Il n’est sans doute pas nécessaire de présenter le Livret A. Produit d’épargne réglementé par l’Etat, c’est un des placements préférés des français depuis des décennies. Après avoir connu ses heures de gloire, il est presque tombé en désuétude ; tout au moins pour les personnes qui souhaitent bénéficier d’un rendement annuel intéressant. Après une chute libre à 0,5%, le Gouvernement s’est aperçu que les français avaient beaucoup épargné pendant la crise du Covid-19, ce qui a été l’occasion pour lui de le revaloriser. Après avoir atteint les 2%, il va être de nouveau valorisé à 3% en février. Que faut-il en penser ?

Livrets contre assurance-vie : qui sera le vainqueur ?

C’est un dilemme pour les français. En concurrence, deux produits d’épargne qu’ils affectionnent : les livrets (en effet, le Livret A ne va pas être le seul à bénéficier de cette revalorisation, il en sera de même pour le LEP ou encore le LDDS), versus les contrats d’assurance-vie. Même s’ils ne sont pas identiques, le contrat d’assurance-vie en fonds euros est aussi un produit rassurant.

Pourtant, selon les premiers chiffres avancés, les différents contrats d’assurance-vie proposés par les cabinets d’assurance ne vont pas dépasser les 2% dans le meilleur des cas, car on table sur un taux entre 1,8 et 2%. Le livret A, donc, avec ses 3% dans quelques jours fait s’interroger les épargnants. Que faut-il faire ? Continuer à alimenter ses livrets qui sont si sûrs et non fiscalisés ou les clôturer et faire la bascule vers un contrat d’assurance-vie qui a autant d’avantages que de défauts ?

Selon certains sondages, les français démontrent encore une fois un manque d’appétence total pour le risque (42% des sondés) et comme 88% des épargnants misent sur les livrets, ne va-t-on pas assister à un phénomène de désamour pour l’assurance-vie ?

Faut-il forcément choisir le Livret A ?

Cela n’est pas si simple, selon les experts. Bien sûr, les livrets ont beaucoup d’avantages : on peut les cumuler et surtout, quand on est un couple, ouvrir un Livret pour chaque conjoint. Quand on fait la somme des plafonds de dépôts auxquels sont soumis les différents livrets, il est quand même placer jusqu’à 42 650 euros avec un rendement à 3% ce qui permet d’obtenir 2 500 euros d’intérêts, sans craindre d’être taxé par le centre des impôts.

Pour autant, peu de personnes en France atteignent les plafonds sur ces produits et pour la moitié d’entre eux, il n’y a que 200 euros qui sont placés. Pas de quoi croire en la fortune à la fin de l’année 2023. En outre, les experts pensent que, face à l’inflation et à la remontée des taux de produits réglementés, les cabinets d’assurance ne vont pas se contenter des 2% promis et vont puiser dans les provisions (ils ont pour cela une caisse spécifique). Le seul problème, c’est que cela ne se fait pas du jour au lendemain et que pour profiter de cela, il faut attendre.

Ils sont également nombreux à avancer que la revalorisation du Livret A et des autres livrets réglementés ne va, pour autant, pas changer des habitudes bien ancrées et que les épargnants français ont un comportement de grande inertie, vis-à-vis de leur produit d’épargne.

Comment faire le meilleur choix ? La question reste identique, quel que soit le taux de rendement du produit : cela dépend de ce que l’on attend de son épargne. Si l’on veut épargner pour le futur (retraite, par exemple), les contrats d’assurance-vie sont plus intéressants. Si l’on veut une épargne de précaution, il vaut mieux se tourner vers les livrets et notamment le LEP qui va passer à 6,1%.

Il ne faut pas oublier non plus que si la situation est inédite, elle risque de ne pas durer car corrélée à l’épisode inflationniste que nous sommes en train de traverser. Dès que l’inflation baissera, les taux vont redescendre. Mais il sera toujours possible de basculer d’un produit à un autre, si les conditions s’y prêtent.