
Fraude au virement de salaire : comment ça marche ?
La fraude au virement de salaire repose sur une combinaison subtile d’usurpation d’identité et de manipulation psychologique. Les escrocs peuvent se faire passer pour un salarié auprès du service de paie ou inversement, prétendre être un responsable financier contactant un employé. Leur but : obtenir la modification des coordonnées bancaires liées au versement du salaire.
L’attaque débute généralement par un email frauduleux ou un message interne très convaincant. En imitant parfaitement les codes de l’entreprise, voire l’adresse professionnelle officielle, le fraudeur réclame la mise à jour de son RIB (numéro IBAN) sous prétexte d’un changement de banque. Une fois la modification validée, c’est la prochaine paie qui disparaît au profit du voleur, laissant le salarié victime d’un véritable détournement de salaire.
« Bonjour, je vous écris car je souhaiterais modifier mes coordonnées bancaires pour le versement de mon salaire. Je viens de changer de banque et souhaite que les futurs versements soient effectués sur mon nouveau compte, car l’ancien a été clôturé. »
Pourquoi ce type d’arnaque est-il en hausse ?
Les fraudes aux virements salariaux explosent ces dernières années. La raison principale ? La circulation massive de données personnelles sur internet, souvent récupérées via les réseaux sociaux professionnels. Le développement du télétravail a également fragilisé les communications internes, rendant les échanges plus vulnérables aux attaques.
De nombreuses entreprises n’ont pas encore mis en place des procédures strictes de vérification concernant la gestion des informations sensibles. À force de privilégier la rapidité, elles laissent parfois passer des failles dans lesquelles les fraudeurs s’engouffrent. Ainsi, chaque salarié ou membre du service RH devient une cible potentielle face au risque de vol de salaire difficilement récupérable.
“En juillet dernier, mon salaire a tardé à arriver…J’ai contacté mon employeur qui m’a indiqué que le virement de mon salaire était pourtant bien parti depuis 6 jours…” déclare Benoît, une des victimes.
Comment identifier une tentative de fraude ?
Détecter une tentative d’arnaque n’a rien d’évident, tant les fraudeurs excellent dans l’art de la persuasion. Certains indices doivent néanmoins vous alerter : une demande soudaine de modification de RIB, une adresse expéditrice inhabituelle, un ton pressant ou un manque de cohérence avec les échanges précédents signalent souvent une escroquerie en cours.
Il est essentiel d’examiner attentivement l’adresse e-mail de l’expéditeur et de traquer les anomalies dans la formulation du message. Parfois, la requête s’adresse à la mauvaise personne – un collaborateur ne gérant pas la paie, par exemple – ce qui peut éveiller les soupçons et stopper net la tentative de phishing ou d’hameçonnage.
Quels sont les premiers réflexes à adopter ?
Face au moindre doute, adoptez une vérification systématique : contactez directement la personne concernée, par téléphone ou via un canal officiel utilisé habituellement dans votre entreprise. Ne répondez jamais à l’e-mail suspect sans avoir procédé à cette confirmation, cela permet souvent de déjouer une fraude au virement avant qu’il ne soit trop tard.
Il est également recommandé de conserver l’historique des échanges et de mettre en place une double validation pour toute opération sensible comme le changement de RIB. Ces étapes ralentissent considérablement les escrocs, qui misent sur la rapidité d’exécution pour réussir leur manipulation.
Dès que vous constatez une fraude au virement, la rapidité de réaction est cruciale. Il faut déposer plainte sans attendre afin d’entamer les démarches officielles et maximiser les chances de récupérer le montant perdu. En France, la CNIL recommande aussi de signaler ce vol de données personnelles dans les 72 heures suivant la découverte de l’incident.
Informer précisément l’entreprise reste essentiel : détaillez les circonstances, le type de données touchées et fournissez les contacts utiles pour obtenir de l’aide. Un rapport complet limite les conséquences et évite d’autres escroqueries similaires à l’avenir.
Prévenir plutôt que guérir : comment se prémunir ?
Quelques gestes simples protègent efficacement contre ce genre d’arnaques. Réduisez au maximum l’exposition de vos données personnelles et professionnelles sur les plateformes publiques. Utilisez LinkedIn ou autres réseaux avec précaution, en évitant de publier des détails inutiles comme la fonction précise ou l’adresse professionnelle complète, pour limiter le risque d’usurpation d’identité.
Entreprises : renforcez vos contrôles
Renforcez les règles internes : imposez une procédure stricte telle qu’une confirmation téléphonique obligatoire pour tout changement bancaire, et communiquez régulièrement des alertes sur les méthodes utilisées par les fraudeurs à vos employés. Cela suffit souvent à décourager bon nombre de tentatives de détournement.