L’intelligence artificielle en Europe est-elle sous l’influence d’un “lobby big tech influencé par les Etats-Unis” ? L’hypothèse émane de l’eurodéputé Kim van Sparrentak (Pays-Bas), qui a commenté en ces termes auprès de Reuters l’accord entre la start-up française Mistral et Microsoft, sur lequel la Commission européenne est prête à enquêter. Le doute, déjà apparu dans le cas du rôle de Microsoft dans OpenAI, est que ce type de partenariat entre start-up et big tech nuit à la concurrence.

Les doutes de la Commission

Lundi 26 février, Microsoft a annoncé un investissement de 15 millions d’euros dans Mistral, qui sera converti en actions lors du prochain tour de table. La big tech de 2023 a déjà donné plus de 10 milliards de dollars à OpenAI, la société de Sam Altman qui a lancé ChatGpt. Et maintenant, elle entre dans le champion européen de l’IA.

Mistral, qui a été évaluée à environ 2 milliards d’euros en décembre lors d’un tour de table mené par Andreessen Horowitz et Lightspeed, bénéficie également de la participation de la BPI (Banque publique de développement française). Il s’agit de la start-up la plus prometteuse en matière d’IA sur le Vieux Continent. Ainsi que la plus influente : lors des négociations de l’AI Act, le règlement européen sur l’intelligence artificielle qui sera définitivement approuvé en avril, Mistral aurait mené un intense travail de lobbying pour tenter d’arracher des règles moins rigides.

Le partenariat entre l’entreprise française et Microsoft n’a pas convaincu la Commission, qui craint que les longues tentacules des big tech ne nuisent à la concurrence dans un secteur, celui de l’intelligence artificielle, qui connaît un développement tumultueux. Pour l’heure, la Commission n’a pas ouvert d’enquête antitrust officielle, mais elle a fait savoir qu’elle avait l’intention d’analyser l’opération. Comme elle l’a d’ailleurs déjà fait avec le couple Microsoft-OpenAI, également sous observation aux États-Unis.

La Big Tech dans le collimateur de la FTC

De l’autre côté de l’Atlantique, c’est la présidente de la FTC, l’autorité antitrust américaine, Lina Khan, qui a mis les grandes entreprises technologiques dans le collimateur : outre Microsoft et OpenAI, les démarches de Google et d’Amazon dans le secteur de l’IA ont également fait l’objet d’une enquête. Ces entreprises, avec leurs investissements somptueux, contribueraient à l’augmentation rapide de la concentration dans le secteur.