La nouvelle baisse de l’inflation dans la zone euro, supérieure aux prévisions, accentue la pression sur la BCE pour qu’elle réduise ses taux. Les marchés s’attendent à une première baisse en juin. Les données indiquent que la banque centrale pourrait également les abaisser en juillet, compte tenu des risques croissants d’un ralentissement inutile de l’économie et d’une baisse du coût de la vie en dessous de l’objectif de 2 %.

L’inflation dans la zone euro a baissé à 2,4 % en mars, contre 2,6 % en février, selon l’estimation préliminaire d’Eurostat. La baisse est supérieure aux attentes des analystes de ces derniers jours, qui prévoyaient un chiffre moyen conforme à celui de février, en partie en raison de l’anticipation des vacances de Pâques (cette année en mars).

De bonnes nouvelles sont également venues de l’inflation de base, c’est-à-dire hors énergie et alimentation, qui a baissé plus que prévu en mars, à 2,9 % contre 3,1 % en février. Les prix de l’énergie ont baissé de 1,8 % (-3,7 % en février). Les prix de l’alimentation ont également baissé, tandis que le chiffre pour les services est resté stable (+4%) en raison de l’effet de Pâques.

Baisse des taux à venir

Les données confirment que la réduction des taux est en cours et qu’elle se poursuit au-delà des attentes. Certains membres du conseil des gouverneurs de la BCE n’ont pas exclu une baisse des taux lors de la prochaine réunion du 11 avril, mais les marchés estiment à 10 % la probabilité d’une baisse la semaine prochaine. Les analystes, quant à eux, considèrent qu’une baisse d’ici juin est certaine.

Il est possible qu’une deuxième baisse des taux en juillet commence également à être envisagée la semaine prochaine. Pictet s’attend à un résultat “Dovish”, ce qui renforce les attentes d’une double baisse consécutive. Pour HSBC, il y aura “un débat animé” sur la baisse en juin et en juillet, étant donné que l’inflation est désormais proche de l’objectif de la BCE. En moyenne, les marchés s’attendent à ce que les taux de dépôt soient réduits de 75 à 100 points de base cette année, à partir du niveau actuel de 4 %. L’année prochaine, les taux devraient passer à 2-2,5 %.

La baisse de l’inflation dans la zone euro en mars a reflété celle des principaux pays de l’UE. En Allemagne, le chiffre est tombé à 2,2 % (contre 2,7 % en février), en France à 2,4 % (contre 3,2 %). Seule l’Espagne a connu une augmentation à 3,2 % (contre 2,9 %), mais celle-ci est le résultat de facteurs extraordinaires liés aux prix de l’énergie.

La discussion au sein du conseil de la BCE

Christine Lagarde, présidente de la BCE, a indiqué le calendrier de la première baisse des taux. Ces derniers jours, elle a souligné l’importance des données salariales du premier trimestre (attendues en mai) et des nouvelles projections macroéconomiques de la BCE. Malgré la baisse de l’inflation supérieure aux attentes, il est peu probable que Francfort s’écarte de cette ligne. Ces derniers jours, le banquier central français François Villeroy de Galhau n’a pas exclu une réduction lors de la réunion du 11 avril : “Nous ne devons pas ignorer le risque de peser trop lourdement sur l’économie en gardant trop longtemps le pied sur le frein monétaire“, a-t-il déclaré.

M. Villeroy a rappelé qu’à ce stade, il y a plus de risques sur la croissance que sur l’inflation, et qu’il est donc nécessaire d’avoir “une assurance” contre les dangers sur le PIB, tout comme en septembre certains membres de la BCE ont demandé une garantie contre une hausse de l’inflation.