Le paiement par chèque est de moins en moins accepté par les magasins physiques par crainte des impayés. Avec le Covid-19, le paiement sans contact pour les sommes jusqu’à 50 euros a été privilégié, afin d’éviter de toucher de l’argent liquide. C’est également avec sa carte que l’on paie le plus généralement parce que c’est plus pratique et rapide. Ce petit rectangle rigide a complétement révolutionné nos vies pour l’achat dans les boutiques physiques ou en ligne. Mais, ce faisant, il est bon de s’interroger sur ce que les banques peuvent savoir de nous, à chaque fois que nous les utilisons…

Quelles sont les traces laissées par nos cartes bancaires ?

Quand on effectue un achat, la carte bancaire enregistre ce que l’on appelle des données de paiement. La banque sait donc quelle somme a été dépensée, quand (date et heure), mais aussi l’identité du commerçant. Ce sont ces mêmes données que vous retrouvez sur votre compte courant pour suivre vos dépenses et vos entrées d’argent, dans le but d’équilibrer votre budget. Il est donc évident que s’il est marqué le nom d’un supermarché, par déduction, la banque peut imaginer que vous avez effectué vos courses, sans en avoir le détail. Ça, c’est ce qui se passe pour les achats dans les boutiques physiques.

Qu’en est-il en ligne ? Ce n’est pas exactement pareil car les données concernant l’achat sont partagées entre plusieurs acteurs, dont les banques, mais ces dernières ne souhaitent pas, sciemment, obtenir des données précises concernant la nature des achats, ne serait-ce par égard pour leurs clients. Elles savent que les clients s’attendent à un service uniquement bancaire et qu’ils pourraient ; à raison ; avoir une réaction négative en apprenant que les établissements bancaires traquent leurs achats en ligne comme le confirme un conseiller finance de la CNIL.

Une responsable du Pôle Commercial dans une banque de détail corrobore ses dires en affirmant que « la confiance dans les banques pour la gestion des données est un capital énorme ».

Par ailleurs, il faut comprendre que les commerçants eux-mêmes ne souhaitent pas que ces informations soient divulguées. En effet, par des effets de recoupement et des moyens statistiques, il serait facile pour les établissements bancaires d’avoir ainsi de précieux indices sur leurs performances ; ce qu’ils veulent garder confidentiel.

Seule exception à cela : quand une carte de fidélité ; qui fait également office de carte de paiement ; est mise en place. Dans ce cas, comme il y a un partenariat avec un établissement bancaire, cela n’est pas vraiment important. Mais ça l’est pour le consommateur, d’où l’obligation ; sous peine de devoir payer une amende salée ; de le prévenir qu’il peut y avoir partage de données personnelles.

La CNIL à ce sujet est intraitable et les enseignes qui ne jouent pas le jeu, peuvent écoper d’une réprimande financière de plusieurs millions d’euros comme cela a pu être le cas pour Carrefour et la carte Pass’ qui avait été mise en place en collaboration avec la filiale bancaire du magasin.

Les banques peuvent-elles utiliser les données de leurs clients ?

Elles le font déjà mais à des fins de services ; comme nous l’avons dit plus haut. Un historique bancaire avec les entrées et les sorties d’argent, avec un minimum de détails, permet de savoir pour un client, quels sont ses principaux postes de dépenses. Cela peut l’aider à mieux gérer son budget. En outre, une personne travaillant au sein d’une banque peut, à ce titre, lui prodiguer des conseils.

Ces données ont également un autre but, moins connu : lutter contre le blanchiment d’argent. Elles peuvent être utilisées à des fins marketings. Mais cela ne peut pas se faire sans l’accord spécifique du ou des clients concernés. A ce moment-là, en étudiant les données dont elles disposent, les banques sont plus à même de les contacter pour leur proposer de souscrire à des produits financiers qui pourraient les intéresser en fonction de leurs dépenses.

Parce que cela pourrait « enfermer » leurs clients dans un profil, elles n’ont pas le droit de les catégoriser ainsi.

Une personne qui, selon ce que peut en voir la banque, achèterait régulièrement des produits en pharmacie aurait tôt fait d’être taxée de personne malade et donc à risque, alors qu’elle achète une crème pour peaux atypiques ou un collier antipuce pour ses animaux. La banque ; la considérant potentiellement comme à risque ; pourrait ne pas lui proposer de crédit, ce qui serait dans ce cas, une erreur.

Il est bon de noter que selon la CNIL, en ce qui concerne les données, ce ne sont pas forcément les banques qu’il faut donc pointer du doigt, mais certaines grandes plateformes du numérique qui ont accès, elles aussi à de nombreuses données suite aux achats et ne sont pas tout à fait transparentes sur l’usage qu’il en est fait.

Comment lutter, quand on veut garder pour soi les raisons de dépenser son argent ? En 2022, pour la CNIL, au vu de la multiplication des achats avec carte bancaire, il faudrait utiliser de l’argent liquide, ne serait-ce que pour les petites dépenses. Un retour en arrière ?