L’affrontement entre l’UE et la Russie au sujet du paiement du gaz en roubles se poursuit. Dans le bras de fer initié par Vladimir Poutine, les États membres de l’UE sont de plus en plus convaincus de ne pas céder. Ils parlent également de fixer un plafond au prix du gaz, comme le demande certains pays européens.

L’UE a adressé une demande claire à tous les pays : n’adoptez pas de positions autonomes. La ligne commune sera établie dans une semaine, assure la Commission. Probablement déjà entre lundi et mercredi. La question principale reste celle du paiement du gaz russe en roubles.

Mais même sur le plafond, il n’y a pas d’accord total au niveau européen. Et les deux questions sont liées, à tel point qu’il est prévu de fixer un plafond de prix au cas où Poutine irait plus loin. En attendant, l’UE garantit qu’elle ne cédera pas et ne paiera pas le gaz russe en roubles : voyons pourquoi.

Pourquoi Poutine veut être payé en roubles pour le gaz ?

Le décret signé par M. Poutine oblige Gazprombank, la banque d’État russe qui gère les paiements pour la fourniture de gaz, à convertir en roubles tous les paiements reçus de pays hostiles, y compris tous les pays de l’UE. Le décret n’oblige pas les pays européens à payer en roubles, mais autorise la banque à convertir les paiements.

Le décret stipule que les pays acheteurs de gaz doivent ouvrir deux comptes auprès de Gazprombank : un en devises étrangères et un en roubles. Les acheteurs devaient payer en devises étrangères, puis la banque convertissait les euros ou les dollars en roubles en transférant l’argent sur le deuxième compte de l’acheteur, celui en roubles. Ensuite, la banque transfère le paiement en roubles, ce qui les fait apparaître en monnaie russe. Pas de paiement direct en roubles , donc : un petit pas en arrière de la part de Poutine.

L’UE ne cède pas : des ultimatums non menaçants

Le commissaire européen à l’économie, Paolo Gentiloni, semble minimiser la démarche de Poutine : “Nous avons des contrats qui sont à 97% en euros ou en dollars, nous respectons les contrats et nous paierons en euros ou en dollars“. Pour Gentiloni, l’ultimatum de Poutine sur le paiement en roubles ne semble pas “si définitif et menaçant”.

L’UE ne semble pas disposée à céder à Poutine sur les paiements en roubles, à commencer par le fait que les contrats sont presque tous en euros et en dollars. À Bruxelles, cependant, certaines questions circulent : comme l’explique la Repubblica, la question est de savoir si le paiement sera complété uniquement par la conversion en roubles par Gazprombank.

Si tel est le cas, le risque est que le prix du gaz augmente de 10 ou 15 %, ce qui est tout simplement inacceptable pour l’UE. Ensuite, il y a la deuxième question : comment faire les achats. Le paiement en roubles est exclu car il s’agirait d’un renflouement pour les Russes qui rendrait également inefficaces les sanctions imposées jusqu’à présent.

Ces deux hypothèses sont rejetées par l’UE, qui est prête à adopter une ligne dure avec le Kremlin. Il existe en outre une autre hypothèse : si ces éventualités étaient évitées, l’UE pourrait alors formuler une autre demande et fixer un plafond au prix du gaz.

D’autre part, il est à craindre que Moscou n’ait fait qu’un premier pas vers la réduction des approvisionnements en gaz. Il est vrai que pour la Russie, les effets pourraient être dévastateurs, d’un point de vue économique, à moyen terme. Mais il est également vrai qu’à court terme, les pires conséquences seraient subies par l’UE. Un geste qui pourrait être presque suicidaire, mais qui n’est pas exclu.