Après huit baisses, dont sept consécutives, le Conseil des gouverneurs de Francfort a décidé de ne pas descendre en dessous du seuil de 2 %, laissant les taux d’intérêt sur les dépôts auprès de la banque centrale, sur les opérations principales de refinancement et sur les opérations de refinancement marginal à respectivement 2 %, 2,15 % et 2,40 %.

christine lagarde

D’autres baisses ne sont pas exclues cette année : les marchés monétaires anticipent une nouvelle baisse d’ici décembre, avec une probabilité de 50 % qu’elle intervienne dès septembre. « Afin de définir l’orientation appropriée de la politique monétaire, le Conseil des gouverneurs suivra une approche fondée sur les données, selon laquelle les décisions seront prises au cas par cas, lors de chaque réunion », précise l’Institut de Francfort dans un communiqué.

L’avenir reste « exceptionnellement » incertain

« Les nouvelles informations sont globalement conformes à l’évaluation précédente du Conseil des gouverneurs concernant les perspectives d’inflation, qui sont actuellement conformes à l’objectif à moyen terme de 2 % », explique le Conseil des gouverneurs.

« Les pressions internes sur les prix ont continué de s’atténuer, dans un contexte de ralentissement des salaires. Grâce notamment aux baisses de taux décidées précédemment par le Conseil des gouverneurs, l’économie a jusqu’à présent fait preuve d’une bonne résilience dans un environnement mondial difficile. Dans le même temps, les perspectives restent exceptionnellement incertaines, principalement en raison des différends commerciaux ».

La croissance est plus robuste, mais le climat reste fragile

« Nous sommes en bonne position, les risques restent orientés à la baisse, mais nous continuons à surveiller l’évolution des données économiques », a déclaré Christine Lagarde lors de la conférence de presse habituelle à l’issue de la réunion.

Au premier trimestre, l’économie de la zone euro a affiché une croissance plus forte que prévu, soutenue notamment par une anticipation des exportations en vue des droits de douane américains. Toutefois, des incertitudes persistent en raison des tensions commerciales mondiales, de l’appréciation de l’euro et d’une prudence croissante des entreprises.

« Les marchés du travail restent solides, avec un taux de chômage de 6,3 % en mai, proche de son plus bas niveau historique, et les bilans du secteur privé sont sains », a déclaré Mme Lagarde. « À terme, une augmentation des investissements publics dans la défense et les infrastructures devrait soutenir la croissance », a-t-elle ajouté, renouvelant son appel aux gouvernements pour qu’ils accélèrent les réformes structurelles et l’union des marchés des capitaux.

Le travail de la BCE n’est pas encore terminé

Les risques sont orientés à la baisse, a ensuite expliqué Mme Lagarde, « en raison des tensions commerciales, du risque de détérioration du sentiment financier et des conflits géopolitiques, en particulier en Ukraine et au Moyen-Orient ». Toutefois, si des solutions rapides sont trouvées à ces problèmes, « le climat de confiance pourrait s’améliorer et soutenir l’activité économique ».

Sur le front de l’inflation, un scénario baissier est lié à un euro plus fort ou à une baisse de la demande mondiale due aux droits de douane. À l’inverse, de nouvelles contraintes sur les chaînes d’approvisionnement, une augmentation des dépenses publiques et des chocs climatiques pourraient pousser l’inflation au-delà des prévisions. Mme Lagarde a donc souligné que « nous sommes déterminés à garantir la stabilisation de l’inflation, mais nous n’avons pas encore terminé notre travail ».