Au cours des deux dernières décennies, le franc suisse s’est apprécié par rapport à toutes les grandes monnaies mondiales. Non seulement par rapport à l’euro, mais aussi par rapport au dollar américain et à la livre sterling. L’appréciation par rapport à la livre sterling a été la plus prononcée : alors qu’en 2008, une livre s’échangeait contre environ 2,50 francs suisses, elle ne coûte plus que 1,10 franc suisse aujourd’hui.

Pourquoi le franc suisse s’apprécie-t-il par rapport aux autres monnaies ?

À long terme, une règle simple s’applique : plus le taux d’inflation d’un pays est faible, plus sa monnaie s’apprécie. En effet, les biens échangés au niveau international doivent avoir plus ou moins le même prix dans chaque monnaie, selon la théorie de la parité du pouvoir d’achat.

Par exemple, si le prix d’un appareil photo augmente de 2 % par an en Allemagne, mais seulement de 1 % en Suisse, cela signifie que les appareils photo deviennent relativement bon marché en Suisse. Par conséquent, davantage d’Allemands commanderont un appareil photo en Suisse. Et comme ils doivent le payer en francs suisses, la demande de francs augmente. Le franc devient donc plus cher, il s’apprécie.

Au fil du temps, l’appréciation du franc suisse compense donc les variations de prix entre les zones monétaires. Cependant, il y a aussi des phases où le franc s’apprécie excessivement.

Qu’advient-il des exportations en cas d’appréciation excessive du franc ?

Si le franc s’apprécie trop, les produits suisses exportés deviennent plus chers à l’étranger. Une appréciation excessive du franc suisse est donc préjudiciable à l’industrie d’exportation, ainsi qu’au tourisme, puisque la Confédération est plus chère pour les personnes venant de l’étranger.

Mais alors, quel est l’impact de l’appréciation du franc sur l’inflation ? Un franc fort a l’avantage de rendre les biens et services étrangers moins chers pour les consommateurs suisses. Ceci est particulièrement important pour le pétrole et le gaz naturel. Ces biens sont en grande partie échangés en dollars et en euros.

La Banque nationale suisse laisse son taux directeur inchangé. En effet, après cinq hausses consécutives, la banque centrale suisse a décidé pour la deuxième fois en trois mois de maintenir son taux directeur à 1,75 %. Les fortes hausses de prix sur le marché international du pétrole ou du gaz naturel – comme en 2022 – ne sont donc pas entièrement répercutées sur les prix suisses si le dollar américain ou l’euro ont des taux de change plus favorables. Cela réduit l’inflation intérieure.

Quel est le rôle de la Banque Nationale Suisse ?

La BNS influence la valeur du franc suisse de deux manières. D’une part, elle s’efforce de faire en sorte que le taux d’inflation moyen soit inférieur à celui d’autres pays. Cela conduit à une appréciation du franc suisse à long terme.

Deuxièmement, la BNS peut influencer la valeur du franc à court terme grâce à sa politique monétaire. Récemment, elle a vendu des devises étrangères pour faire monter le franc. Cela a rendu les importations moins chères, ce qui a permis de maintenir l’inflation suisse à un niveau relativement bas.