Dans le but de viser le plein emploi ; et alors que certains chiffres semblent démontrer que le chômage recule un peu partout en France ; l’emploi des seniors est particulièrement scruté à la loupe pour y parvenir. Pour ce faire, des sanctions financières seraient prévues pour les entreprises qui ne joueraient pas le jeu. L’opposition au gouvernement Macron avance que beaucoup de séniors ne sont pas en emploi au moment de la retraite ; alors que le débat fait rage et que les français sont dans la rue.

Pour savoir vraiment ce qu’il en est, divers médias, dont France Info, sont partis à la rencontre des principaux intéressés. Un témoignage qui n’étonnera pas certains, mais qui pourrait donner du fil à retordre au gouvernement s’il était entendu.

Est-ce que les séniors veulent travailler ?

La retraite à 64 ans ? Trop long : les français veulent profiter de leur temps, après une dure vie de travail. Pourtant, beaucoup de personnes ; quinquagénaires ; aimeraient tout simplement avoir le choix et en termes d’emploi, on ne peut pas dire qu’on leur en donne beaucoup. Car si le terme de senior est usuel, il ne répond pas aux mêmes définitions. Pour certaines structures, on a ce titre quand on a plus de 65 ans. Pour d’autres, c’est bien au-delà. Qu’en est-il dans le monde du travail ?

Pour certains, suite à des mois, voire des années de recherches infructueuses, le constat est sans appel « pour les entreprises, vous êtes morts à 55 ans ». Quand on connait l’espérance de vie, mais aussi les progrès de la médecine, la phrase peut faire tiquer. A 55 ans, on est censé être en pleine possession de ses moyens et être en capacité de travailler.

Bien entendu, revient l’éternel début (et il est légitime) de la pénibilité. Est-ce qu’une personne qui a passé toute sa vie derrière un bureau est autant usée qu’une autre qui a passé le même temps dehors ou à porter des charges lourdes ? Sans doute pas, même s’il ne faut pas sous-estimer la charge mentale et le burn-out qui peuvent toucher des carrières de bureau, avec des objectifs à atteindre etc…

Pour autant, bon nombre de personnes se retrouvent sans emploi alors qu’elles sont quinquagénaires. Quand ils abordent la soixantaine, c’est pire. Il est difficile, voire impossible de retrouver un emploi salarié.

Les freins à l’emploi pour les séniors

Pour les personnes interrogées, perdre son emploi ; quelle que soit la raison ; après 50 ans pourrait signer l’arrêt de mort de la vie professionnelle. Au niveau de l’Union Européenne, l’emploi des seniors en France se situe bien en retrait avec 56% des 55/64 ans qui sont encore en poste. Cela baisse à 35,5% pour les personnes ayant entre 60 et 64 ans. Ce qui est surtout difficile, pour les personnes concernées, lors de la période de recrutement, c’est l’espoir.

Car la motivation, mais aussi le CV et donc l’expérience, leur permettent souvent de franchir avec brio les étapes de recrutement. Cependant, s’ils se retrouvent en lice avec une personne plus jeune, l’employeur n’hésite plus et embauche la personne plus jeune ; généralement un quadragénaire. Suffisamment d’expérience pour convaincre et quelques belles années pour rendre service à l’entreprise.

Après plusieurs échecs du même type et le même scénario, vient le moment de la remise en question, mais après réflexion, cela semble vain. Le problème, c’est bien l’âge. Beaucoup se tournent alors vers d’autres professions, sans aucun rapport avec la ou les précédentes, quitte à gagner (beaucoup) moins. Pour exemple, Serge qui était anciennement un cadre commercial gagnant un salaire brut de 5 000 euros par mois. Après avoir été licencié, il a cru que le chômage, c’était pour les autres. La déconvenue a été sévère. Après 4 ans de candidatures sans résultat, il a suivi une formation de chauffeur de bus pour travailler à temps partiel. Son salaire est descendu entre 700 et 900 euros.

Le chômage

Le chômage, ce sont aussi des dommages collatéraux dont on parle peu, car avec le manque d’argent, le train de vie qui change, la motivation qui s’amenuise, beaucoup de couples se séparent. Pour les femmes, c’est parfois pire et certaines avouent qu’à partir de 50 ans, les candidatures envoyées n’occasionnent pas de réponse ou un lapidaire « candidature non retenue ».

Pour biaiser, certains n’indiquent plus leur date de naissance sur les CV. Mais les employeurs ont tôt fait de réaliser les calculs et de trouver une estimation d’âge. Quant aux maladies qui, parfois, ont eu raison de leur précédent emploi ; généralement des TMS (Troubles Musculo-Squelettiques), ils les taisent et mentent, pour augmenter leurs chances. Souvent en vain, la plupart du temps.

En plus le sénior fait peur, car si l’on peut se féliciter de son expérience, celle-ci vaut cher, surtout dans certains secteurs d’activité. En plus de l’âge, cela peut fermer des portes. Sans compter que parfois, les supérieurs hiérarchiques sont plus jeunes et qu’ils craignent de ne pas être « obéis ».

Est-ce que la réforme des retraites leur fait peur ? Assurément oui. Car, en l’absence de travail, l’âge de la retraite, s’il était vraiment mis à 64 ans leur semble encore loin et ils n’ont pas assez pour vivre. Après l’assurance chômage, beaucoup s’attendent à demander le RSA ; avec les conséquences que cela entraine : des personnes interrogées savent qu’elles seront dans l’obligation de vendre leur maison. Pour elles, la réforme des retraites va « créer des pauvres, tout simplement ».