Que ce soit le Président Macron ou la Première Ministre Elizabeth Borne, tous deux le disent d’une voix unanime : la transition écologique est une priorité. Pourtant, malgré ce discours, les experts estiment que les créations d’emplois tant attendues ne seraient en fait que de la transformation de l’existant et que peu de nouveaux métiers, en réalité vont émerger. Nous faisons le point.

Quels sont les métiers liés à la transition écologique actuellement ?

On peut dire qu’ils sont très minoritaires et que l’on n’entend pas l’écho de la priorisation annoncée par le gouvernement à ce sujet. Les emplois à finalité environnementale directe (comme les agents d’entretien des rivières) ne concernent actuellement que 0.5 % de l’Emploi, selon les chiffres de l’année dernière. D’autres doivent adopter des pratiques plus vertes ; on dit alors pour reprendre l’expression consacrée du gouvernement qu’il s’agit d’emploi verdissants.

Ce sont eux qui ont un impact direct sur la planète et doivent mettre en place des solutions pour y remédier, à l’instar des métiers du transport ou encore du bâtiment, sans oublier l’industrie, bien sûr. Nouvelles méthodes, nouvelle façon d’envisager leur métier : cela touche seulement 14% de l’emploi. Mais alors où est le million d’emplois promis pour 2050 qui arrive à grand pas ? Pour certains groupes de réflexion, cette promesse n’est pas tenable.

Il faudrait d’abord que la France tienne ses objectifs climatiques ; ce qu’elle est encore loin de faire. Si c’était le cas, on pourrait espérer 300 000 emplois tout au plus. Et encore, ce chiffre avancé exprime la différence entre les créations et les destructions de postes (1,1 millions contre 800 000).

Il n’y aura pas véritablement de nouveaux métiers, ou alors très pointus, nécessitant des connaissances et une formation dans le domaine de l’hybride ou encore des technologies nouvelles. Pour autant, beaucoup d’experts ; ce que confirme France Stratégie ; évoquent plutôt des reconversions de postes existants.

Ouvriers et ingénieurs sur le même bateau de la transition écologique

Tout ne cependant pas noir, puisqu’on constate que la rénovation des bâtiments représente une manne d’embauches potentielles pour répondre aux 500 000 rénovations énergétiques de cette année. Les postes, cependant, pour l’instant, restent vacants. Soit, c’est pour œuvrer pour la planète, cela a pour but de faire des économies d’énergie, mais cela reste des métiers du BTP. Or, celui-ci peine à recruter car la profession n’a pas bonne presse auprès du grand public.

Le Président de l’Ecole de la Transition Ecologique, interrogé à ce sujet estime que cette pénurie de main d’œuvre risque de s’aggraver et qu’il faut s’y préparer. Mais comment se préparer à répondre à des besoins importants ; alors que 150 000 emplois sont à pourvoir et restent lettre morte ? Pour lui, il s’agit d’arrêter le travail de dénigrement qui est opéré sur le statut d’ouvrier depuis 60 ans. Les ouvriers sont essentiels et certains métiers seront très demandés, ne serait-ce que pour installer des éoliennes, à l’instar des soudeurs.

Si la part des ouvriers est essentielle pour la bonne mise en œuvre de la transition écologique, il faut aussi compter sur les ingénieurs et donc des personnes ayant un diplôme d’études supérieures, pour concevoir, faire de la recherche, développer les projets ou chercher des solutions pour limiter l’empreinte des entreprises sur la biodiversité. A l’heure de la Grande Démission et de la Démission Silencieuse, les signes d’alerte de plus en plus marqués et évidents qu’envoie la planète suffiront-ils pour réveiller les consciences ?