Cela se traduit partout, y compris dans la Capitale. Pourtant, Paris semblait le Saint Graal, il y a quelques décennies, pour trouver un emploi et l’on n’hésitait pas à « monter à la Capitale » selon l’expression consacrée quand on peinait à trouver un emploi salarié dans sa région.

Aucune d’entre elles n’est réellement épargnée en cette fin d’année 2022, et certains secteurs, comme déjà dit dans de nombreux articles de Netpublic sont particulièrement en tension. Le gouvernement entend résoudre le problème en accentuant les actions sur certaines professions, tout en visant un panel de demandeurs d’emploi bien spécifiques. Une méthode qui peut porter ses fruits ?

Le constat au niveau de l’emploi

550 000 offres d’emplois ; soit une augmentation de 52% par rapport à l’année dernière ; ont été postées par des employeurs au deuxième trimestre sur le site de Pôle Emploi, rien que dans l’Ile de France et restent lettre morte. De l’emploi, il y en a, donc et les besoins des entrepreneurs existent, alors que l’on craignait hier, à la même époque, une reprise économique difficile.

Pourtant, alors que les pénuries font rage, que le carburant et les énergies connaissent des hausses démentielles et que le pouvoir d’achat est en berne, cela n’incite pas forcément les français à postuler. Rien qu’à proximité de Paris, 14.5% des demandeurs d’emploi ne sont pas à la recherche active d’un emploi, selon la Directrice de l’agence ; ce qui représente 630 000 personnes environ qui sont actuellement sans activité.

L’analyse des secteurs en tension a été faite et sans grande surprise, cela concerne le bâtiment, l’hôtellerie restauration, le transport, la sécurité, la santé et l’action sociale. Mais on peut s’étonner que le numérique ou le commerce soient aussi impactés.

Interrogée à ce sujet, une directrice des ressources humaines d’un grand groupe de transport, explique qu’ils souhaitaient recruter 80 personnes directement en CDI, soit le sésame pour passer en banque, pour obtenir un logement, avec une formation à l’emploi directement dans l’entreprise. Selon le Pôle Emploi, ce type de demandes ; qui auparavant aurait fait rêver les demandeurs d’emploi ; est de plus en plus fréquent.

Faut-il changer les méthodes de recrutement ? C’est en tout cas ce que pensent conjointement le Gouvernement et Pôle Emploi que l’Etat missionne pour faire avancer les choses. Ce dernier a mis en place la POEI (Préparation Opérationnelle à l’Emploi Individuelle), pour promouvoir auprès des demandeurs d’emplois de telles offres, ce qu’elles peuvent leur apporter, mais aussi tenter de lever les freins qui pourraient bloquer l’accès à l’emploi, en proposant des formations courtes qui sont vues avec l’entreprise.

Une formule qui marche ?

Les candidats qui ont été positionnés dans ce groupe de logistique n’avaient aucune compétence dans ce domaine. Pourtant, ils ont été formés, pour acquérir les potentialités qui leur manquaient pour répondre à la fiche de poste, grâce à l’action du Pôle Emploi qui marche main dans la main avec les entreprises demandeuses.

Pôle Emploi propose donc à des personnes dont ce n’est pas le cœur de métier, de se réorienter, professionnellement parlant. On parle donc d’une émancipation totale du CV, de l’expérience antérieure, de la formation initiale, pour répondre à des besoins bilatéraux. D’un côté, des professionnels qui recrutent dans des secteurs en tension, de l’autre, des personnes qui sont à la recherche active d’un emploi.

La POEI séduit donc les entreprises, car le Pôle Emploi en Ile de France, enregistre +59% de demandes, pour répondre aux offres d’emploi déposées. Il faut donc être ouverts à de nouveaux profils de postes, au niveau des entreprises ; ce qu’elles semblent prêtes à faire.

Le Pôle Emploi parle de conversation de « gré à gré » avec les candidats, pour qu’ils acceptent de changer de voie professionnelle. Est-ce que l’épée de Damoclès de l’arrêt de l’allocation chômage ne tient-elle pas une place importante dans cet accord, alors que la réforme est dans les starting-blocks ?
Car à aucun moment, on ne reparle des phénomènes de grande démission, de démission silencieuse des salariés ; et des français plus globalement ; qui refusent de travailler à cause des conditions de travail, du manque de perspective d’avenir ou de salaires trop bas.

Qui évoque le manque de sens, avancé notamment par les jeunes et les trentenaires, dans lequel ils ne se retrouvent pas ? Le gouvernement a-t-il pris acte de ces bouleversements qui ont secoué le pays ? Quand on sait que les métiers de terrain représentent 80% de la main d’œuvre dans le monde, il serait légitime d’œuvrer également dans ce sens.