Une banque qui fait faillite, voilà qui a de quoi susciter l’angoisse. Si ces dernières affirment à leurs clients que le risque est minime, il existe bel et bien. D’autant que si cela arrive, la récupération du capital perdu ne se fait qu’en fonction d’un certain plafond. En l’espace de 4 petits jours, ce ne sont pas moins de 3 banques américaines qui ont fait faillite. Certaines stars, à l’instar de Sharon Stone qui l’évoquait, bouleversée à un hommage qu’on rendait à sa carrière, ont perdu la moitié de leur argent. Est-ce que cela peut arriver en France, comme un effet boule de neige ? Décryptage.

Pourquoi les banques américaines font faillite ?

Avant de s’alarmer et de penser à la faillite de la Lehman Brothers Bank, il convient néanmoins de prendre du recul et d’analyser les différences. Cette banque qui a fait faillite en 2008, impactant le monde entier ne répond pas à la même dynamique, tout simplement parce que toutes les banques de la planète faisaient partie de ses clients. Forcément, il était difficile de ne pas craindre un effet domino.

En outre, il n’y avait pas eu à l’époque vraiment de réaction suite à l’effondrement de ce géant ; ce qui n’est pas le cas ici. Le FDIC (Federa Deposit Insurance Corporation) a immédiatement mis en place un système de banque relais qui prend en charge tous les clients des banques SVB et Signature Bank. Ces derniers pourront donc accéder à leurs fonds. Cela risque d’avoir des conséquences économiques, c’est évident à l’instar du quoi qu’il en coûte français car le maximum prévu dans ce genre de circonstances (250 000 dollars), a été enlevé et les clients peuvent récupérer tous leurs fonds.

Si le phénomène de faillite s’arrête avec ces banques, cela peut être jugulé, mais cela ne sera pas le cas si d’autres suivent le même chemin. Des dommages collatéraux très importants seront alors à craindre. Comment ces banques américaines en sont arrivées là ? Tout simplement parce qu’elles étaient trop sectorisées. Elles se spécialisaient dans l’accompagnement d’entreprises dites de la tech, des cryptos mais aussi de licornes.

Pour celles et ceux qui ne savent pas ce que c’est, ce sont des start-ups qui du fait d’un développement très rapide font des levées de fonds très importantes et ont une valorisation supérieure à 1 milliard de dollars en moins de 10 ans. Certaines entreprises françaises font partie du cercle très fermé des licornes et les Etats-Unis en ont plus. Problème : l’argent fourni à ces entreprises sert à leur développement toujours de plus en plus exponentiel, mais en réalité, ce ne sont pas des entreprises rentables, même après des années de fonctionnement. Ces banques finançaient donc à perte.

Les entreprises si on cesse de les financer mettent la clé sous la porte ou disparaissent, ou encore les clients ne sont plus en capacité de rembourser les millions de dollars de crédit souscrits. Quand les banques manquent à ce point de diversification, il est évident qu’elles se mettent en situation de faillite annoncée.

Est-ce que ce phénomène peut arriver jusqu’à la France ?

En 2008, à cause du manque de réaction immédiat, on a pu assister à une dérive systémique. En outre, comme dit, le fait que les banques européennes mais aussi françaises aient fait partie de la clientèle de la Lehman Brothers a créé une réaction en chaine ; un effet boule de neige. Cela n’est pas le cas ici. Il ne faudrait pourtant pas que d’autres banques que la Silvergate Bank, La Silicon Valley Bank (SVB) et Signature Bank fassent faillite, d’autant que le procédé qui fait suite à ces faillite en la mise en place d’une banque relais ; si elle est pratique pour les clients malheureux ; se fait en ne respectant pas le plafond prévu à cet effet.

Si tous les clients ont accès à l’ensemble de leurs fonds sans restriction et les retirent, cela pourrait être préjudiciable pour le système bancaire américain, puis ensuite mondial. Bien entendu, ces faillites en cascade font peur, car il s’agissait de banques puissantes dont les actifs se comptaient en plusieurs centaines de milliards de dollars. Mais la nature même des entreprises qu’elles finançaient et leur mode de fonctionnement fait que leur perte n’en étonne certains qu’à moitié.

En outre la valeur des obligations et des actions en portefeuille avaient pâti de la remontée importante des taux d’intérêt (ils sont encore plus élevés aux Etats-Unis qu’en France). D’autres banques américaines montrent des signes évidents de faiblesses avec un effondrement de l’action de la FRB (First Republic Bank) qui enregistre une baisse de 72,2% en moins de 5 jours.

Plus proche de nous, la banque Crédit Suisse a déjà payé le prix de ces faillites américaines. Si elle venait à mettre la clé sous la porte, il serait évident que l’optimisme n’aurait plus cours, car il n’est pas possible d’augmenter la dette publique ; surtout pas en 2023 où l’on connait une crise inflationniste généralisée.

Quelles suites possibles ? Les deux scenarii ne sont guère réjouissants : d’un côté une crise bancaire internationale si on ne lutte pas efficacement contre l’inflation, de l’autre, une dette publique encore plus importante, avec une inflation toujours élevée tout comme les taux d’intérêt. Le résultat dans les deux cas s’appelle la récession, ce qui ne manquera pas de faire le bonheur de pays comme l’Inde ou encore la Chine…