La BCE suit-elle un chemin solitaire par rapport aux autres institutions centrales ? La question est plus que jamais d’actualité à la lumière du choix de Francfort de ne pas signaler de changement significatif de son orientation politique lors de son sommet du 14 avril, malgré une inflation record et le fait qu’elle admette elle-même que les prix pourraient continuer à augmenter.

En choisissant de ne pas agir, l’Eurotower se distingue de plus en plus des banques centrales de la plupart des autres pays, qui ont pris des mesures de plus en plus drastiques pour contenir le coût de la vie ces dernières semaines. Quelle voie de politique monétaire les banques centrales suivent-elles en dehors de la zone euro ? Un regard sur les dernières décisions prises pour lutter contre l’inflation et maintenir le cap de la reprise économique.

Réserve fédérale (Fed)

Le gouverneur de la Réserve fédérale, Christopher Waller, a déclaré le 13 avril que la banque centrale américaine devait relever les taux de manière agressive pour lutter contre l’inflation, mais pas de manière trop brutale au point de stresser les marchés, de détruire des emplois et de pousser l’économie dans la récession.

Avec ce message, le message de la banque américaine est très clair : la lutte contre l’inflation est engagée. La Fed a relevé ses taux d’intérêt le mois dernier pour la première fois en trois ans, mais l’incertitude découlant de l’invasion de l’Ukraine par la Russie l’a empêchée de les augmenter de plus d’un quart de point de pourcentage.

Banque d’Angleterre

La Banque d’Angleterre a réagi à la probabilité que la guerre en Ukraine pousse l’inflation à environ 10 % cette année en relevant les taux d’intérêt au niveau pré-pandémique de 0,75 % lors de sa réunion de mars.

Le Comité de politique monétaire a voté à 8 contre 1 pour augmenter les coûts d’emprunt de 0,25 point de pourcentage. C’est la première fois que la Banque augmente ses taux lors de trois réunions successives en plus de deux décennies. La Banque a déclaré que l’invasion de la Russie l’avait obligée à revoir ses prévisions concernant le pic d’inflation de cette année, qui devrait être supérieur de plusieurs points de pourcentage aux 7,25 % prévus précédemment.

En mars, le Royaume-Uni a enregistré une inflation officielle de 7 %, sous l’effet des prix record de l’essence.

Banque populaire de Chine

La Chine va dans la direction opposée. La banque centrale a maintenu son taux d’intérêt directeur stable en avril. Il est probable que la PBOC réduise le taux d’intérêt effectif réel (RRR), c’est-à-dire le montant que les banques doivent garder en réserve, après que le Conseil d’État, le cabinet chinois, ait fortement laissé entendre qu’une réduction était nécessaire. L’économie peine à se redresser dans le maelström des Covid et des nouveaux confinements.

Banque du Canada

La Banque du Canada a relevé ses taux d’intérêt d’un demi-point de pourcentage en avril – sa plus forte hausse en plus de vingt ans – et a promis d’autres augmentations pour lutter contre l’inflation galopante, en partie due à la guerre en Ukraine.

La banque centrale a relevé son taux de référence au jour le jour de 0,5 % à 1 %. Elle a également déclaré qu’elle autoriserait les obligations d’État accumulées pendant la pandémie à diminuer à mesure qu’elles arrivent à échéance à partir du 25 avril, amorçant ainsi ce que l’on appelle le resserrement quantitatif.

Corée du Sud

Cette semaine, la Banque de Corée a renforcé la vague mondiale d’actions contre l’inflation et a relevé son taux d’intérêt de référence le 14 avril, balayant les inquiétudes concernant un vide de leadership à la banque et les risques mondiaux pour l’économie dépendante des exportations.

La banque centrale a relevé son taux de rachat à sept jours d’un quart de point de pourcentage pour le porter à 1,5 %, lors de la toute première décision du conseil d’administration sans gouverneur en exercice.

Singapour

La banque centrale de Singapour a resserré sa politique monétaire le 14 avril, affirmant que cette mesure ralentira la dynamique inflationniste alors que la ville-État intensifie sa lutte contre la flambée des prix exacerbée par la guerre en Ukraine et les problèmes d’approvisionnement mondiaux.

La banque centrale a maintenu sa prévision d’une expansion du produit intérieur brut de 3 % à 5 % en 2022. L’économie a connu une croissance de 7,6 % en 2021, la plus rapide de la décennie, après une contraction de 4,1 % due à la pandémie l’année précédente. Un autre resserrement potentiel est attendu en octobre.

Banque du Japon

Le Japon s’est également montré conciliant. En mars, la banque centrale a maintenu son puissant assouplissement monétaire dans un contexte d’inflation tiède et d’incertitude accrue concernant la crise en Ukraine, ce qui accroît la probabilité qu’elle soit la dernière des grandes banques centrales à passer à la normalisation de sa politique.

La hausse des prix des produits de base est considérée comme temporaire et la BoJ a décidé, lors de sa réunion de politique générale de deux jours, de fixer les taux d’intérêt à court terme à -0,1 %.

Cette décision, bien que largement attendue, indique que la banque ne partage pas la même urgence que ses homologues américains et européens qui relèvent les taux d’intérêt pour maîtriser l’inflation, alors même que le conflit en Ukraine menace de réduire la croissance économique.

Interventions critiques au Pakistan et au Sri Lanka

Il convient de noter que la banque centrale du Pakistan a relevé son taux de référence de 250 points de base pour le porter à 12,25 % lors d’une réunion d’urgence le 7 avril, soit la plus forte augmentation depuis des années.

La State Bank of Pakistan (SBP) a évoqué une détérioration des perspectives d’inflation et des risques accrus pour la stabilité extérieure, exacerbés par le conflit entre la Russie et l’Ukraine, ainsi que l’incertitude politique intérieure.

La banque centrale du Sri Lanka a doublé ses taux d’intérêt directeurs le 8 avril, augmentant chacun d’eux de 700 points de base afin de juguler une inflation galopante, due à des pénuries de matières premières paralysantes provoquées par une crise économique dévastatrice.

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