Les conditions d’octroi des banques couplées à un taux d’usure trop bas pour combler celui des taux d’intérêt sont une catastrophe pour les personnes qui souhaitent devenir propriétaires. Parce que l’avenir de leur métier est en jeu avec cet enchainement de mauvaises nouvelles, les courtiers en crédit immobilier sont allés protester pour que la réévaluation du taux d’usure soit plus adaptée. Ont-ils eu gain de cause ?

Taux d’usure : une réévaluation au mois d’octobre

Le taux d’usure est le taux maximum auquel les banques peuvent prêter de l’argent dans le cadre d’un crédit immobilier. Pour qu’elles dégagent une marge suffisante, il est indispensable qu’il existe un écart relativement important entre le taux d’usure et le taux d’intérêt. Or, en ce moment, ce n’est absolument pas le cas.

Entre autres choses, c’est la raison pour laquelle environ 60% des dossiers ne passent pas alors que beaucoup auraient été considérés comme très bons, en début d’année dernière. Un courtier en crédit immobilier a pour vocation, par le biais d’un montage financier et d’un comparatif, de confirmer la faisabilité d’une demande de prêt immobilier et de trouver l’offre la moins chère pour ses clients.

Il est habilité à faire la même chose pour l’assurance emprunteur qui peut représenter selon les personnes, plus de 30% du montant total qui sera à rembourser et qui est pris dans le calcul du taux d’endettement. Encore largement méconnu il y a quelques années, ce métier fait désormais partie des incontournables et le nombre de prêts qui se font grâce à eux explose.

Pour le courtier, trouver l’offre la plus intéressante pour ses clients est important, mais surtout, il a un intérêt à cela : il n’est payé que quand il y a un déblocage des fonds ; autrement dit, quand le prêt est accordé. Avec plus de la moitié des dossiers qui ne passent pas, le courtier est en train, lui aussi, de vivre une période difficile.

Actuellement, le taux d’usure est à 2,57%. Une situation impossible qui a expliqué la présence de nombreux courtiers devant la Banque de France. C’est cette entité financière qui prend en compte la moyenne des taux d’intérêts pratiqués par les établissements bancaires, pour réévaluer le taux d’usure. Le gouverneur de la Banque de France a bien entendu les doléances des courtiers et a décidé de revoir à la hausse le taux d’usure à partir d’octobre. Une bonne nouvelle en demi-teinte pour les courtiers. Voilà pourquoi.

Taux d’usure à 3% : pas suffisant pour les courtiers

Les futurs propriétaires devraient se réjouir : Le 1er octobre, le taux d’usure va passer de 2,57% à presque 3%. Pourtant, les courtiers qui étaient à l’origine de cette demande auprès de la Banque de France ne considèrent pas cela comme une victoire en soi. Bien entendu, le nombre de dossiers qui vont pouvoir passer va augmenter. C’est une évidence, mais le créneau de manœuvre est trop court. Car c’est sans prendre en compte le fait que les taux d’intérêt continuent à augmenter.

Pour les professionnels du métier, l’embellie sera de courte durée, peut-être trois semaines, tout au plus, avant que la situation ne redevienne ingérable. Comme les courtiers n’ont pas le choix, ils ont bloqué les dossiers susceptibles de passer en banque avec un taux d’usure qui avoisine les 3%, jusqu’au mois prochain et ce, dans l’intérêt de leurs clients.

D’autres professionnels se montrent plus tempérés sur le nombre de refus mais surtout estiment que ce qu’il faudrait changer avant tout, c’est la manière de procéder au calcul de ce taux d’usure, afin que la situation se débloque une bonne fois pour toutes. Pour celles et ceux qui ambitionnent d’acheter une maison ou un appartement, il faut faire vite. Avoir un bon apport (20% de la somme à emprunter, voire plus) serait un bon point de départ, pour espérer plaire aux banques.

Préparer leur dossier de demande de prêt avec tous les éléments et se ruer chez les courtiers en crédit immobilier est sans doute la seule façon, en ce moment, de tirer rapidement son épingle du jeu, surtout si la fenêtre de tir est aussi courte que ce qu’ils le laissent supposer.