La situation semble tellement inextricable qu’il fallait bien que l’une des barrières cède. Après quelques mois, on assiste désormais à une baisse de prix au niveau de l’immobilier, même si elle est plus que ténue. Est-ce que pour autant, cela ouvre les portes pour les accédants potentiels à la propriété ?

Rien ne permet pour l’instant l’accès à la propriété

Est-ce que la phrase est trop forte ? Sans doute pas pour les 40% de dossiers qui arrivent à passer entre les mailles du filet, mais ils sont donc minoritaires. Après la hausse des taux d’intérêt qui atteignent désormais 2% pour un prêt sur 20 ans, les conditions d’octroi ont été revues à la prudence extrême. Il faut dire que les banques n’arrivent pas à se dégager une marge suffisante, avec un taux d’usure qui, bien que réévalué, ne suit pas la même trajectoire que les taux d’intérêts.

Ajoutons à cela des prix de l’immobilier qui flambent partout, y compris en province, suite à une demande très forte impulsée par l’expérience nauséabonde des confinements Covid-19 et un pouvoir d’achat revu drastiquement à la baisse et nous avons là le parfait tableau pour un achat impossible. Tout du moins pour le français lambda.

Les quelques bonnes affaires qui peuvent émerger au niveau des prix sont les biens immobiliers considérés comme des passoires thermiques, pour lesquels les propriétaires actuels doivent faire un choix : faire des travaux, pour lesquels les aides de l’Etat ne sont généralement pas suffisantes ou ne plus pouvoir louer, d’ici quelques années, avec déjà un gel effectif des loyers.

Lesdits propriétaires, généralement, préfèrent vendre, quitte à brader leur bien. Mais est-ce vraiment brader quand on voit le prix demandé pour certains appartements ou maison où tout semble à refaire et qui dépasse pourtant les 120 000 euros ? A cela s’ajoute bien sûr une substantielle enveloppe travaux qui fait monter le montant global du prêt demandé, exposant le demandeur à un refus.

Seule possibilité pour lui : prendre un bien énergivore mais épargner pour faire face aux différents travaux ou solliciter un prêt à la consommation auprès d’une société de crédit à postériori de l’achat. Avec un taux bien entendu beaucoup moins intéressant que celui proposé par la banque, avec en plus une durée de remboursement plus courte également. Sans compter la période où il va supporter les effets d’une habitation mal isolée, et le coût des factures énergétiques. Pas de chance, le prix des énergies flambe aussi….

Est-ce que les prix baissent vraiment ?

C’est une question de point de vue. Les notaires ; au cœur des transactions immobilières ; estiment à 49% d’entre eux que les prix commencent à baisser et que cela va perdurer pendant les prochains mois. Dans le même sondage, 45% d’entre eux estiment que le marché va stagner tandis que les autres pensent plutôt que l’on va assister à une hausse, car la demande reste forte.

Sur ce dernier point, ils ont raison. Les professionnels de l’immobilier ; s’ils constatent une certaine érosion des ventes, rationalisent. Après une explosion de ventes comme on a pu le constater après les périodes de confinement, le marché retrouve tout simplement ses chiffres d’avant, soit en 2020. Si Paris, Nice ou encore Rennes enregistrent une très légère baisse, ne dépassant pas les 0,5%, dans le meilleur des cas, d’autres villes repartent à la hausse comme à Lille ou Nantes où la hausse est la plus significative en septembre dernier (+0,6%).

Dans le domaine de la construction neuve, on assiste toujours à un status quo, du fait de la hausse des matériaux, des retards d’acheminement et de la pénurie de main d’œuvre. Malgré les gros titres qui semblent annoncer des mauvaises nouvelles, une analyse des différents paramètres rend plutôt pessimiste. Est-ce que 2023 sera une meilleure année ; tout au moins au niveau de l’immobilier ? C’est à espérer.