 30 ans. Comment expliquer ce revirement ?

Les jeunes contre-attaquent….et gagnent

Ce sont en général les mal-aimés au niveau de l’emploi comme peuvent l’être les séniors. Alors que l’on déplore que ces derniers possèdent une expertise qui peut coûter cher, c’est le manque d’expérience qui est pointée du doigt et un savoir trop théorique et pas assez empirique. Une situation toujours qualifiée d’ubuesque puisque pour acquérir de l’expérience, il faut que quelqu’un donne sa chance à un jeune dans une entreprise. Mais il faut avoir le temps de l’intégrer et de le former, ce qui leur ferme beaucoup de portes.

Alors que la situation a été mal vécue par bon nombre de français, beaucoup aujourd’hui remercient les périodes de confinements et la crise de Covid-19 dans sa globalité qui leur a permis d’enfin se poser pour avoir une meilleure perspective sur leur vie, leur travail et leurs conditions de logement. En matière de travail, si l’essor du télétravail est sans doute le plus marquant (sachant qu’aujourd’hui, les français sont de plus en plus prêts à démissionner ou à ne pas prendre un poste dans lequel il serait impossible de télétravailler), il ne faut pas oublier la pénurie de main d’œuvre.

Pour les entreprises qui renaissent de leurs cendres après l’épidémie et la fermeture de leur structure ou qui ont tourné au ralenti, avoir des commandes sans avoir de main d’œuvre est une double peine. Mais c’est là où les jeunes demandeurs d’emploi font leur apparition.

Des entreprises mises au pied du mur

Les entreprises ont du mal à recruter. Les positions à ce sujet divergent selon les structures. Certaines se plaignent encore de recevoir des candidatures peu adaptées, d’autres s’ouvrent davantage à la nouveauté, en regardant d’un autre œil les propositions des candidats. La motivation et l’envie d’apprendre, le savoir-être finalement ne sont-ils pas plus importants, pour réduire le turn-over ou gagner en productivité ?

Quoi qu’il en soit, il y a une demande et pas beaucoup d’élus. Les jeunes demandeurs d’emploi s’engouffrent donc dans cette brèche formidable pour eux. Ils sont en position de force dans un marché du travail qui autrefois les broyait. C’est l’occasion ou jamais de négocier de bonnes conditions de travail qui vont quelquefois bien au-delà d’un bon salaire. Car si l’argent est important, se sentir bien au travail l’est encore plus pour cette génération et ils entendent bien le faire savoir.

Face à leurs carnets de commandes pleins à craquer et sans autre alternative, de nombreuses entreprises font donc ainsi le pari de les embaucher. Certains jeunes témoignent que pour la première fois, ils « ont eu le luxe de choisir » car les offres d’emploi fleurissent partout en France.

Il est certain que nous assistons à une refonte du monde du travail. Est-ce que les salariés, interrogés dans quelques années, tiendront un autre discours que celui qu’ils tenaient en 2020 et 2021, à savoir qu’ils avaient l’impression de ne pas avoir un travail utile et qu’ils n’étaient pas heureux, en se rendant sur leur lieu de travail, chaque matin ? Il faut l’espérer.